La sculpture de l’artiste française Marta Pan, à la jonction de l’A6 et de l’A46, à Amberieux, au Nord de Lyon. © Getty Images

Routes de France: 10 bâtiments contemporains à voir le long de l’autoroute A6

Fanny Bouvry
Fanny Bouvry Journaliste

Descendre dans le Sud rime souvent avec bouchons. Pourquoi ne pas en profiter pour faire des haltes et découvrir quelques perles d’architecture contemporaine? Suivez notre guide, sur l’Autoroute du Soleil, de Paris à Lyon.

1. La Philharmonie de Paris

On n’est pas encore sur la route des vacances, mais notre circuit architectural commence ici, sur le périphérique de Paris, à la porte de Pantin. S’y dresse depuis 2015, un ovni étincelant : la Philharmonie de Paris. Imaginée par le starchitecte Jean Nouvel, l’édifice s’inspire de la forme d’une butte couverte de plaques d’aluminium. De son sommet, on découvre un beau panorama sur Paris et ses environs.

Le projet aux formes insolites s’inscrit dans l’élan architectural du parc de la Villette initialement dessiné par Bernard Tchumi. Dans cet espace vert architecturé, on retrouve des « Folies », soit des petits pavillons rouges contemporains accueillant diverses fonctions, mais aussi d’autres constructions emblématiques. Entre autres: la Grande Halle de la Vilette, la Géode et la Cité des Sciences et de l’industrie. Sans oublier la Cité de la musique de Christian de Portzamparc avec laquelle la Philharmonie forme désormais un tout.

La Philharmonie de Paris, couverte d’écailles d’aluminium, dans le Parc de la Villette à Paris. © Getty Images

Une visite intérieure est aussi à conseiller, d’autant que cet été, jusqu’au 8 septembre 2024, on peut y découvrir Symfolia, une sculpture d’arbre monumentale en papier signée par l’Américaine Rachel Marks dans la rue Musicale de la Cité de la musique. A noter également l’expo Metal – Diabolus in musica, dédié à ce genre musical qui résiste à toute institutionnalisation.

221, avenue Jean Jaurès, à 75019 Paris.

2. Le siège du journal Le Monde, à Paris

Autre arrêt non loin du périph’, avant de descendre vers le Sud. Cette fois, à hauteur de la porte de Bercy. On s’enfonce un peu dans la ville et on tombe nez à nez avec ce mastodonte couvert de 20.000 éléments de verre, allant du transparent à l’opaque en passant par plusieurs nuances translucides. Une myriade de ‘pixels’ qui dématérialisent ce bâtiment-pont imposant abritant depuis début 2020 le siège du journal français Le Monde et des autres titres du groupe de presse (L’Obs, Télérama…).

Le bâtiment-pont du journal « Le Monde », à Paris. © Getty Images

L’ouvrage futuriste surplombe la halle de la gare d’Austerlitz et a été designé par l’agence norvégienne Snohetta. Petit cocorico: c’est le bureau d’étude liégeois Greisch qui a travaillé sur les aspects techniques de l’édifice de 137 mètre de longueur et 37 mètres de hauteur.

67, avenue Pierre-Mendès-France, à 75019 Paris.

3. Le Silex, à Auxerre

Première étape archi sur l’autoroute A6: Auxerre, chef-lieu de l’Yvonne. C’est là qu’on retrouve une salle de concert, le Silex, aux façades des plus expressives. Celles-ci sont faites de béton gris clair bouchardé, ponctué de dizaines de triangles en saillie.

Le Silex et sa façade expressive en béton, à Auxerre © SDP/ Josette Laliaux

Ce « coffret qui confine les décibels », comme l’appelle le bureau d’architecture BMC2, auteur du projet, est situé dans le coeur de ville et dialogue avec cette dernière. La journée, la lumière du jour pénètre à l’intérieur du hall, alors que le soir, l’édifice devient une « machine lumineuse », les vibrations musicales émises dans le lieu étant traduites en lumières par des diodes nichées dans les excroissances triangulaires.

7, rue de l’Ile aux Plaisirs, à 89000 Auxerre.

4. L’aire de repos de la Chaponne

Si les aires d’autoroutes paraissent souvent encombrées et peu attrayantes, celle de la Chaponne sort du lot. Il faut dire qu’elle a été pensée par le designer star français Ora-ïto connu pour ses collaborations avec de nombreuses marques de luxe. Pour cette halte d’autoroute, située au kilomètre 213 en venant de Paris vers Lyon, le créateur a voulu initier par l’espace « un appel au rêve, une invitation à libérer son imagination, à créer sa propre histoire. » Ce qui se traduit par des formes courbes, fluides pour les aménagements urbains.

