Les saisons, des bières d’enfer: notre sélection

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Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Notre expert ès flacons sirote les tendances et noie les idées reçues. Cette semaine, gros plan sur les saisons, bières d’inspiration rurale dont le profil gustatif enthousiasme.

Merci oncle Sam!

Si l’on en croit Yvan De Baets, brasseur exemplaire, c’est grâce aux Etats-Unis que la «saison» n’a pas sombré dans les oubliettes du goût. A l’instar de l’Orval – dont on ne verrait sans doute plus la couleur si les consommateurs étasuniens ne l’avaient pas à ce point plébiscité –, les bières saison ont été frappées de plein fouet par un vaste mouvement d’industrialisation du monde brassicole dans les années 60.

Un rouleau compresseur qui s’est montré sans pitié pour ces breuvages d’une certaine rusticité – disons «pas trop transformés», voire «troubles». Aujourd’hui, certaines des meilleures saisons sont fabriquées par des brasseries américaines: Oxbow Brewing Company, Keeping Together, Jester King…

Aux origines

Ces bières, artisanales dans leur ADN, étaient historiquement liées aux collectivités pour lesquelles elles étaient produites – dont les fermes qui les réservaient aux ouvriers agricoles… saisonniers. Brassés en hiver pour être bus en été, ces jus désaltérants et toniques étaient des bières de garde.

Pour le comprendre, l’adage «En hiver brasse qui veut, en été brasse qui peut» rappelle la difficulté de faire de la bière quand les températures sont élevées et qu’on ne dispose pas d’une technologie ad hoc. Largement répandues, les saisons sont à l’origine un feu d’artifices organoleptique plein de nuances (acidité, amertume…) que l’époque moderne a, hélas, radicalement raboté. Une version simplifiée s’est désormais imposée, qui tient ses lignes aromatiques de la très iconique Saison Dupont (version années 60).

Les raisons du succès actuel

Pourquoi la saison remporte-t-elle un tel succès aujourd’hui? Son profil peu alcoolisé – elle ne doit idéalement pas dépasser 6,5% de volume d’alcool – et rafraîchissant séduit, à l’heure d’une conscience accrue des effets néfastes de l’alcool, un public désireux de ne pas être anesthésié. Les saisons sont d’autant plus attirantes que le faible pourcentage éthylique va de pair avec une générosité gustative à mille lieues des pils insipides.

Bières goûtées et approuvées: notre sélection de saisons

Hugues

«Merci de garder Hugues au frais», ironise cette canette signée par la micro-brasserie namuroise Babeleir. Le tout pour une hoppy à 5,1% de volume d’alcool, peu effervescente et marquée par des notes d’agrumes. 3,80 euros. babeleir.com

Straight Saison

C’est à Bruxelles que la brasserie de la Mule produit cette saison amère à 6%. On aime les notes d’épices et de céréales, en particulier l’épeautre qui confère une saveur de noisette. 3 euros. brasseriedelamule.wixsite.com

Morpheus Brett Saison

La brasserie Alvinne fait maturer cette saison ambrée faisant escale en barrique de vermouth. En bouche et au nez, une explosion marquée par la levure Brett et ses arômes d’écurie. 4,20 euros. alvinne.com


Saison Provision

L’Anglaise Burning Sky Brewery pousse le genre dans ses retranchements en revendiquant 6,7%. Bouche pleine, marquée par un peu de sucre et une note d’acidité rappelant la gueuze.

18 euros (75 cl). burningskybeer.com

Prix mentionnés à titre indicatif.

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