Comment le vin orange et le rosé sont devenus les stars de nos étés

vin rosé été
Comment expliquer le retour en force du vin rosé et du vin orange ? © Getty Image

L’un se défait lentement des préjugés qui lui collaient à la peau tandis que l’autre revient sur le devant de la scène. Mais une chose est sûre : du vin orange au rosé, dans nos verres, ça change de couleur cet été.

Cela faisait de longues années que tout portait à croire qu’il n’existait que deux types de vin : le blanc et le rouge. Et si le rosé était autorisé à s’immiscer dans le duo, ce n’était toujours que passager, le temps d’un été. Bien souvent relégué au statut de vin facile, sans grand caractère, il semblerait néanmoins que cet « ersatz de vin » a fait peau neuve. Et (s’)attire désormais les faveurs des amateurs de pinard qui voient la vie en rosé toute saison confondue.

Dans la même veine, le vin orange, pourtant considéré comme exotique et encore très méconnu du grand public il n’y a pas si longtemps de ça, surfe sur la vague et s’impose toujours plus dans les verres. Mais comment expliquer ce changement ? On a posé la question à deux expertes ès flacons. 

Une étiquette lourde à porter pour le vin orange et rosé

« C’est vrai, qu’historiquement, le rosé apparait au moment des congés payés et des vacances », nous glisse Laurence Jacques, sommelière et fidèle défenseuse de ce breuvage malmené. « On l’a donc assez vite associé au vin de l’été, que l’on veut désaltérant, frais et facile à boire. »

Une étiquette qui perdure et dont le cru semble avoir eu du mal à se défaire pendant de longues années. « Mais aujourd’hui, je ne veux plus entendre qu’il n’existe pas de bons vins rosés ou que ce sont des vins sans caractère » s’amuse notre experte, qui souligne que « comme pour tous les vins, le rosé -si bien travaillé- peut vraiment offrir de belles saveurs et des bouteilles très intéressantes ». À condition de lui témoigner un peu de respect: pas question pour la sommelière d’entendre parler du fameux rosé pamplemousse.

Et force est de constater que dernièrement, le « bâtard » du vin semble s’être quelque peu libéré des préjugés. Son image se redore, sa couleur s’éclaircit et petit à petit, les mentalités changent aussi. « On assiste, ces derniers temps, à un changement de perception autour du rosé. Mais aussi au niveau de sa qualité » souligne Laurence Jacques. 

Un changement de mentalité (et de processus)

C’est qu’avec le temps, les procédés de vinification des vins se sont perfectionnés, et de facto, la qualité des vins s’en est retrouvée améliorée. « Au niveau de la vinification, on travaille beaucoup plus à froid, par exemple, grâce à une meilleure maitrise de la thermorégulation » note notre sommelière. « On rajoute beaucoup moins de sulfites aussi. Donc forcément, comme on perfectionne la manière de faire du rosé, le vin produit est bien meilleur. »

Mais pour notre experte, cela ne s’arrête pas simplement à cela. « Les palais des gens ont changé aussi. De même que leurs envies », remarque-t-elle. « On recherche des vins plus élégants, plus fins. Et puis avec l’avènement de nouvelles cuisines plus fraiches et exotiques, comme les sushis, le rosé permet des pairings très intéressants et gagne aussi en popularité. »

Une success story à la Provençale

Mais dans cette remontada rosée, un acteur de taille fait figure de proue. « Depuis des années, les Côtes de Provence se battent pour faire changer les mentalités autour du vin rosé », souligne Laurence Jacques. Qui salue la manière dont ils ont « vraiment changé la donne en redonnant ses lettres de noblesse au rosé ».

La robe du « bâtard » du vin s’est éclaircie, quittant de plus en plus les tons ambrés pour se réfugier vers les teintes nacrées. C’est d’ailleurs tout un nouveau vocable qui s’est déployé autour de ces nouvelles nuances, qui sont tantôt pêche, litchi ou pomelo. « Si la couleur n’indique pas la qualité intrinsèque du vin, elle informe sur sa légèreté », nous explique l’amatrice de rosé. Plus la robe est claire, plus le vin sera léger et frais et plus elle tire vers le doré, plus le vin contient des tanins et sera robuste. 