L’aire de la Chaponne, signée Ora Ito. © DR/Christophe FOUQUIN/APRR

Au centre, un « cocon régénérant » est matérialisé par un dôme végétalisé cerclé d’un bandeau en aluminium blanc. L’Eden, comme est appelé ce bâtiment, abrite diverses fonctions organisées autour d’un arbre central et d’un puits de lumière. L’ensemble aurait, selon le concepteur, « des vertus relaxantes ». Parfait avant de reprendre la route et de manger son volant dans les embouteillages.

5. La Cité de la gastronomie et du vin, à Dijon

Ce projet inauguré en 2022 à Dijon a fait couler beaucoup d’encre et énervé certains défenseurs du patrimoine. Raison pour laquelle, on vous conseille de descendre de l’autoroute pour aller vous faire votre propre idée de cette confrontation plutôt réussie entre architecture contemporaine et vieilles pierres.

Les architectes Anthony Béchu et Alain-Charles Perrot ont uni leurs forces pour réaffecter les 3,5 hectares de l’ancien site de l’Hôtel-Dieu en un ensemble multifonctionnel regroupant entre autres des espaces d’exposition, une école de cuisine, un lieu de dégustation mais aussi des logements.

La partie contemporaine de la Cité de la gastronomie et du vin. Copyright: Alice Colas.

Annexée à l’aile ancienne, la partie en acier Corten se veut comme « un canon de lumière ». Mais le monolithe s’intègre néanmoins bien à l’ensemble grâce à ces parties vitrées qui créent le lien avec la ville et les constructions initiales.

Pour ceux qui veulent s’attarder plus longuement à la Cité Internationale de la gastronomie et du vin, l’expo A la table des Français promet de présenter, sur 1.750 mètres carrés, « les milles facettes du ‘bien manger’ et ‘bien boire’ à la française ». Le 1204, soit Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine, situé également dans ce complexe, séduira à coup sûr les amateurs d’art de bâtir, avec ses expos temporaires et permanentes.

Parvis de l’Unesco, à 21000 Dijon.

6. La Cité des Climats et Vins de Bourgogne, à Beaune

Sur la route du sud, arrêt incontournable – et pourquoi pas étape d’une nuit – à Beaune. D’abord pour y (re)découvrir ses fameux hospices, mais aussi pour voir cette récente Cité des climats et des Vins de Bourgogne . Celle-ci distingue par son volume composé de plusieurs disques immaculés. Une forme qui entend évoquer les vignes qui s’enroulent autour des palissages, mais aussi le cycle perpétuel des saisons qui gouvernent le monde viticole.

La cité des climats et sa forme en vrille évoquant la vigne qui s’enroule, à Beaune © SDP/ Antoine Martel

A l’intérieur de ce bâtiment signé par le bureau d’architecture d’Emmanuel Andreani: des ateliers de dégustation, des cours d’oenologie mais aussi un Bar des Découvertes proposant plat de terroir et accompagnement vins (on se rappellera toutefois de la maxime bien connue: boire ou conduire…). En prime, une belle terrasse panoramique au sommet qui offre une vue sur le paysage de vignes.

21, avenue Charles de Gaulle, à 21200 Beaune.

7. L’espace des arts à Chalon-sur-Saône

Cocorico à nouveau pour ce projet qui nous impose donc une halte à Chalon-sur-Saône! Et pour cause: l’Espace des Arts y a été réhabilité par l’Atelier HBAAT en collaboration avec le liégeois Pierre Hebbelinck. Ce bâtiment des années 60, aux formes brutalistes inspirées du club Roussakov, à Moscou, a été classé monument historique en 2013. Sa particularité: il s’agit « d’une machine à se cultiver adossée à un gymnase », résument les architectes.

Les volumes imbriqués accueillent en effet un programme regroupant théâtre et espaces sportifs, soit la rencontre du corps et de l’esprit. Il s’agit là d’une des premiers grands projets de construction français prônant la culture pour tous.

Pour sa réhabilitation, l’équipe de conception a tenu à travailler sur l’identité des espaces de vie que sont le hall, la rotonde et le patio. Elle a aussi rénové entièrement les salles de spectacles pour améliorer leurs qualités techniques et acoustiques.

L’excuse pour s’y arrêter sur la route? L’institution dispose également d’un Bar-à-Manger curaté par Le Bistrot des papas, un établissement bien connu de la ville. On y dévore planches, petits plats et desserts. De quoi reprendre des forces!

