Des plantations viticoles diverses sur le même terrain: zoom sur la complantation (+ notre sélection de produits)

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Notre expert ès flacons sirote les tendances et noie les idées reçues. Cette semaine, zoom sur la complantation… Pas de panique, on vous explique.

Texte Dennis van den Buijs

Les vignobles modernes excellent dans la fadeur organisée. Des rangées droites et nettes, séparées les unes des autres par les cépages. Or, autrefois, des raisins de couleurs et de plumages différents s’entrecroisaient. Pendant des siècles, le mélange hétéroclite sur une même parcelle était la norme. Tous les fruits étaient récoltés en même temps. L’année record d’un raisin compensait la croissance décevante d’un autre. Et dans la bouteille, le mix faisait des étincelles. L’objectif était de répartir les risques à une époque où les pesticides n’existaient pas. Grâce à la diversité des plantations, les maladies et les parasites avaient moins de chances de détruire une récolte entière.

Vignobles mélangés

Dans l’Europe de l’après-guerre, la plupart des vignobles mixtes ont disparu. L’amélioration des connaissances et les nombreuses subventions ont donné naissance à une agriculture de masse basée sur les machines. Dans les environs de Vienne, cependant, la tradition de ces vignobles « mélangés mais à cueillette unique » a perduré : le Gemischter Satz, par exemple, est un vin blanc issu de trois à vingt cépages différents cultivés ensemble, qui a reçu sa propre appellation.

De son côté, le Douro, au Portugal, fait souffler un vent nouveau sur le concept des assemblages de champs. Traditionnellement, les vins de porto fortifiés sont élaborés à partir de raisins cultivés ensemble dans une quinta. Avec le déclin de la popularité du porto, les viticulteurs utilisent de plus en plus leur mélange de raisins locaux pour produire un vin blanc ou rouge « tranquille ».

Ailleurs en Europe, la tendance reste rare, mais elle existe. Ici ou là, en cherchant bien, on redécouvre d’anciens vignobles d’assemblage, et il n’est pas rare qu’un pot-pourri de cépages obscurs garantisse un beau vin naturel… ou une séduisante histoire de marketing. A propos, saviez-vous que le premier vin français était un assemblage de terrains ? Six siècles avant Jésus-Christ, des marins grecs s’installent à l’emplacement actuel de Marseille. Comme il faut bien boire, les colons plantent indifféremment du raisin bleu et du raisin blanc. Sous les pieds meurtris des Grecs, un jus rose apparaît. Ainsi naît le premier vin d’été de France…

Vins complantés: notre sélection de flacons goûtés et approuvés

Gemischter Satz, Julius Klein, Weinviertel, Autriche, 13,84 euros, dulst.be

Grüner veltliner et sauvignon blanc donnent des notes d’agrumes, d’herbes vertes et de pêche. Un vin minéral et 
assez structuré que pour accompagner les légumes épicés.

Bela, Burja Estate, Vipava, Slovénie, 19,17 euros, sloveensewijnen.be

Vin bio naturel non filtré d’un jaune paille profond, issu des cépages riesling, 
rebula et malvoisie de Laški. Pommes un brin oxydées, fleurs des champs et sauge. Parfait avec le curry thaï.

Numéro Dois Tinto, Invincible, Douro, Portugal. 
17,95 euros, wijnen-dekok.com

Merveilleux vin issu d’un vignoble de porto sur schiste Cassis, réglisse et chocolat noir, avec une belle acidité et des tanins souples. Idéal avec une viande rouge grillée.

Suzette, Domaine du Petit Oratoir, Rhône, France, 17,40 euros, desolari.be

Façonné sur une plantation de grenache et de syrah de plus de 100 ans, ce vin naturel concentré et épicé mêle thym, sauge, menthe et jeunes cerises.

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