Pourquoi de plus en plus de couples vivent séparément

Pourquoi toujours plus de couples vivent-ils séparément? Getty Images
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Nathalie Le Blanc Journaliste

« Un couple vit ensemble sous un même toit ». Et si cela reste la norme, toujours plus de duos choisissent de vivre séparément, parfois pour des raisons pratiques, parfois pour des raisons émotionnelles.

« Mais pourquoi vivez-vous séparément alors que vous êtes en couple? » C’est la question que l’on pose constamment à Françoise, la soixantaine. Elle est dans une relation à long terme avec Alain depuis plus de dix ans, mais elle n’a emménagé chez lui qu’en avril 2020 après l’accident de vélo de ce dernier. « Il ne pouvait vraiment pas prendre soin de lui et ses enfants vivent assez loin. Je suis allé vivre avec lui jusqu’à ce qu’il se rétablisse. De plus, cela nous a permis de respecter les mesures sanitaires. C’était difficile avant, car nous n’étions autorisés à nous voir qu’à l’extérieur de la maison. Une règle que nous n’avons pas respectée d’ailleurs. Mais la vie en commun n’a été que temporaire, car une fois qu’il a été rétabli, je suis retournée dans mon propre appartement. Une décision qui a provoqués des réactions surprenantes. La fille aînée d’Alain m’a littéralement dit : « Tu étais enfin normale. (rires) Mais après ces sept mois de vie commune, il était clair pour nous que notre relation serait meilleure si nous avions chacun notre propre appartement. Mais apparemment, beaucoup de gens autour de nous pensent encore que c’est temporaire ».

Pour un jour ou pour toujours

Et pourtant, des recherches récentes indiquent qu’environ dix pour cent des personnes âgées de 18 à 79 ans sont dans une relation dite de « couples non-cohabitants », ou living apart together en anglais (LAT).

« Nous voyons effectivement plus de relations de ce type aujourd’hui qu’auparavant », déclare le professeur Dimitri Mortelmans, sociologue au Centre pour la démographie, la famille et la santé de l’Université d’Anvers. « Et surtout dans deux groupes d’âge. Il y a les « dating LATers », c’est-à-dire les jeunes qui vivent chez eux plus longtemps qu’auparavant, mais qui sont en couple et vivront donc ensemble dans un avenir proche. Ensuite, vous avez les bonding LATers. Des personnes un peu plus âgées, souvent divorcées et parfois veuves, qui choisissent de ne pas vivre ensemble, soit en raison des circonstances, soit par conviction ».

La sociologue de la famille Vicky Lyssens-Danneboom a écrit une thèse de doctorat à l’université d’Anvers sur les aspects juridiques et la signification sociale de ce type de relation. « Différents facteurs jouent un rôle dans l’augmentation du nombre de couples non-cohabitants, explique-t-elle. Les jeunes restent plus longtemps à la maison. Nous vivons également plus longtemps et, aujourd’hui, le divorce est la raison la plus courante de la fin d’un mariage. Or les personnes divorcées se remarient plus souvent que celles qui perdent leur partenaire. Les divorcés optent plus facilement pour ce genre de relation, tout comme ceux qui rencontrent un nouveau partenaire qui vit loin ».

Et de faire la distinction entre les couples non-cohabitants transitoires et ceux qui le font de manière permanente. Les premiers ne vivent pas encore ensemble, pour toutes sortes de raisons, mais ils ont l’intention de le faire, tandis que les seconds n’ont pas l’intention de le faire un jour. « On peut également distinguer ceux qui choisissent cette forme de relation en raison de circonstances extérieures, parce que c’est pratique ou une nécessité et ceux pour qui c’est un vrai choix conscient. Nous voyons cela plus souvent chez les personnes qui sont vraiment enracinées dans leur chez-eux et qui ont leur propre vie ou maison depuis longtemps » décrypte-t-elle.