5B, avenue Nicéphore Niépce, à 71100 Chalon-sur-Saône.

8. Le symbole infini de Marta Pan

Pour sûr, tous les automobilistes habitués à la transhumance estivale ont déjà repéré ce signe infini en métal, de 25 mètres de hauteur, à l’intersection des autoroute A6 et A46… Beaucoup ignorent par contre probablement qu’il s’agit d’une oeuvre audacieuse de la célèbre sculptrice française, d’origine hongroise, Marta Pan (1923-2008), qui a créé des installations de grande envergure partout sur la planète, du musée Kröller-Müller, à Otterlo, jusqu’à Central Park, à New York. L’artiste avait une vision moderne de la création et était d’ailleurs l’épouse d’un proche collaborateur de Le Corbusier, André Wogenscky.

Le Signe Infini de Marta Pan, à la jonction de l’A6 et l’A46. © Getty Images

Si cette sculpture est sans nul doute l’une des plus visibles sur le réseau autoroutier hexagonal, il en existe en réalité des dizaines d’autres. Toutes s’inscrivent dans la volonté française de valoriser les artistes par un dispositif des années 50, imposant aux maîtres d’ouvrage publics de consacrer 1% du coût de leurs constructions à l’acquisition ou la commande d’oeuvres à des créateurs vivants.

9. Le Musée des Confluences, à Lyon

Nous voilà arrivé à Lyon! A moins de prendre le contournement pour échapper aux files, c’est l’occasion de découvrir le patrimoine de sa ville… Mais aussi, pour les férus d’architecture contemporaine, son Musée des Confluences. Ce musée d’histoire naturelle, d’anthropologie, des sociétés et des civilisations domine en effet le périphérique de sa silhouette déconstuctiviste signée par l’agence autrichienne Coop Himmelb(l)au.

Situé, comme son nom l’indique, à la confluence du Rhône et de la Saône, l’édifice exprime par son implantation « les notions de mélange, de mixité et de fluidité », souligne-t-on du côté de l’institution. Une fluidité que l’on retrouve d’ailleurs dans la conception du volume: « L’idée était de construire un musée qui n’entrave pas l’accès à la nature mais qui constitue un passage des éléments bâtis vers la nature. Pensé comme un pont, le musée permet au visiteur de traverser son hall et ses espaces sans être contraint d’acheter un billet et d’aller voir une exposition », peut-on lire sur le site Web de l’endroit.

© www.utkupekli.com

L’ensemble est pensé comme un nuage dont l’enveloppe métallique reflète la ville, le fleuve, le ciel. A l’arrière, une verrière inversée, comme aspirée vers le bas, défie les lois de la pesanteur.

Vous avez un peu plus de temps? L’expo temporaire actuelle, Secrets de la Terre, présente pas moins de 10.000 minéraux en tout genre.

86, quai Perrache, à 69002 Lyon.

10. Les cubes orange et vert, à Lyon

Nous voilà arrivés au terme de ce parcours archi le long de l’A6. Avant de poursuivre sa route plus vers le Sud, on pourra encore s’immerger dans le quartier Confluence qui poursuit encore et toujours sa mutation avec une kyrielle de projets de logements, de bureaux et des aménagements urbains plutôt novateurs et exemplaires.

Ne pas oublier au passage de jeter un oeil à ces deux Cubes immanquables réalisés par le bureau français Jakob + MacFarlane.

Le Cube vert, dont la teinte rappelle celle de la Saône toute proche. © www.utkupekli.com

Le premier, le Cube Vert, a été conçu pour héberger la chaîne de télévision EuroNews. Le volume parallélépipédique est percé de deux atriums coniques qui apportent la lumière au coeur de l’espace et dégagent des perspectives vers les alentours. La façade est composée d’une partie vitrée et d’une résille d’aluminium créée par l’artiste Fabrice Hyber, comme une dentelle contemporaine. La teinte rappelle celle de la Saône et des collines sur l’autre rive.

Le Cube orange évoquant les peintures des ouvrages industriels dans les ports. © www.utkupekli.com

En vis à vis, on retrouve le Cube orange, imaginé par la même équipe de conception, Jakob + MacFarlane. Il s’agit ici aussi d’un volume simple creusé d’un trou XXL apportant lumière, ventilation et vues à ce complexe. La façade, d’apparence aléatoires, est percées de pixels de diverses tailles rappelant le mouvement de la rivière. L’orange est une référence aux peintures utilisées souvent dans les zones portuaires industrielles.

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