VRAI/FAUX | Est-il risqué de mettre du parfum lorsque l’on s’expose au soleil ?
Eruptions cutanées, rougeurs, plaques, sillage « qui tourne ». Faut-il réellement craindre ces effets indésirables lorsque l’on expose sa peau directement au soleil après avoir mis son parfum?
Pour bon nombre d’entre nous, mettre du parfum le matin est le geste de beauté ultime. Celui qui « termine » la silhouette. Et signe olfactivement notre humeur du jour. Au plus chaud de l’été pourtant, en particulier lorsque l’on expose directement sa peau au soleil, la prudence s’impose. « Certains ingrédients présents dans les parfums peuvent en effet être photosensibilisants, alerte Anthony Boivin, directeur de la communication scientifique de l’enseigne de parfumeries April. Ils peuvent provoquer une réaction cutanée. Celle-ci peut entraîner des rougeurs, de l’eczéma, des taches brunes ou des brûlures. »
Des molécules phototoxiques
Heureusement plutôt rares, ces réactions peuvent hélas toucher également des personnes qui n’ont pas d’allergies connues, comme le souligne Kristof Lefebre, parfumeur et fondateur de la marque belge Miglot. « Certaines molécules sont dites phototoxiques, autrement dit leur phototoxicité est indépendante d’une réaction immunologique, met en garde celui qui est aussi pharmacien. C’est notamment le cas des bergaptènes. Ce composé organique est présent par exemple dans les huiles essentielles d’agrumes. Celles-ci sont utilisées fréquemment dans les notes de tête des parfums. »
Ces accords frais sont particulièrement recherchés en été. « Mais la présence de ces substances connues pour leur photosensibilité dans les parfums est extrêmement réglementée par l’Union européenne, nuance Anthony Boivin. « Il existe des seuils de concentrations maximales fixés pour protéger les consommateurs, appuie Kristof Lefebre. Cela ne garantit pas à 100% l’absence de réaction phototoxique. Mais cela en réduit très certainement les risques ».
Des huiles essentielles plus « propres »
Leur usage n’est donc pas formellement interdit. Rien n’oblige non plus les fabricants de parfums à mentionner la présence de ces composés critiques dans leur formule. Faut-il dont se méfier des notes dites « hespéridées » – un terme qui regroupe toute la famille des agrumes utilisés en parfumerie – que l’on retrouve en overdose dans les « eaux fraîches » et autres Cologne ?
« Grâce aux avancées technologiques dans les méthodes de distillation et de purification, il est aujourd’hui possible de produire des huiles essentielles débarrassées des bergaptènes, se réjouit Anthony Boivin. Ces versions purifiées sont de plus en plus utilisées. Ainsi que des alternatives qui reproduisent la note hespéridée (NDLR: notamment via la synthèse) sans les risques associés ».
Et l’alcool alors?
Présent en masse dans les parfums, l’alcool est également montré du doigt même s’il n’est pas a proprement parlé phototoxique ou photoallergique. « Il a tendance à dessécher la peau, encore plus lorsque celle-ci est exposée au soleil, reconnait Kristof Kristof Lefebre. Cela peut augmenter sa sensibilité à certains ingrédients contenus dans la fragrance »
Les formules dites « à l’eau » ou « sans alcool » peuvent donc s’avérer préférables… même si les agents photosensibilisants restent toujours présent dans le concentré parfumé. « Elles sont souvent moins concentrées en parfum… ce qui limite de facto le risque de réaction », poursuit notre expert.
Vive la brume pour cheveu?
Même constat pour les « brumes cheveux » qui connaissent un vrai boom en ce moment. « La fibre capillaire est une matière morte, pointe Anthony Boivin mais elle peut néanmoins s’assécher. Il est conseillé de choisir des compositions formulées spécialement pour les cheveux qui contiennent en prime des ingrédients qui prendront soin de la chevelure ». Comme des agents hydratants, émollients ou des filtres solaires. « Attention toutefois à ne pas les vaporiser sur le cuir chevelu… qui peut lui aussi réagir à la présence de certaines molécules », insiste Kristof Lefebre.
On notera aussi qu’un parfum porté à même la peau surchauffée verra aussi son sillage se modifier. « L’odeur naturelle de notre peau influencera toujours l’expérience olfactive, précise Kristof Lefebre. Ce phénomène n’a rien de saisonnier. Même s’il peut se trouver amplifié l’été. Lorsque nous transpirons abondamment, notre sueur – et les bactéries qu’elle contient responsables des odeurs désagréables- va se mélanger à notre parfum ».
Une architecture modifiée
Les notes de tête fraîches vont s’évaporer plus rapidement laissant plus de place au fond plus opulent. « La pyramide olfactive s’en trouve donc bousculée, abonde Anthony Boivin. La chaleur et l’humidité vont jouer sur la volatilité des composants en modifiant ainsi la rémanence ».
Pour se parfumer sans risque sous le soleil, nos deux experts nous encouragent à adopter quelques gestes simples: vaporiser – à distance – son sillage sur ses vêtements et évitez les zones directement exposées.
Conclusion : Certaines molécules contenues dans les parfums peuvent être phototoxiques. Toutefois, la réglementation européenne limite drastiquement les concentrations autorisées. Le risque est donc limité. Par mesure de précaution, optez l’été pour des brumes ou des parfums pour cheveux. Préférez la version la plus « légère » de votre sillage favori. Evitez le parfumage direct sur la peau.
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