La manucure érigée au rang d’art

Un smiley, Blanche Neige et les sept nains ou votre marque préférée sur le bout de vos doigts: la Nippone Britney Tokyo a exporté son « nail art » à Hollywood, où elle peint les ongles de Kim Kardashian et autres stars.

Elle était cette semaine au Tokyo Nail Forum, grand-messe du secteur qui fait référence en Asie. Avec son style exubérant, cette Nippone, qui ne veut pas révéler son vrai nom, s’est fait connaître en exhibant ses oeuvres sur Instagram et autres réseaux sociaux.

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« Ariana Grande m’a contactée », et d’autres célébrités (les vedettes de téléréalité Kim Kardashian et Kylie Jenner, le mannequin Gigi Hadid…), raconte-t-elle à l’AFP après avoir réalisé une décoration qui étincelle dans l’obscurité. Aujourd’hui installée à Los Angeles (ouest des Etats-Unis), elle revendique un art qui « fusionne style japonais et américain, Tokyo et Hollywood ». Mais ses compétences, elle les a acquises au Japon.

Si les premières techniques sont arrivées des Etats-Unis il y a 35 à 40 ans avec les ongles artificiels, les artistes de l’ongle de l’archipel ont apporté une « touche unique », souligne Mihori Kinoshita, membre du conseil d’administration de la Japan Nailist Association (JNA), organisatrice de l’événement.

« Les Japonais sont très doués dans tout ce qui exige une grande méticulosité. Ils améliorent sans cesse leurs aptitudes, tels des artisans », estime-t-elle, soulignant qu’il s’agit aussi d’un soin pour « renforcer ses ongles ».

Longues heures de travail

Au Tokyo Nail Forum, des milliers de visiteurs se pressent pour se jeter sur les derniers vernis gel, couleurs et accessoires tendance, et la panoplie de la parfaite « onglartiste »: tabliers, pinces à cuticules et limes en tout genre, lampe sèche-ongles…

Point d’orgue de ce rendez-vous de trois jours, un défilé « automne-hiver 2017 », autour du thème « Hajikeru Pink » (rose éclatant), avec podium, mannequins et mise en scène qui n’ont rien à envier à la haute couture. Mais ici les vedettes sont les ongles ornés de pierres, pendentifs et rubans, aux motifs souvent floraux, parfois ultra-kitsch et toujours longs de plusieurs centimètres.

Mizuho Mobu, pimpante brunette de 25 ans, arbore des griffes bleu-vert surmontées de faux diamants, résultat d’un patient travail de trois heures pour un coût de 12.000 yens (près de 100 euros).

« Je peux parfaitement utiliser mon smartphone, faire la vaisselle, en revanche impossible d’ouvrir une canette », sourit-elle. « Plus longs sont les ongles, plus la vie devient compliquée! »

On croise aussi des hommes. Certains salons leur sont même réservés, explique une membre de la JNA. Certains veulent tout simplement faire polir leurs ongles, d’autres fêter des occasions spéciales en peignant par exemple leurs doigts aux couleurs de leur équipe de sport.

Et pour les plus pressés, les « stickers » peuvent faire illusion. « Aux Etats-Unis, les clients ne sont pas prêts à attendre deux ou trois heures », témoigne Britney Tokyo, qui a donc développé des autocollants reproduisant ses créations.

Ecoles dédiées à la discipline pour former les meilleurs « nailists », salons à profusion (plus de 24.000), magazines spécialisés: le chiffre d’affaires du secteur au Japon, qui a doublé depuis 2005, est aujourd’hui estimé à plus de 220 milliards de yens (1,7 milliard d’euros), selon les chiffres de la JNA.

Un des exposants, Koji Kawamoto, patron de la société Natural Field Supply basée à Osaka, vient au Nail art Forum depuis maintenant deux décennies. Il travaillait à l’origine dans la conception de matériau dentaire et a transposé son expertise aux faux ongles.

« Au début, il y avait peu de compagnies. Au fil des ans, le marché s’est considérablement étendu, le nombre de manucures a grimpé en flèche », dit-il. Son entreprise a même ouvert une usine en Chine où les consommateurs raffolent des marques japonaises, « garantes de bonne qualité ».

En nail-art comme pour les mangas, l’animation, la gastronomie et la culture nippone en général, le Japon influence le reste de l’Asie, de la Corée du Sud à la Chine, explique Mihori Kinoshita. « Nous avons construit l’industrie. Je me souviens d’avoir fait un séminaire à Taïwan il y a 25 ans au moment où cet art commençait à intéresser d’autres pays asiatiques. Puis je suis allée enseigner à Shanghai et Hong Kong (Chine). Des étudiants viennent aussi d’Asie pour apprendre ».

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