Chloé De Bie, auteure de En ze leef nog lang en gelukkig (Et ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps), constate également cette différence dans sa pratique de psychologue clinicienne. « Les gens ne choisissent pas d’être un couple non-cohabitant parce qu’ils ne peuvent pas vivre ensemble, mais plutôt parce qu’ils peuvent ainsi façonner leur relation comme ils le souhaitent. Il s’agit donc souvent de raisons pratiques, mais parfois aussi parce qu’ils ne veulent pas répéter les erreurs de leurs relations précédentes, ou parce qu’ils se sont construit une vie qui leur convient et qu’ils ne veulent pas l’abandonner ».

En couple, mais séparément, « le meilleur des deux mondes »?

« J’ai une relation de couple non-cohabitant » s’amuse Marie, la vingtaine. Elle vit à Gand, avec sa mère. Son petit ami a son propre studio à Bruxelles. « Comme Stef travaille à Bruxelles et moi à Gand, nous avons maintenant une relation de couple non-cohabitant. Ça marche bien, on aime tous les deux faire nos propres trucs pendant la semaine. Bien sûr, nous allons vivre ensemble un jour, mais la question est de savoir quand… Stef aimerait que ce soit déjà pour après-demain, mais j’aime toujours autant vivre à l’Hôtel Maman » sourit-elle.

Grace (38 ans) et Nathan (45 ans) considèrent également que leur relation en mode chacun chez soi est temporaire. « J’ai deux adolescents, et les jumelles de Grace ont neuf ans », dit Nathan. Quand on s’est rencontrés, former une grande famille ne semblait pas être une bonne idée. Trop de différence d’âge, trop de différence de style de vie et de façon d’élever les enfants aussi. Donc Grace et moi sommes juste toutes les deux pendant la semaine quand les enfants sont absents, et l’autre semaine, nous nous voyons presque tous les jours, mais nous ne vivons pas ensemble. Nous voulons emménager ensemble quand tous nos enfants seront partis, mais les filles de Grace m’ont récemment demandé si je pouvais emménager avec elles quand ma plus jeune fille partira à l’université. Alors peut-être que ça arrivera plus tôt que prévu. Je m’en fais une fête, honnêtement ».

Paul (69 ans) et Godelieve (72 ans) n’envisagent quant à eux pas autrement leur couple. « J’étais mariée depuis 32 ans quand j’ai découvert que mon mari était un goujat infidèle » soupire Godelieve. « Pendant tout ce temps, j’étais la femme au foyer, qui cravachait et faisait tout pour sa famille, mais après mon divorce, je me suis dit plus jamais ça. J’ai acheté un appartement en bord de mer et j’ai rapidement fait la connaissance de Paul. Un homme charmant, mais aussi un peu solitaire. Il regarde beaucoup de sports en sous-vêtements, tout en picorant un poulet rôti. Nous sommes en couple depuis onze ans maintenant, chacun chez soi ».

« J’ai lu un jour quelque part qu’elle peut apporter son sac à main, mais pas sa valise » s’amuse Paul. « Je n’ai jamais vécu avec quelqu’un. Jusqu’à l’âge de cinquante ans, j’ai travaillé comme un fou et n’ai eu que des relations fugaces. Puis je suis tombé amoureux de quelqu’un qui voulait qu’on vive ensemble. Mais je ne voulais pas et cela a provoqué la fin de cette relation. Du coup quand j’ai rencontré Godelieve lors d’une fête d’amis, je lui ai dit le soir même que je ne voulais jamais vivre avec quelqu’un. Heureusement, elle m’a immédiatement répondu : « Moi non plus ». Nous avons le meilleur des deux mondes. L’amitié, l’intimité et le soutien qu’il peut y avoir dans une relation, mais aussi l’indépendance et le confort de vivre seul ».

Les avoirs et la maison

Il n’y a pas encore si longtemps, les personnes qui optaient pour une relation de couple non-cohabitant, étaient considérées comme un peu excentriques selon Vicky Lyssens-Danneboom, qui pointe que « pendant longtemps, il s’agissait d’un groupe restreint et aux motivations souvent très personnelles ». Son travail l’a amenée à effectuer des recherches et à mener l’enquête lors de longs entretiens avec quelque 54 personnes qui bien qu’en couple préfèrent vivre seules : « Aujourd’hui, nous constatons que l’on attache plus d’importance à l’individualisme et au développement personnel, mais ils sont encore nombreux à justifier leur choix par d’autres circonstances, souvent pratiques ou externes ».

