Champagne, mode d’emploi (1/2)
Avant de s’embarquer pour un week-end en Champagne – compter entre 2h30 et 3 heures de route – il faut se mettre deux-trois choses en tête. L’information principale à savoir est celle-ci : les Belges n’ont pas forcément bonne réputation là-bas, ils suscitent la méfiance. Si l’on a bien compris, la faute en incombe à des groupes de plaisantins qui débarquent en force chez les vignerons – jusqu’à 20 personnes -, abusent des dégustations et repartent avec 3 bouteilles au grand maximum pour l’ensemble des participants. C’est bof. Du coup, le bon plan consiste à visiter les caves en groupe réduit – 8 personnes tout au plus – et à nécessairement prendre rendez-vous avant de débarquer. Deux caves par jour semblent une bonne cadence, du moins si l’on entend faire un repas digne de ce nom le midi.
La bonne adresse familiale : Jean-Antoine AristonSituée à Brouillet, dans la vallée de l’Ardre (une sous-région de la Montagne de Reims), les Ariston font du champagne depuis 4 générations. L’approche est familiale et artisanale. Ils disposent de 7,5 hectares répartis équitablement entre les 3 cépages traditionnels de la Champagne (pinot noir, pinot meunier et chardonnay).
On aime l’accueil d’une très grande générosité ainsi que la relève assurée par le biais de Charles-Antoine, le fils de la maison qui a fait ses classes à Beaune. Parmi la gamme qui compte 7 références, on retient tout particulièrement le Brut Carte d’Or (17,50 euros au départ de la propriété) qui est composé d’un assemblage pinot noir (40%) et de chardonnay (60%). Ce dernier cépage joue parfaitement son rôle en apportant une belle fraîcheur à l’ensemble. A marier avec une poularde aux morilles.
Champagne Artiston 4, rue Haute, à 51170 Brouillet. Tél. : +33 3 26 97 47 02. www.champagne-ariston.fr
Le bon plan expert : Au Bon MangerQuand on veut dénicher le meilleur, il faut absolument nouer un contact sur place. Celui-là est aussi merveilleux qu’improbable. Parisiens ayant changé de vie, Aline et Eric Serva ont tout plaqué pour ouvrir une petite épicerie qui condense leur amour du bien manger. » Sourceurs » hors pair, ils traquent les meilleurs cornichons – Maison Marc, une tuerie – mais aussi les meilleurs fromages, charcuteries, pâtes, champignons séchés – Supersec ! -, olives… Ce n’est pas tout, ce duo au palais affuté n’a pas son pareil en matière de vins décalés – Occhipinti, Derain, Elodie Balme… – mais également de champagnes de jardiniers. Le pitch ? On s’installe à une table de formica et on laisse carte blanche à ce couple d’une exigence rare qui envoie des planches de charcuteries et de fromages à nulle autre pareille.
Quelques plats complètent l’offre : confit de porc, andouillette pomme de terre, feuilleté de jambon… En dessert ? Sans hésiter, on commande un crémet nantais de chez Pascal Beillevaire. La cerise sur le gâteau ? Si tout s’est bien passé, on demande à Aline ses bons plans de vignerons, elle connaît la région comme personne et déniche même des rendez-vous. Outre l’excellent Emmanuel Brochet et son Mont Benoît qu’elle défend bec et ongles, elle est intarissable sur les chardonnays de Montgueux – une région considérée autrefois comme le Montrachet la Champagne – d’un Jacques Lassaigne ou sur la Fleur de craie de la maison Barrat-Masson. L’adresse obligée d’une visite en Champagne !
Au bon manger7, rue Courmeaux, à 51100 Reims. Tél. : +33 3 26 03 45 29. www.aubonmanger.fr Ouvert du mardi au samedi, de 10h à 20h (le vendredi et samedi soir, horaires élastiques).
L’adresse prestige : Larmandier-BernierSi Larmandier-Bernier n’a plus rien à prouver – les champagnes de cette maison sont réputés aux quatre coins du monde (75% d’export dans 45 pays différents) -, on est surpris de constater que c’est Pierre Larmandier himself qui se charge de la visite. Pas du genre à taper sur l’épaule, l’homme répond pourtant aux questions, même les moins pertinentes. Ce domaine familial possède 16 hectares sur la Côte des Blancs entre Cramant (Grand Cru) et Vertus (Premier Cru) où le domaine est installé. Joliment mis en scène, le parcours-découverte de la maison est émaillé d’oeuvres d’art. L’approche ? Une biodynamie qui n’est pas de stricte obédience puisque les traitements au cuivre, l’apanage de l’agriculture biologique, sont utilisés quand il le faut. Le credo ? » Proposer la meilleure expression possible des raisins dans les vins « , explique Pierre Larmandier. Un coup d’oeil en cave permet de se rendre compte qu’on se trouve ici chez des chercheurs, des cuves ovoïdes en béton prouvant que des expériences sont en cours.
Les dégustations se font ici dans des verres Zalto soufflés à la bouche, autant dire la Rolls du genre. C’est le » Terre de Vertus « , un Premier Cru non dosé et millésimé 2009 (35 euros au départ de la propriété) qui apporte la plus belle émotion. Il s’agit d’un blanc de blanc, 100% chardonnay donc, très minéral faisant valoir une note saline en fin de bouche. Le tout pour une expression qui rend justice à deux lieux-dits – Les Barillers et les Faucherets – situés en milieu de coteau à Vertus et exposés sud-est. Le tout sur une seule année. Parfait, de notre point de vue, avec des huîtres. Il s’agit d’un champagne que l’on peut garder en cave au moins trois ans.
Larmandier – Bernier19, avenue du Général de Gaulle, à 51130 Vertus. Tél. : + 33 3 26 52 13 24. www.larmandier.fr
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