En images: la transformation d’une maison clé-sur-porte en un logis écologique éclairé d’une grande verrière

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Cette simple maison clé-sur-porte bénéficie d'une verrière impressionnante. © Tim Van de Velde
Fanny Bouvry
Fanny Bouvry Journaliste

Après le départ de leurs enfants, Ann et Marc ont transformé leur maison clé-sur-porte afin de la rendre plus durable. La rénovation radicale est passée la transformation d’un tiers de la toiture en verrière et l’utilisation de pisé local.

En descendant la rue, nous apercevons immédiatement quelques promeneurs qui s’arrêtent devant la maison d’Ann et Marc. Pourtant, leur logis clé-sur-porte est on ne peut plus banal. Murs en briques couleur sable, toit en tuiles gris foncé et lucarne en plein milieu: des habitations comme celle-là pullulent le long de nos routes belges.

Cependant, la leur sort clairement du lot. En l’atteignant, on remarque ainsi les marches en aluminium qui ne mènent pas à la porte d’entrée d’origine, mais à l’endroit où se trouvait jusqu’à récemment une porte de garage. En levant la tête, on découvre avec émerveillement le bac à plantes métallique, en toiture, d’où s’élancent des fleurs sauvages et colorées. Derrière émerge une grande serre.

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Le bac à plante en toiture et la verrière interpellent immédiatement les passants. © Tim Van de Velde

Ann et Marc, qui travaillent tous deux dans le secteur des soins, ne trouvent pas si inhabituel que cela que des passants jettent un oeil à l’intérieur de leur villa, nous confient-ils dès que nous les rencontrons. “D’autres sont encore plus curieux et sonnent à la porte”, rigole Ann.

Marc montre avec fierté un livre fait maison qui décrit leur rénovation en détail. Des architectes aux nombreux sous-traitants, tous ceux qui ont joué un rôle dans l’aventure de la construction y sont soigneusement nommés ou photographiés. Fait remarquable: de nombreuses femmes étaient présentes sur le chantier. Le secteur de la construction écologique semble innover dans ce domaine également.

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Toute la maison est chauffée par un poêle en torchis et un chauffage mural de Harald Gastmans. Le plâtre d’argile régule l’humidité dans les espaces de vie. © Tim Van de Velde

Les premières fissures

« A la base, nous ne rêvions pas d’une maison clé-sur-porte, mais c’était ce que nous pouvions nous permettre en termes de budget en 2000, raconte le couple. Nous étions tombés amoureux de l’emplacement, avec une vue sur la forêt de Hulsbroek et une bonne connexion vers Bruxelles. Mais nous avons malheureusement fait des compromis sur d’autres points. »

« Nous nous sommes vite rendu compte que ce projet n’était ni qualitatif ni durable », poursuit Marc, tandis que nous empruntons l’escalier qui mène au jardin d’hiver, baigné de soleil. Notre hôte poursuit: « Les premiers problèmes ne se sont pas fait attendre. De l’humidité est apparue et les premières fissures se sont formées dans le toit. Lorsque les enfants ont déménagé, nous ne pouvions plus attendre: il fallait s’attaquer au bâtiment de fond en comble. »

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L’espace du fond pourrait éventuellement servir de chambre à coucher pour un autre période de vie. C’est aussi ça l’écologie: rendre la maison évolutive. © Tim Van de Velde

Le choix de l’architecte

Ann et Marc feuillettent donc de nombreux magazines pour cibler leurs attentes et reçoivent plusieurs architectes pour échanger leurs points de vue. Mais à chaque fois, leurs ambitions sont refoulées. A part isoler le toit, embellir les façades avec du crépi ou suggérer de vendre le bien, les créateurs n’apportent pas vraiment de solution. Jusqu’à ce que le tandem rencontre Hanne Eckelmans et Renée Verhulst, de l’agence bruxelloise Hé ! Architectuur.

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Le hall d’entrée d’origine était sous-utilisé; aujourd’hui, il fait partie intégrante de la cuisine et de l’espace de vie. © Tim Van de Velde

« J’ai été surprise d’apprendre que, contrairement à beaucoup d’autres, Ann et Marc ne souhaitaient pas agrandir l’espace, mais recherchaient avant tout une meilleure connexion avec la nature environnante et une qualité de vie durable, confie Hanne Eckelmans. Ils voulaient créer un lieu de vie de qualité pour aujourd’hui comme pour plus tard, en pensant à leurs vieux jours. C’est ça la durabilité. »

Le couple voulait également que sa maison puisse un jour être habitée par des trentenaires avec des enfants, afin qu’elle soit intéressante pour les générations futures. « Il y a beaucoup de fermettes et de bungalows qui n’ont aucune qualité ou valeur architecturale dans nos régions. Ils sont typologiquement dépassés et loin de respecter les normes environnementales en vigueur. Mais ce n’est pas une raison pour les rayer de la carte. C’est pourquoi ce projet nous a intéressés », précise l’architecte.