Les avoirs et la maison, voilà comment Dimitri Mortelmans résume la situation. « Qui a gardé la maison après un divorce, n’a pas toujours envie de la quitter et opte pour ce genre de relation. Il y a aussi des personnes divorcées avec des enfants qui préfèrent ne pas former une nouvelle famille recomposée, parce que c’est trop difficile pour les enfants. Les enfants adultes et les petits-enfants peuvent aussi être une raison. Certains enfants n’hésitent pas à s’immiscer dans la relation d’un parent, parfois parce qu’ils veulent que les biens restent dans la famille. Le temps consacré à leur propre famille ou leurs petits-enfants joue également un rôle ».

« Il arrive donc que les gens mettent leurs propres désirs relationnels de côté pour leur famille, explique Mme Lyssens-Danneboom, mais ce n’est pas la seule raison. Il y a des personnes qui travaillent dans différents endroits et ne peuvent pas se déplacer facilement, et aussi des personnes qui reçoivent des allocations qui seraient réduites si elles ne vivaient plus seules. Ce qui ressortait des entretiens, c’est qu’en grattant un peu on finissait souvent tout de même par tomber sur quelque chose qui ressemblait à une peur de l’engagement. Parfois, les raisons pratiques invoquées n’étaient qu’une excuse qui masquait le fait que, dans le fond, ils préféraient vivre seuls ».

« Bien sûr qu’ils allaient vivre ensemble », a longtemps pensé Deborah, la quarantaine. « Ma fille Nina était encore petite lorsque je me suis séparée de son père et que je suis tombée amoureuse de Thomas. Je n’ai pas voulu qu’on vive ensemble pour ne pas accabler davantage Nina, mais aussi parce qu’il avait déjà trois enfants. (rires) Cette année, Nina est partie à l’université et les enfants de Thomas seront partis dans environ trois ans. J’avais l’habitude de rêver à une lointaine vie ensemble. Maintenant que cela se rapproche et devient plus concret, je ne sais pas si je le veux toujours. Nina est souvent absente, avec son petit ami ou ses amies, et je profite pleinement de la paix et de la tranquillité à la maison. J’ai un travail très prenant et j’ai besoin de beaucoup de temps de repos. Pas d’écrans, juste de la musique, un bon livre, de la peinture ou du dessin et je ne vois pas passer les heures. J’ai peur que cela ne soit plus possible lorsque nous vivrons ensemble, car Thomas est une personne assez hyperactive. Cela devra en tout cas faire l’objet de longues discussions ».

Les joies sans les fardeaux

« Une relation de couple non-cohabitant est la seule relation dans laquelle vous pouvez être en désaccord sur votre forme de vie commune » sourit Dimitri Mortelmans. « Les couples mariés et cohabitants vivent ensemble, point final. Dans le cas de ces couples, il est possible que l’un des deux en soit l’initiateur et que l’autre le subisse, mais que l’autre ne le veuille pas. Et ce qui est fascinant, c’est que la recherche montre que c’est clairement lié au genre ».

« Il existe un groupe de femmes, souvent un peu plus âgées, qui attachent une grande importance à leur indépendance et ne veulent donc plus vivre avec quelqu’un », explique Mme Lyssens-Danneboom. « Souvent, elles n’ont pas eu un très bon mariage, avec des divisions de rôles traditionnelles jouant en leur défaveur. Elles souhaitent toujours profiter du plaisir d’une relation, mais pas les tâches qui l’accompagnent. Les joies, mais pas les fardeaux en quelque sorte. Dans le cas de personnes âgées, les hommes sont souvent désireux de vivre ensemble. Si une femme reste fermement sur ses positions et refuse, par exemple, tout soutien financier de la part de l’homme, cela peut même être ressenti comme un rejet par les hommes plus âgés qui ont grandi avec le modèle que l’homme était le soutien de famille. Il arrive aussi que des hommes âgés souhaitent vivre ensemble parce qu’ils veulent ou ont besoin des soins de la femme. Pour eux, la vie commune est plus bénéfique que pour les femmes. Si l’on creuse suffisamment, il apparaît que nous sommes encore très traditionnels dans nos conceptions des rôles, car si ce « besoin d’indépendance » est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes, il se cantonne malgré tout à un groupe assez restreint ».

