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Une maison en parfaite symbiose avec son jardin. © Veronique De Walsche / Artifix

Une villa organique en symbiose parfaite avec son jardin

Une grande maison ne doit pas forcément être visible. Celle en forme de donut de Gerrit et Nathalie est en partie enterrée et se fond en toute fluidité avec les talus, les graminées, les chênes anciens et les prairies fleuries.

Quand on arrive chez Gerrit et Nathalie, on n’aperçoit de la rue qu’un intrigant entonnoir aux formes organiques qui mène vers la porte d’entrée. Celle-ci est insérée dans un talus verdoyant de trois mètres de hauteur.

Pour atteindre le niveau du jardin il faut emprunter l’escalier qui mène à l’étage supérieur. Le bureau d’architectes de Louvain DMOA s’est accroché à la pente naturelle du terrain à bâtir et a conçu une habitation qui épouse harmonieusement ce site vallonné.

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Le jardin alterne buissons architecturés, arbres hauts et graminées autour d’une belle piscine. Copyright: Veronique De Walsche / Artifix

Le jardin devient toit

«Une invisibilité maximale, tel était le point de départ de ce projet, résume le concepteur Benjamin Denef. Pour éviter que la maison n’apparaisse de manière trop dominante, nous avons travaillé notamment en sous-sol. La partie nuit est enterrée et dessinée en forme de donut. Toutes les chambres donnent sur un patio intimiste et circulaire. Au-dessus de la pente, au niveau du jardin, on a un pavillon en apparence indépendant, recouvert d’un bardage en bois vertical. On y trouve le salon, la cuisine et le coin petit-déjeuner. Cet étage est entouré d’un toit végétalisé.»

Lorsqu’on se promène sur ce toit, on dirait que l’on marche dans le jardin, mais en fait on se trouve au-dessus des chambres. Un ingénieux puzzle!

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La toiture-terrasse est l’endroit préféré de la famille. Un sentier pédestre, dont les pavés n’ont volontairement pas été taillés, serpente autour du pavillon. Copyright : Veronique De Walsche / Artifix

L’histoire des plantes

Alors à la recherche d’un terrain à bâtir en périphérie bruxelloise, il y a neuf ans de cela, Gerrit et Nathalie, les habitants de cet étonnant logis, sont finalement tombés sur cette parcelle de 33 ares aux confins du Pajottenland. L’ancienne villa sur le terrain avait disparu, mais le tandem a pris le jardin comme un signe du destin.

«Au fil des années, il était devenu complètement sauvage, mais il y avait une série de très beaux arbres, comme un chêne d’au moins 200 ans et un noyer à plusieurs troncs, se souvient Gerrit. Nous voulions un jardin ludique et impressionnant. Nous n’aurions jamais pu obtenir cet effet si nous avions dû partir de zéro.»

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La maison joue avec les niveaux afin de se dissimuler véritablement dans le terrain. Copyright: Veronique De Walsche / Artifix

Mise en scène dès l’entrée

Le bureau d’architectes DMOA a donc demandé à l’entreprise d’architectes-paysagistes Pomona d’aménager l’entrée, le patio, le toit-terrasse et l’espace vert à l’arrière. Tim De Henau a développé un projet où le jardin se fond totalement avec l’architecture. Cette trame verte commence dès la porte d’entrée.

«Pour atteindre la porte, il faut traverser une zone betonnée, décrit Tim De Henau. C’est d’emblée une expérience très particulière. Nous avons opté ici pour des pavés en pierre bleue de largeur variable pour augmenter cette tension. Une rangée ondulée d’orangers du Mexique, un arbuste ornemental au feuillage persistant, adoucit la transition entre les pavés et les murs.»

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Un tunnel mène à la porte d’entrée, créant ainsi une expérience intime. La rigidité des clinkers en pierre bleue de différentes largeurs contraste avec la bordure ondulante d’orangers du Mexique. Copyright : Veronique De Walsche / Artifix

Le rôle des graminées

Cette douceur est omniprésente dans le projet. Ainsi, les graminées donnent au jardin sur le toit une épaisseur moelleuse, les hêtres taillés de manière organique s’accordent bien au pavillon en forme de boomerang et les prairies fleuries contrastent avec les pelouses aux formes strictes et la petite piscine.