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L’ancien hall de nuit sert désormais d’espace de vie supplémentaire donnant sur le jardin d’hiver. Les murs ont été isolés avec de la chaux et du chanvre et finis avec de l’enduit d’argile. © Tim Van de Velde

Un changement radical

Le bureau hé! Architectuur examine dès lors la construction existante pour déterminer comment mieux optimiser l’espace. « Le hall d’entrée, avec son atrium, était le plus spacieux, mais il n’était que peu utilisé. Le garage était en grande partie vide et les deux chambres d’enfants étaient désormais définitivement abandonnées », décrivent les architectes qui décident de modifier les plans.

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La serre modifie complètement la perception de cette maison clé-sur-porte. © Tim Van de Velde

Le garage d’origine est dès lors divisé en deux pour créer un hall d’entrée séparé, compact mais lumineux, mais aussi une salle de bains. Le hall initial, sous-utilisé, est intégré dans un plus grand salon dans lequel la cuisine modulaire qui s’y trouvait déjà trouve un nouvel emplacement. Au rez-de-chaussée, les architectes aménagent un espace qui pourrait servir de chambre à coucher ultérieurement.

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Le mur en pisé de couleur brun-rouge retient la chaleur du soleil toute la journée et la restitue ensuite lentement. © Tim Van de Velde

Même endroit, nouvelle vue

Mais l’intervention la plus importante est sans aucun doute le placement d’un verrière à l’arrière. Comme le jardin est en pente raide, le couple jouit désormais d’une la vue sur les champs. Les deux chambres sont déplacées côté nord et complétées par une salle de bains et un salon. La maison pourra ainsi un jour être parfaitement divisée en deux unités d’habitation, pour éventuellement créer un habitat kangourou

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Les habitants bénéficient désormais d’une belle vue vers leur jardin. © Tim Van de Velde

La véranda est séparée de la maison par un mur massif de couleur brun-rouge en pisé. Cette terre provient de chantiers bruxellois, ce qui est là aussi un geste écologique. Outre le fait qu’il s’agit d’un produit naturel et circulaire, ce matériau a également une fonction pratique: Il absorbe la chaleur du soleil toute la journée et la restitue lentement le soir. Par conséquent, le jardin d’hiver est naturellement chauffé les jours ensoleillés

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À l’emplacement de l’ancien garage, les architectes ont prévu un nouveau hall d’entrée et une salle de bains avec douche à l’italienne. © Tim Van de Velde

La terre, matériau écologique

Ce n’est pas le seul endroit où la terre a été utilisée. Un poêle en terre qui chauffe toute la maison par le biais d’un chauffage mural remplace l’ancien poêle à bois qui consommait trois fois plus, le réservoir de mazout et ses radiateurs. Les murs sont recouverts d’un enduit d’argile, qui est non seulement beau, mais aussi régulateur d’humidité et acoustique. Le sol est isolé avec du liège, les murs avec de la chaux et du chanvre. « Grâce à ce mélange de matériaux, les pièces ne sont jamais froides. Nous sommes fin septembre et je n’ai pas encore eu besoin d’allumer le poêle en torchis. La chaudière du voisin était pourtant déjà allumée », constate Marc avec satisfaction.

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Non seulement écologiques, les matériaux apportent aussi de jolies teintes en harmonie avec la nature. © Tim Van de Velde

Rajeunir de dix ans

Lorsque Ann et Marc ont campé dans leur jardin pendant six mois, durant la période la plus chargée des travaux, les voisins se sont demandé si cela valait la peine de se donner tant de mal. N’auraient-ils pas pu se contenter d’une véranda? « D’après nos filles, cette rénovation nous a rajeunis de dix ans. Car nous vivons ici, comme le disent si bien Hanne et Renée, de manière nomade. Nous utilisons les différents endroits de notre maison en fonction du temps et des saisons. Et maintenant, nous savons que nous pourrons rester ici pendant très longtemps », concluent les propriétaires.

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