Un groupe auquel appartient Pascale. Son petit ami Rob veut qu’ils vivent ensemble, mais elle ne veut pas. « Son argument est que nous pourrions acheter un appartement plus grand » dit Pascale, 70 ans. « Mais qui va le nettoyer, à votre avis ? Moi, bien sûr. Alors non, merci. J’ai élevé trois enfants et me suis occupée de mon mari malade pendant quatre ans. Cela a été suffisant. Rob a été très malade à cause du Covid et bien sûr que je me suis occupée de lui. Mais sa fille et sa belle-fille en ont fait autant. Il y a eu des questions à ce sujet, oui, mais j’ai septante ans maintenant, je dois fixer mes limites. Et c’est plus facile si on ne vit pas ensemble ».

Prendre des décisions plus conscientes

« Ce que ce type de relations montrent clairement, c’est que dans notre société actuelle, nous avons beaucoup d’options », estime Mme Lyssens-Danneboom. « C’est une bonne chose, car cela signifie que les gens sont plus libres, mais cela a des conséquences dont les gens ne se rendent parfois pas compte. Il oblige les gens à réfléchir à ce que signifie exactement pour eux d’avoir une relation, mais aussi ce qu’est l’amour. En outre, ils doivent mettre en place des choses qui sont normalement automatiquement organisées dans le cadre d’un mariage traditionnel. Les gains et les pertes liés au choix de vivre ensemble ou non n’en ressortent que davantage. Ces décisions concernent la fréquence à laquelle vous vous voyez, ce que vous partagez et ce que vous ne partagez pas, mais aussi, par exemple, le cadre juridique. Ces relations n’ont aucun cadre légal, de sorte que, légalement, les deux partenaires du couple sont étrangers l’un à l’autre ».

Selon Chloé De Bie, le fait que les individus disposent de plus d’autonomie dans une relation de couple n’est pas une mauvaise chose en soi. « Mais souvent, les gens ne pensent pas aux conséquences. Vous devez trouver un équilibre entre vos propres besoins et ceux de votre partenaire et discuter de chaque détail, alors que, lorsque vous vivez ensemble, beaucoup de choses se font toutes seules. Et s’il y a un conflit, vous pouvez simplement claquer la porte. Du coup les problèmes risquent de devenir latents par manque de discussion. Cela peut provoquer de la frustration, de la tristesse et de l’anxiété, il faut donc faire attention. Les personnes qui vivent ce genre de relation doivent être ouvertes sur leurs besoins et leurs désirs. Cela signifie qu’ils doivent vraiment réfléchir à ce que sont ces besoins et ces attentes. Quand vous entrez dans un mariage traditionnel, vous avez plus d’outils. Dans un mariage traditionnel, ce que l’on attend de vous est plus clair. Ce n’est pas le cas dans ce type de relations. Aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes responsables de notre propre bonheur. Si vous choisissez de vous marier, de vivre ensemble ou d’avoir une relation de couple non-cohabitant vous ne pouvez pas vous plaindre si cela ne fonctionne pas, car c’était votre choix. Mais ne vous faites pas d’illusions : chaque relation est différente, même si elle correspond aux lignes traditionnelles, car elle est la combinaison de deux individus ».

Mais est-on vraiment un « vrai » couple?

Mais est-on « un vrai couple » dans ce genre de configuration? Oui, conclut Vicky Lyssens-Danneboom. « Il est devenu socialement acceptable de ne pas vivre ensemble et d’être quand même ensemble. Les personnes auxquelles j’ai parlé ont été traitées comme un couple et invitées ensemble, par exemple ». Dimitri Mortelmans compare l’évolution des mentalités face à ce genre de relation à celle qu’a connue la vie en commun sans être marié. « Les personnes qui voulaient le faire devaient d’abord convaincre leurs parents, puis leurs grands-parents. Lorsque la grand-mère commence à penser que c’est normal, cela devient un phénomène complètement accepté, et c’est ce qui est arrivé aux relations de couple non marié aujourd’hui ».

