Le skyr, en-cas star des JO, mérite-il vraiment sa hype?
Depuis quelques années déjà, le skyr a remplacé yaourts et fromages blancs aux tables des amateurs de nourriture healthy et des sportifs. Et cet été peut-être plus que jamais, JO de Paris obligent, le skyr est partout, des menus des restos aux posts sur les réseaux sociaux. Mais le laitage islandais, plus cher qu’un fromage blanc, est-il vraiment si intéressant, nutritivement parlant, qu’on le prétend?
Même les petites fermes productrices de produits laitiers s’y sont mises: le skyr, cette boisson originaire de Norvège mais bien vite importée en Islande, remporte un tel succès depuis une bonne demi-décennie déjà, que quiconque fabrique des laitages, industriels ou petites exploitations, se doit de proposer son skyr.
En-cas olympique
Mais qu’est-ce que c’est au juste? Le skyr est une boisson proche du yaourt ou du fromage blanc, fabriqué avec du lait écrémé qui doit son succès principalement à sa richesse en protéines, environ 10% (environ 10 grammes pour une portion de 100 grammes) et à sa faible contenance en matières grasses. Lorsque celui-ci est consommé sans additifs (sucre, confiture, sirop d’érable…) il peut constituer un réel intérêt nutritif. Il est notamment très prisé des sportifs et des personnes soucieuses de trouver un en-cas sain capable de les caler un tant soit peu.
La spécialité, qui rappelle la faisselle puisqu’elle trempe dans son petit-lait, ou lactosérum, ce liquide produit par la coagulation du lait, est ainsi la star de l’alimentation des sportifs: il est considéré comme un super-aliment idéal pour renforcer sa masse musculaire et serait très bon pour le microbiote intestinal et donc, le système immunitaire, entre autres propriétés.
Il n’en fallait pas plus pour que le skyr – et ses dérivés, comme le HiPRO, sorte de yaourt à boire hyper protéiné au marketing dédié au sportif – soit LA boisson des Jeux de Paris 2024. Ainsi des marques ayant le monopole comme Danone, partenaire officiel des JO, mais aussi de plus modestes exploitations françaises, ont notamment augmenté leur production en vue de fournir l’aliment aux sportifs d’une part, mais aussi aux spectateurs des Jeux, qui, c’est certain, ne tarderaient pas à vouloir imiter les athlètes.
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Super-aliment, vraiment?
Mais, car oui il y a un mais, la spécialité venu du nord, ou du moins ses supposés bienfaits, a été épinglée par le média de consommateurs français Que Choisir comme produit certes plutôt « bon pour la santé », lorsque consommé nature, mais aussi et surtout comme un pur produit marketing voire, carrément, comme une « arnaque à l’islandaise », n’ayons pas peur des mots. Les propriétés hyper protéinées ne seraient pas d’un grand intérêt pour le commun des mortels, c’est à dire celui qui n’est pas athlète de haut niveau, et l’effet coupe-faim supposé des protéines ne serait pas encore clairement démontré par la science.
On peut aussi légitimement supposer que le succès du produit s’explique par son côté « exotique » venu du grand nord, et particulièrement de l’Islande, pays qui en fait fantasmer plus d’un. Plus sexy qu’un bête fromage blanc, en somme.
Avec tout ça, le simple consommateur ne sait plus très bien séparer le bon lait de l’ivraie ni à quel saint (sein) se vouer. Le skyr, on valide ou pas? Car le produit coûte plus cher au litre, en moyenne, qu’un simple yaourt, fromage blanc ou petits-suisses, ces derniers contenant presque autant de protéines que le skyr mais perdant en qualité: le papier les entourant serait imbibé de conservateurs.
Manger votre produit laitier préféré sans ajout de sucres pourrait donc suffire à vous apporter les protéines dont vous avez besoin – surtout si vous n’êtes pas végétarien – tout en optant pour un aliment moins cher, certes, moins à la mode.
Cela étant, si vous avez envie de vous la jouer comme un sportif islandais, le skyr ne sera pas mauvais pour vous, bien au contraire. Choisissez le nature, exit les arômes vanille ou fraise, et n’y ajoutez pas de sucre.
Et si vous voulez vous la jouer plus pointu, tournez-vous vers le Gwell, un gros-lait fermenté breton qui pourrait bien, un jour, détrôner l’Islande sur le podium.
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