Dans un verre de Rodelsberg 2006 de chez Marc Tempé

Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

On ne le répètera jamais assez, le goût et le plaisir qui en découle s’accommodent mal de la compétition, de la vitesse et du spectacle. A rebours des pratiques actuelles, cette nouvelle rubrique a pour ambition d’arrêter le temps en se penchant sur un moment d’émotion au fil d’une rencontre inopinée avec un plat, une bouteille, un produit.

Les vins de Marc Tempé sont disponibles en Belgique chez Vinum Authentis, 64, rue W. Van Perck, à 1140 Bruxelles. Tel: 02 745 45 45.

Un dimanche vers 19 heures. Ce moment magique où plus rien ne semble à l’horizon de l’esprit. Le week-end s’achève et le début de la semaine ne viendra peut-être jamais. Cet instant suspendu est une belle opportunité pour les papilles, détendues comme jamais.

Descendre à la cave s’impose. L’esprit fait confiance à la main qui choisit, nul ne saura jamais pourquoi, l’une des deux dernières bouteilles restantes d’une visite chez Marc Tempé il y a un peu plus d’un an – un personnage étonnant qui a été pendant plus de 20 ans contrôleur en chef pour l’institut français des appellations d’origine (INAO) pour la partie Est de la France.

Il s’agit d’un vin d’Alsace en AOC « lieux dits », soit un Rodelsberg 2006 qui est constitué d’un assemblage gewurztraminer (70%) et pinot gris sur le grand cru Mambourg (30%). Le tout pour des vignes travaillées en biodynamie – qu’on vienne encore nous dire que les vins « nature » sont approximatifs après avoir dégusté ceci…

Pour exprimer ce nectar, on se souvient d’un nez de folie lorsqu’on l’avait dégusté chez le vigneron, on sort l’artillerie lourde : un verre Zalto, soufflé à la bouche et garanti sans plomb. On verse. La première émotion est visuelle : le liquide fait valoir une couleur jaune or d’une rare intensité – nombreux sont les vins blancs à faire pâle figure à côté de cette robe éclatante.

Le premier nez est prometteur, des notes d’orange se dégagent. On y retourne en agitant un peu le verre, là c’est carrément Byzance : en vrac, des notes fumées, mais également de coing et d’épices. Le nez de ce blanc est un voyage à lui seul. On déguste avec l’envie de poser un genou à terre, malgré le sucre résiduel, la bouche est d’une grande fraîcheur qui se double d’une persistance en bouche étonnante. Cet alliage de complexité, de finesse, de longueur et de fraîcheur est à n’en pas douter la marque d’un grand vin.

Et dire que l’on avait acheté ce flacon pour seulement 18,90 euros… ce n’est même pas la peine de nous proposer deux grands crus bordelais en échange. En guise d’accord, on opte pour un morceau de terrine volaille et échalote – de chez Slabbinck – parfait à nos yeux, sans que l’on soit expert en la matière.

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