Cadeaux | Quels jeux de société offrir: les coups de cœur 2023 d’un expert
Père de deux enfants, il s’est pourtant découvert une passion pour le jeu au travail, en observant ses lecteurs jouer et en rencontrant ceux qui imaginent ces jeux. À l’approche de saint Nicolas et de Noël, mais aussi des journées pluvieuses et longues soirées d’hiver passées à la maison, on a rencontré Yves-Marie Vilain Lepage, journaliste au Ligueur et expert en jeux, pour qu’il nous parle de ses coups de coeur 2023 à offrir les yeux fermés, mais aussi des bienfaits de jouer.
Depuis quelques années, sous l’impulsion d’Yves Marie Vilain Lepage, Le Ligueur a décidé de rebattre les cartes de sa traditionnelle sélection Jeux & Jouets de fin d’année, pour la rendre plus participative.
La méthode: dans la production pléthorique, présélectionner chez les éditeurs les jeux sortis dans l’année, selon des critères de fabrication (qu’ils soient éthiques et durables, et pas suremballés) mais aussi rapides, dans la mise en place et le déroulement, « parce que si vous ouvrez une boîte et que vous commencez à lire les règles pendant 10 minutes, avec les enfants autour, ça ne va pas fonctionner ». Une évidence qu’il est bon de rappeler. Des critères plebiscités par les lecteurs du magazine familial.
Deuxième étape pour élaborer cette sélection: soumettre ces jeux aux pires des juges, les joueurs eux-mêmes, en famille, au cours de tables de jeu organisées durant tout le mois d’octobre à travers le pays.
De ses observations et des commentaires et autres remarques des joueurs et joueuses de tous les âges (règles trop compliquées, mécanique pas adaptée à l’âge ou à l’inverse trop basique, manque d’intêrêt, etc…) notre expert extrait une sélection 100 % testée et approuvée, soit près d’une cinquantaine d’univers validés et survalidés même, pour bon nombre d’entre eux, qui alors passent dans les coups de cœur de la rédaction du Ligueur. Voilà pour la méthode. Parlons maintenant jeu avec le journaliste expert du domaine, Yves-Marie Vilain Lepage.
Avant de parler des jeux eux-mêmes, pourriez-vous nous rappeler pourquoi jouer est si bénéfique, pourquoi on ne devrait pas s’en passer
On a un vieil adage au Ligueur qui dit que « jouer, ça fait grandir ». Et ce ne sont pas des mots en l’air: on s’est rendu compte que dans l’apprentissage des jeunes enfants, par exemple, que le jeu leur apprend à se développer, à interagir. Par la suite ce goût va rester. Ces habitudes se conservent dans le lien familial. Il s’entretient mais plus que ça, il se développe, évolue, et ce quasiment toute la vie. Même quand on est adulte, notre rapport au jeu peut changer. Moi, par exemple, j’ai deux enfants. Avant d’y être amené par mon travail, jouer n’était pas une habitude, ni personnelle ni dans l’éducation que je leur donne. Alors que maintenant, depuis que je suis tombé dedans, chaque samedi matin, à chaque temps mort dans la semaine – même s’ils sont encore trop rares – on joue. A deux, à trois, à quatre, en couple même quand les enfants sont atomisés par les dessins animés.
Jouer en famille permet de faire bouger les relations dans une famille, il se passe quelque chose d’autre que la réalité quotidienne autour du jeu, nos rôles y sont différents, même le rapport parent/enfant. C’est ça qui est merveilleux dans le jeu. Et jouer alimente aussi l’histoire familiale, son identité. On remarque souvent – et c’est devenu un critère pour choisir – que les familles aiment s’approprier les règles et les réinventer.
A l’instar du UNO où chaque famille semble avoir lu des règles différentes. Etonnamment, jouer en famille ça peut aussi vouloir dire: réinventer ses propres règles aussi.
Avez-vous remarquer de nouvelles tendances cette année?
Cette année, on sent que les gens se sont affranchis des règles du marché du jeu, du marketing. Les familles qui aiment jouer ne semblent plus vouloir mordre aux gros hameçons. Netflix ou Disney qui sortiraient un jeu avec la grosse artillerie, pas sûr qu’il ne fasse pas un flop. Parce que le critère numéro 1 est d’avoir un truc qu’elles vont mettre dans leur ludothèque et qu’elles vont sortir avec plaisir. D’autres critères de choix sont aussi remarquables, mais on n’y pense pas forcément : le fait que le jeu soit transportable, et que l’on y joue rapidement. Et comme je disais plus tôt, que le jeu possède des règles que l’on puisse réinventer.
Les coups de coeur 2023
Chaque année le choix est pléthorique, mais l’objectif de celui qui offre est que son cadeau plaise. Alors, pour arriver à nos fins, Yves-Marie Vilain Lepage nous a confié les coups de cœur du Ligueur, validés à 100% par les familles. « Des jeux qui feront mouche à tous les coups », parole d’expert.
