Zoom sur le chinotto (+ notre sélection de produits)

chinotto
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Notre expert ès flacons sirote les tendances et noie les idées reçues. Cette semaine, focus sur le chinotto, ce soda italien amer.

Le goût pour l’amertume ne doit pas être pris à la légère. En réalité, cette propension doit se comprendre comme le signe de notre évolution. Pourquoi l’amer est-il un symbole civilisationnel ? Pour la simple et bonne raison qu’il marque notre dépassement d’appréhensions remontant à la nuit des temps.

Dans la nature, l’amer envoie le signal d’un danger à l’homme – au contraire du sucré qui se profile comme un blanc-seing gustatif. A l’heure actuelle, les études marketing nous disent que « l’amer serait le nouveau sucré ». On se réjouit donc du retour du vermouth, apéritif à base de vin aromatisé, ou d’un cocktail comme le negroni. En ce qui concerne le soda, le signe de la montée en puissance de l’amertume est à chercher du côté du chinotto, cette boisson italienne de plus en plus populaire (même en Belgique).

D’anciens médicaments devenus gourmands

De quoi s’agit-il ? D’une limonade s’appuyant sur un agrume cultivé dans le nord de l’Italie (Ligurie) et sur la côte d’Azur. Son nom ? Le « chinet » (« chinotto » dans la langue de Dante), un fruit issu d’une sorte de mandarinier dont l’intitulé scientifique est Citrus myrtifolia. Il s’agit en réalité d’une variété de bigaradier, cette orange amère entrant dans la fabrication du triple sec (Cointreau, Grand Marnier…), qui fut importé de Chine au XVIe siècle.

Trop amers pour être consommés frais, les chinets sont immergés dans la saumure – autrefois, on utilisait de l’eau de mer – pour environ trois semaines. Nettoyés ensuite dans le but d’enlever la fine couche d’écorce contenant les huiles essentielles, ils sont remis dans la saumure avant d’être infusés. Du point de vue du goût et de l’aspect (une même couleur sombre, quoique tirant davantage du côté du caramel pour le breuvage italien), le chinotto s’apparente au cola et partage avec lui une même origine : ces deux boissons sont dérivées d’élixirs médicinaux devenus des breuvages récréatifs avec le temps.

Goûtés et (dés)approuvés

Lurisia

Sur papier, cette boisson séduit en raison d’un chinotto garanti par le Présidium Slow Food de Savone. A l’arrivée, on s’étonne d’un jus trop sucré, sirupeux dira-t-on, assez peu amer et faiblement pétillant.   

10 euros (4 x 2,75 cl), shop.delloro.be  

Stappi

Ici, le pétillant et l’amertume sont généreux et puissants. Les premières gorgées plaisent mais l’on sature rapidement en raison de notes de caramel, voire de vanille, qui alourdissent les papilles. 

3,50 euros (4 x 20 cl), italiaautentica.be 

San Pellegrino

L’amertume, ici, est vraiment très marquée. On aime le sucre pas trop présent ainsi que des bulles joliment contenues. S’il ne devait en rester qu’un seul, ce serait celui-ci.

3,60 euros (4 x 20 cl), arcobalenogenk.be

Spuma Alpina

La sucrosité est marquée mais heureusement elle n’emporte pas tout. Le résultat global plutôt fade ne marque pas les esprits, malgré, ici aussi, des agrumes glanés auprès du Présidium Slow Food de Savone.

  

3,55 euros (0,75 cl), bontedivino.com

Prix mentionnés à titre indicatif.

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