«Tout tourne autour de la connexion dans ce projet», explique Tim De Henau. Dans le patio, le févier d’Amérique, avec son délicat feuillage et son tronc erratique, fait le lien avec le jardin sur le toit. L’arbre pousse très en hauteur, ce qui fait que le regard est naturellement attiré vers le ciel. Le jardin en toiture se déroule sans rupture vers le jardin proprement dit et constitue en même temps une connexion avec l’espace de vie.

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Les graminées apportent un côté très sauvage et nature, et un paysage mouvant quand le vent se lève. Copyright: Veronique De Walsche/Artifix

Une maison en évolution

De la même façon que la maison dégage une impression d’intimité, la conception du jardin joue aussi sur cet aspect avec des buissons en forme de demi-lune, de grands arbres qui protègent du regard et procurent de l’ombre et des chemins sinueux entre les prairies fleuries qui invitent à se promener ou s’amuser.

Un jardin doit évoluer avec ses habitants. Pour l’instant, le trampoline et la balançoire sont encore des éléments importants, mais plus tard ils céderont probablement leur place pour de nouveaux besoins. De même, la végétation n’est pas figée.

Ainsi, un chêne d’Amérique pose aujourd’hui question car il est devenu trop dominant. Et les propriétaires ont constaté que les marguerites ne poussaient pas facilement. La sécheresse et l’humidité sont des facteurs à suivre de près, saison après saison.

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Les chambres donnent sur un patio accueillant où un févier d’Amérique relie le jardin au toit. La hauteur de l’arbre attire le regard vers le haut. Copyright: Veronique De Walsche/Artifix

Architecture organique et végétation

Toutefois, étonnamment, ce jardin demande assez peu d’entretien, contrairement au toit-terrasse, qui est le lieu préféré de la famille pour observer le soleil se coucher. De là, les voisins et la rue sont en grande partie cachés. Par ailleurs, un sentier sinue en faisant complètement le tour du pavillon. On remarque que les pavés ont été volontairement laissés sans découpe.

«Cela aurait provoqué une trop grande cassure avec l’architecture organique et l’utilisation de matériaux naturels, insiste Tim De Henau. Nous avons choisi de placer des pavés entiers et de remplir les espaces restants avec du thym couché et du thym commun. Cela crée un effet ludique, et c’est intéressant d’avoir des herbes aromatiques fraîches si près de la cuisine.»

Une preuve supplémentaire de cette symbiose entre conceptions intérieur et extérieur. «Ce n’est pas toujours facile, mais c’est le scénario idéal: nous réfléchissons en atmosphères et en images et les architectes-paysagistes vont ensuite développer cela dans les détails, poursuit Benjamin Denef. On arrive ainsi à une interaction où l’architecture et l’aménagement du jardin forment un concept cohérent. Ici la végétation prolonge à ce point l’architecture que le concept de «jardin» prend une nouvelle définition.»

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Les jeux de transparence estompent encore les limites entre le bâti et le végétal. Copyright: Veronique De Walsche/Artifix

EN BREF : POMONA

Cette entreprise d’architectes-paysagistes de Zandbergen a été fondée en 1998 par Koen Bevernage et Frederik D’Hauwer. Pomona se concentre sur la conception, l’installation et l’entretien de jardins privés, d’espaces verts d’entreprises, de toits-terrasses et de tout ce qui est lié aux espaces extérieurs.

La société travaille généralement dès la phase initiale en collaboration avec l’architecte pour livrer un projet total qualitatif. Elle est pour l’instant constituée d’une équipe de 12 personnes.

pomona.be

EN BREF : DMOA

Ce bureau d’architectes de Louvain a été fondé par Benjamin Denef et Matthias Mattelaer en 2009.

DMOA a déjà reçu plusieurs prix, dont le prix BIS architecture en 2019 et le Jo Crepain Award en tant que bureau d’architectes parmi les plus innovants. Récemment, le bureau s’est vu décerner pour la deuxième fois un Henry van de Velde Award, cette fois avec Lie Bormans et la section Research(x)Design du département Architecture de la KUL.

dmoa.be

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