Le Coup de Coeur universel, de 5 à 107 ans : Elios (Ludardenne)
« Un jeu en bois, graphique, coloré, simplissime. Des règles basiques et imparables. Ce jeu fait mouche aurpès de tout le monde, de la petite fille de 6 ans, à l’ado de 12 ans qui ne tient pas en place, en passant pas le geek de 40 ans féru de table de jeux adultes. Notre super coeur de cœur. «
De 18 mois à 5 ans: Totem SmartMax (Smartgames) A partir de 6 ans : IQ Mini XXL (Smartgames)
Pour les plus petits, les premiers jeux qu’on peut offrir sont des jeux jouets. Un peu entre les deux, il y a SmartMax – pendant pour les plus petits de Smartgames – et ses des totems. Avec eux, les petits vont développer leur sensibilité et petit à petit, leur sens du défi. Le but c’est de mettre le petit bonhomme en bas, le petit bonhomme au milieu, le petit bonhomme en haut, et donc de reproduire l’image qui leur est montrée. C’est un jeu évolutif qui peut s’offrir de 18 mois à 5 ans, qui va les accompagner jusqu’à pouvoir jouer à d’autres jeux.
De manière général, les jeux SMartgames sont une valeur sûre, qui plait à tous – à juste titre. C’est l’occasion de parler d’un autre coup de cœur, le IQ Mini XXL de SmartGames, un casse-tête-puzzle, qui fonctionne bien avec les enfants. Mais il faut vraiment relever les défis de manière graduelle, même si les premiers semblent trop facile. Exposer un enfant à un niveau de difficulté trop important décourage et frustre. La progression en revanche est très satisfaisante. Ici aussi, on se met à ce jeu à partir de 6 ans, et sans limite d’âge.
À partir de 8 ans : Champions ! (Repos Productions)
Alors un jeu de l’éditeur belge Repos Productions – éditeur du célèbre Just One – qui comme ce dernier, est un jeu d’ambiance, avec une mécanique simple et qui plait aux différents âges. Il y a plusieurs candidats : l’oncle Michel, Adolf Hiltler, la reine d’Angleterre ou le roi Philippe par exemple. Des candidats que les joueurs font s’affronter autour de questions posées par la série de cartes que propose le jeu. Des questions du genre : « A votre avis, qui a l’haleine la plus fétide? » Est-ce l’oncle Michel, Adolf Hiltler, la reine d’Angleterre ou le roi Philippe ? Et chacun de voter. Etc. Un bon jeu d’ambiance, drôle et efficace.
Pour les ados : Passo (Helvetiq), Archeos Society (Space CowBoys), Bag of Butts (Geronimo)
Alors, le défi avec les ados, c’est de leur faire lâcher leur smartphone. Et les captiver suffisamment pour qu’ils n’y pensent plus, ne veuillent pas y retourner. On a pensé un temps que les jeux mêlant plateaux et appli sur smartphone seraient u moyen de ramener les adolescents à la table. Mais c’est un leurre, ça ne marche pas. Le smartphone aspire toujours l’attention.
Avec les ados, tous les jeux d’abstraction fonctionnent, comme Passo d’Helvetiq. À glisser au pied du sapin pour les jeunes qui aiment jouer aux échecs ou aux dames.
D’autre part, on remarque que les éditeurs tentent de plus en plus de séduire ce qu’on appelle les Dungeon Crawlers, donc en fait tous les vrais gamers, ceux qui sont capables de faire des parties en réseau pendant 8-9 heures d’affilée… et qui ont des enfants, à qui ils veulent transmettre cette passion. De plus en plus les éditeurs développent donc ce type de jeux, mais adapté aux ados. Dans le genre, on en met peu en avant, mais on adore cet Archeos Society, jeu de plateau typique auquel on peut jouer des heures durant et plonger dans un univers singulier. Ici on n’est pas dans un monde d’horreur et de fantaisie, mais dans celui des fouilles archéologiques, sur des vieux sites. Le maître du jeu désigné prédigère les règles pour tout le monde, et puis hop, c’est parti.
Pour les ados qui versent plutôt dans le rire, un autre coup de cœur est Bag of Butts, littéralement Sac de cul, jeu de Loosey Goosey, un éditeur plein d’idées géniales. Un jeu de hasard, composé de plein de petits pions en forme de postérieurs, très flashy et très graphique. Pas grivois pour un sou et ingénieux. En plus c’est beau. Il est important que les parents gardent à l’esprit que les jeux sont vraiment de véritables remèdes anti-écran.
Pour les adultes: Oxono (Cosmoludo), Dictopia (Subverti)
« Le Archeos Society dont on a parlé plus haut, est par exemple, clairement un jeu auquel les adultes vont prendre beaucoup de plaisir. Mais on remarque aussi que même des jeux qui pourraient être estampillés enfants, génèrent de vraies parties de plaisir chez les adultes. Certain·e·s passent des soirées entre amis à jouer à Taco, Chaton, Pizza, par exemple. Ou encore Pattes à poufs, crée par Thierry Saeys. Alors qu’on n’y aurait pas pensé spontanément.
Les jeux d’abstraction de l’éditeur belge Cosmoludo sont aussi super pour les adultes. Très stratégiques et très graphiques.
Enfin, gros coup de cœur sorti à un mauvais timing mais que l’on a chroniqué dans notre rendez-vous hebdomadaire Le jeudi, c’est jeu dis! : Dictopia (Subverti), un jeu de mots et de rapidité avec des défis, des contraintes. Super pour jouer entre adultes, mais aussi avec des enfants, qui savent bien lire de préférence. Encore un jeu qui fait un beau trait d’union entre les générations.
Beaux, efficaces, drôles, fabriqués en Europe avec un vrai souci environnemental, et source de plaisir et de réflexion. Voilà de quoi remplir les hottes de la meilleure des manières.
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