Rencontre avec Florent Ladeyn, finaliste de Top Chef authentique

Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Finaliste de l’émission Top Chef 4, Florent Ladeyn prouve que l’on peut être surexposé médiatiquement sans rien perdre de son âme. Portrait d’un cuisinier de campagne, à la vie comme à l’écran.

 » Est-ce qu’il est aussi sympa qu’à la télé ?  » Il suffit de placer le nom de Florent Ladeyn dans une conversation pour qu’aussitôt fuse cette question. Comme si ce sourire franc doublé d’un oeil bienveillant, taillés pour le 16/9 à l’heure de la digestion, étaient presque trop beaux pour être vrais. Ce scepticisme s’explique tant on a appris à se méfier de la télévision, machine cathodique pas toujours très catholique, préférant le spectacle de la gentillesse à la gentillesse elle-même.

Florent Ladeyn, une sorte de comédien briefé pour incarner le rôle du bon gars face à sa méchante rivale Naoëlle ? Pas vraiment. Même si le scénario est cousu de fil blanc pour le petit écran, force est de constater que le chef de l’Auberge du Vert Mont, à Boeschepe, pas loin de Lille, est tel qu’en lui-même dans ce profil de  » paysan flamand  » altruiste qui n’aime rien tant que boire des bières entre amis au coeur de ce Nord qui a le houblon pour cépage. N’en déplaise aux cyniques, la sollicitude existe encore en ce bas monde. Naoëlle doit s’en souvenir, elle qui, paniquée avant chaque émission, trouvait le réconfort dans les fleurs de Bach que lui proposait Florent.  » Je suis très huiles essentielles et compagnie », s’excuse-t-il.

Dans la constitution du dossier à décharge, il y a aussi les hasards de la vie qui nous ont permis de rencontrer ce cuisinier de 29 ans avant sa participation au show culinaire. Verdict ? Un type simple, content qu’on fasse le chemin jusqu’à lui au moment où, en 2011, Gault Millau le sacrait  » Jeune Talent  » avec pas mal de flair. Deux ans plus tard, le gars Ladeyn accueille avec la même spontanéité.

Au photographe qui lui donne du vous, il riposte :  » on va commencer par se tutoyer, je fais de la bouffe, c’est tout !  » Puis, dans la foulée, de commenter un à un les bocaux qu’il a fait pour passer l’hiver, fidèle en cela à la cuisine ménagère, celle de sa grand-mère, qu’il revendique depuis toujours. Gin macérant avec des prunelles, livèche, poireaux, radis noirs en lacto-fermentation dans de l’eau salée issue de son propre puits… tout le manifeste gastronomique local et décontracté du chef est là, lui qui n’a de cesse de vanter le terroir  » d’une richesse incroyable  » qu’il arpente à longueur de journée. C’est bien l’air de sa région des monts de Flandre qui gonfle ses poumons, rosit ses joues et ébouriffe ses cheveux en bataille.

N’empêche, à l’heure du soupçon généralisé, on est en droit de s’interroger sur les motivations qui l’ont poussé à participer à la télé-réalité de M6. Besoin de se faire enfler l’ego malgré tout ? A la question Ladeyn ne cille même pas,  » à la base, ce sont eux qui sont venus me trouver… Quand on a un restaurant à Boeschepe, on doit communiquer, il faut faire venir les gens, commente celui qui a contribué à placer cette commune de quelque 2.200 habitants sur la carte. C’est ça ou disparaître.  » Il s’est acquitté au-delà de ses espérances de sa mission de loyauté envers le coin de terre qui l’a vu naître.  » Je dois dire que l’image qui est la mienne et qui rejaillit sur la région du Vert Mont vaut bien plus que les 100.000 euros que j’aurais pu gagner. »

Plus de sept mois après diffusion, le succès de Florent Ladeyn n’a pas diminué d’un iota, même s’il avoue être débordé –  » le téléphone qui sonne sans arrêt de 8 à 1 heures du matin, plusieurs centaines de mails par jour, 80 appels en absence sur mon portable au quotidien, des réservations bouclées pour six mois… je ne m’y attendais pas.  »

Malgré cela, le chef n’entend pas laisser retomber le soufflé. Il vient d’inaugurer avec Kevin Rolland, un ami d’enfance, une nouvelle adresse dans le Vieux-Lille, le Bloempot. Pris d’assaut depuis son ouverture, l’endroit, qui se loge dans une ancienne menuiserie, mise sur un menu unique au rapport qualité-prix redoutable en exploitant la richesse des produits du cru. Florent y cuisine trois soirs par semaine. But de la manoeuvre ?  » Amener Boeschepe aux Lillois et aux touristes afin qu’ils mesurent toute la noblesse de ce territoire de grande diversité.  »


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