Zoom sur les poirés, ces alternatives méconnues plus subtiles aux cidres

poiré (vins et co)
Moins connus que son cousin, le cidre, le poiré bénéficie lui aussi de l'engouement pour les pet'nat' et autres joyeusetés natures. La preuve par 4 © Getty Image
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Notre expert ès flacons sirote les tendances et noie les idées reçues. Cette semaine, focus sur les poirés made in France.

Après être longtemps resté dans l’ombre du cidre, le poiré acquiert enfin la visibilité et la respectabilité qu’il mérite. Que doivent ces lettres de noblesse à l’engouement pour les vins nature et les pèt’nat? Beaucoup, cela ne fait aucun doute. Avec leur propension à privilégier des vins sur le fruit, les «naturistes» ont préparé l’avènement du cidre… et du poiré dans un second temps. Mais ce n’est pas seulement le fruité qui a aimanté la tribu des amateurs de vins sans intrants, il faut également compter avec des teneurs en alcool assez légères, véritables odes à la buvabilité.

Il reste que le mouvement pour la reconnaissance du poiré est amorcé, loin des yeux du grand public, depuis un moment. 2002 constitue un temps fort de cette montée en puissance avec la création d’une AOC «poiré», la seule et unique de l’Hexagone, celle du Domfront dans le sud-ouest de la Normandie. Le cahier des charges de celle-ci n’a pas cédé à la facilité, ce qui a crédibilisé un peu plus le produit.

Plus délicat que le cidre (mais moins stable)

Cette exigence, on la retrouve à travers des prérequis comme ceux-ci: 40% des poires utilisées doivent provenir de la variété locale Plant de Blanc; promotion des vergers de poiriers haute tige; les poiriers utilisés doivent être âgés de plus de 15 ans; injonction à ce que le jus extrait des poires soit fermenté naturellement, sans ajout de sucre; refus de la pasteurisation et du filtrage excessif pour préserver les arômes naturels.

On notera également que le poiré résulte d’un processus de fabrication plus délicat que le cidre. Du fait d’une teneur plus élevée en fructose que celle de la pomme, la fermentation du jus de poire s’avère plus lente et parfois plus difficile à contrôler.Il peut aussi y avoir un risque d’oxydation plus élevé. Mais au bout de l’aventure, les qualités organoleptiques du produit sont plus subtiles, c’est un avis personnel. Seul obstacle? Un profil gustatif un poil plus rustique qui rend difficile l’absorption d’une bouteille à deux – là où les 75 cl d’un pétillant naturel glissent tout seul.

Goûtés et (dés)approuvés

1.Poiré, Cidrerie du Leguer, 12 euros, cidrebio.com 
Cette ferme à taille humaine abrite un verger entretenu sans traitements. Cidres et poirés biologiques y sont produits sans sulfites, pour une quille marquée par des notes de fleurs blanches. 

2.Poiré Domfront, Jérôme Forget, 14 euros, fermedelyonniere.com 
Perle AOC, ce poiré gastronomique est obtenu à partir de la Plant de Blanc mais aussi de poires Gaubert et Pomera. Acidulé, sec et fruité, il fait des merveilles avec le fromage.


3.Poiré, Domaine du Fortmanel, 20 euros, nestor-vin.be 
Le poiré le plus complexe de la sélection, avec un profil vineux dû aux variétés utilisées (Souris et des poires Plant de Blanc). Une bouche ample et la promesse d’un séjour prolongé en cave. 


4.Poire Pétillante, Jérôme Forget, 11 euros, fermedelyonniere.com
Pas envie d’alcool? Jérôme Forget offre ici toutes les sensations d’un pétillant naturel doté d’une acidité pas trop prononcée, sans l’once d’alcool d’un kéfir ou d’un kombucha.  

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