Les recherches de Vicky Lyssens-Danneboom ont également révélé que les couples non-cohabitant par la force des choses se comportent financièrement comme des couples mariés. « J’ai vu beaucoup d’arrangements flexibles, mais plus le couple est ensemble depuis longtemps, plus il s’apparente à un mariage et plus on constate un mélange financier et un effacement des frontières financières. Les deux ménages, bien que physiquement séparés, ne font de plus en plus qu’un. Il est également frappant de constater que les modèles de genre sont profondément enracinés. Les hommes semblent encore souvent apporter une contribution financière plus importante, en tant que soutien de famille, et les femmes s’occupent plus souvent des tâches de soins, comme le repassage et la cuisine. Les couples se soutiennent donc mutuellement de la même manière que les couples cohabitants classiques, et cela se remarque d’autant plus que la relation dure. C’est beaucoup moins vrai pour ceux pour qui cette non-cohabitation est un choix. Dans le cas des personnes qui considèrent leur non-cohabitation comme permanente, il existe souvent une sorte de pot commun. Surtout avec les couples non-cohabitants un peu plus âgés ».

Mais ce n’est pas parce que leur entourage les considère comme un vrai couple qu’ils comprennent la situation remarque-t-elle encore. « Ils veulent savoir pourquoi on ne veut pas vivre ensemble si on s’aime. Bien sûr que nous nous aimons, sinon nous ne serions pas ensemble. Mais notre amour est un peu en dehors des lignes. Ce qui est également frappant, c’est qu’Alain et moi avons décidé ensemble de vivre à nouveau séparément lorsqu’il s’est rétabli, mais on me reproche seulement à moi de ne pas être assez attentionnée et donc peut-être trop égoïste pour que cela soit un « véritable » amour. Un collègue m’a dit qu’il ne tolérerait jamais une femme qui ne veut pas être ensemble à plein temps, ni s’occuper de lui. Et là je me dis : « Qui est égoïste ici ? » s’insurge Françoise.

« Dans notre société actuelle, tout est plus flou, y compris les relations. Les relations ne sont peut-être plus éternelles, mais la norme est toujours de vivre ensemble et d’avoir des enfants. Si vous ne le faites pas, cela fera l’objet de questionnements. Et la pandémie a fait que nous nous posons tous plus de questions de toute façon » avance Chloé De Bie. « Les couples qui ne vivaient pas ensemble ont été forcés de trancher pendant les confinements, et certains ont décidé qu’ils voulaient vivre ensemble après tout. D’autres qui vivaient ensemble ont fait le chemin inverse et ont été vivre dans des endroits distincts. Certains couples qui étaient déjà en difficulté et qui étaient obligés de vivre les uns sur les autres ont décidé de se séparer. Le Covid a poussé à l’autoréflexion et a accéléré certaines décisions ».

« Je ne suis pas apte à vivre avec quelqu’un » s’amuse Eline, 40 ans. « Je n’ai aucune patience, je n’aime pas faire de compromis et je ne suis pas très tolérante envers les petites manies des autres ». « Elle n’exagère pas » acquiesce son petit ami Peter, 42 ans. « Nous nous aimons à en mourir, nous avons la même vision du monde et des intérêts similaires, mais nous nous entretuerions si nous vivions ensemble. Je suis pointilleux sur les détails, elle laisse tout traîner. Je suis plutôt du soir, elle se lève à cinq heures et demie. Je survis avec des bananes et des yaourts, elle cuisine tous les jours ». Ils sont ensemble depuis seize ans, mais n’ont jamais vécu ensemble et n’ont pas d’enfants.

« Nos parents et amis comprennent, car ils nous connaissent. Mais ils nous donnent encore parfois le sentiment que nous n’avons pas une « vraie » relation. Alors même que je suis plus proche de Peter que ma soeur et mes amies ne le sont de leur mari avec qui elles vivent, et que nos contrariétés et frustrations quotidiennes sont plus rares, simplement parce que nous avons chacune notre propre nid, assure Eline. En plus, le sexe est toujours génial parce que la routine n’a jamais eu le temps de s’installer. Je veux vieillir avec Peter, mais chacun chez soi ».

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