Avec 157 millions de bouteilles AOC produites en 2022, la Provence reste la première région productrice de vin rosé de France. Et forte de son savoir-faire, des rosés de haute qualité, dit gastronomiques, y sont même élaborés. Plus fins, et plus complexes ils amènent une diversité rafraichissante. « On se retrouve aujourd’hui avec une vraie variété en matière de rosé » se réjouit notre sommelière. « Tant dans des bouteilles à consommer immédiatement – sans les noyer dans des glaçons – que dans des bouteilles à garder. » 

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En accord avec son temps

Dans un même temps, une autre couleur de vin revient sur le devant de la scène et fait des émules : le vin orange. « C’est clair que ces dernières années, on remarque vraiment une demande plus accrue pour ce type de vins » note Typhaine Mérel, à la tête du bar à vin bruxellois, Tarzan. 

Le vin orange, en réalité un vin blanc travaillé comme un vin rouge, à la macération plus longue et où peaux, pépins et parfois même les rafles sont utilisés, lui conférant ainsi une couleur ambrée, fait sensation. Porté par des grandes maisons comme Gérard Bertrand et sa cuvée exclusive Orange Gold aux notes aromatiques fraiches de fleurs blanches et à la structure complexe, ce vin hybride a le vent en poupe.

« C’est drôle de voir ce retour en force du vin orange, alors que c’est un vin millénaire qui trouve ses racines du côté de la Géorgie », s’amuse Typhaine. « Mais ce n’est pas surprenant. Le vin orange offre un joli équilibre entre la fraicheur du blanc et la structure et la puissance du rouge ». 

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Mais pour notre spécialiste, cette montée en puissance du vin orange témoigne aussi « d’une envie des gens de revenir vers des vins plus simples, avec moins de chimie et de fioritures ».

Et dans cette déferlante de vin vivant, le vin orange trouve parfaitement sa place. « Notamment face aux enjeux climatiques et écologiques, c’est vraiment une méthode de production qui est plus en accord avec son temps » souligne la spécialiste du vin. 

Une complexité intéressante

De la même façon que le rosé a tiré son épingle du jeu au niveau de son association avec la gastronomie, le vin orange se présente, là aussi, comme un flacon de choix. « Du fait de sa structure complexe et de l’équilibre qu’il offre, c’est clair que le vin orange offre des possibilités de pairings vraiment intéressantes » note Typhaine. « Beaucoup de restaurateurs ont commencé à l’utiliser et ça a contribué à dynamiser l’intérêt du consommateur ».

Et si la production du vin orange reste encore relativement confidentielle en France (second producteur viticole au monde avec 49,1 millions d’hectolitres produits chaque année, toutes variétés confondues) sa présence dans les restaurants gastronomiques et dans les bars à vin n’a fait que croitre ces dernières années. 

« En 10 ans, j’ai clairement vu un gros changement », témoigne la gérante du bar à vins natures Tarzan. « Quand j’ai commencé chez Tarzan il y a 6 ans, on avait de temps en temps du vin orange en petite dégustation. Mais la demande était vraiment là, donc petit à petit on a ajouté des références orangées à la carte. Aujourd’hui, on en propose toute l’année, au verre ou à la bouteille, et ça cartonne », observe-t-elle. 

Un petit verre ?

Envie de tordre le coup aux préjugés qui accablent le rosé ? Ou de vous initier aux plaisirs du vin orange ? Nos expertes nous ont confié leurs quilles préférées pour trinquer yeux fermés tout l’été… Et plus si affinités.

Les recommandations rosées de Laurence :

  • Château Sainte Marguerite, AOC Côtes de Provence, avec son cru classé de grande qualité, la cuvée Symphonie. A partir de 19,90 euros la bouteille. 
  • On s’en Fish, Domaine de Gardiés IGP Cotes catalanes, à partir de 16,40 euros la bouteille.
  • Clos Saint Vincent – AOC Bellet, il s’agit d’une des plus petites appellations de France. Bellet est situé sur les hauteurs de Nice et bénéficie donc à la fois de la fraîcheur des Alpes (Mercantour) et des embruns marins. Le vignoble est face à la méditerranée. Un vrai petit bijou ! À partir de 25,40 euros la bouteille. 

Les recommandations orangées de Typhaine : 

  • Le Domaine Radikon, ils produisent clairement des vins à laisser vieillir, d’une grande finesse. Comptez environ 41 euros pour une bouteille.
  • Domaine Jean Pierre Frick, c’est l’un des pionniers de la biodynamie en Alsace. Leurs bouteilles offrent une grande finesse sur ces macérations notamment sur son Gewurztraminer. 
  • Domaine Gauby en Roussillon avec la cuvée la Jasse. C’est une macération de Muscat Alexandrie et Petits grains. C’est un très grand vin de gastronomie. À partir de 20 euros la bouteille. 

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