Visite de la villa d’architecte de Guy et Myriam Ullens de Schooten, écrin pour oeuvres d’art en pleine nature à Lasne

villa Lasne Myriam Ullens Corbiau
Lut Clincke Journaliste

L’art, la nature et les voyages sont un fil conducteur dans la vie de Guy et Myriam Ullens de Schooten. Le couple coule des jours paisibles à Lasne, dans une villa perdue en pleine verdure et signée par l’architecte Marc Corbiau et le paysagiste Erik Dhont.

Au bout d’une rue étroite et sans issue de Lasne, en Brabant wallon, se trouve le domaine des collectionneurs d’art et philanthropes Guy et Myriam Ullens de Schooten. Au détour d’une allée, un imposant géant de bronze fait le guet. Il s’agit d’une œuvre de Thomas Houseago, le sculpteur britannique qui exposait l’an dernier aux musées royaux des beaux-arts. Un peu plus loin se trouve l’habitation, nichée au creux d’un parc.

Le géant de bronze de Thomas Houseago veille sur l’entrée du domaine.
Le géant de bronze de Thomas Houseago veille sur l’entrée du domaine. © MARTHE HOET

«La villa d’origine date des années 60 et était en mauvais état. Ce n’est donc pas la maison, mais le jardin et les environs qui nous ont immédiatement séduits, mon mari et moi», explique Myriam Ullens, qui a lancé il y a dix ans la Maison Ullens, une collection de vêtements de luxe.

Pour adapter entièrement l’endroit à ses besoins, le couple a engagé Marc Corbiau. L’architecte belge a su s’entourer d’un public amateur d’art dès le début de sa carrière et ses réalisations ont toujours une certaine muséalité. «Nous avions déjà travaillé avec lui pour d’autres projets et, à chaque fois, il nous a agréablement surpris. Il possède notamment un grand sens de la lumière et sait parfaitement comment l’apprivoiser au fil des saisons.»

Une vue de l’agréable coin salon avec cheminée et accès à la terrasse couverte.
Une vue de l’agréable coin salon avec cheminée et accès à la terrasse couverte. © MARTHE HOET

Si une partie du bâtiment est restée intacte, l’autre a été profondément modifiée et agrandie. Ainsi, le séjour, avec son coin salon typique des années 60, a été mis au même niveau que les autres pièces. Et dans la salle à manger, le plafond a été rehaussé pour pouvoir accueillir de hautes armoires chinoises. «Outre l’art, nous apprécions beaucoup la nature, poursuit notre hôte. Nous avons donc travaillé avec le paysagiste Erik Dhont. Ses créations partent de la personnalité du client. Pour ma part, je déteste les jardins où tout est carré. La nature doit être libre de s’exprimer. Les parterres de roses, les glycines, les formations de buis et les arbres fruitiers sont tous des éléments nouveaux.»

L’art pour méditer

La première chose que l’on remarque en entrant dans ce logis est l’œuvre d’art bleu vif d’Anish Kapoor. Sur le mur d’en face, on retrouve une version arc-en-ciel du drapeau américain, signée Jonathan Horowitz. Des œuvres d’art numériques de Refik Anadol défilent sur divers écrans. Le mur monumental est par contre étrangement vide: il y a quelques jours encore, il abritait un Sterling Ruby qui est maintenant en route pour une exposition à Dubai.

Une vue du hall où sont présentées diverses formes d’art. A droite, Rainbow American Flag de Jonathan Horowitz. Au fond à gauche, Jardins d’été de David Quayola. Et à l’avant, à gauche, Machine Hallucination de Refik Anadol.
Une vue du hall où sont présentées diverses formes d’art. A droite, Rainbow American Flag de Jonathan Horowitz. Au fond à gauche, Jardins d’été de David Quayola. Et à l’avant, à gauche, Machine Hallucination de Refik Anadol. © MARTHE HOET

Dans l’espace de vie, un triptyque attire l’attention: il s’agit d’une œuvre d’art numérique d’Anna Ridler montrant des tulipes tour à tour bourgeonnantes et fanées. «Cette création invite à la méditation et insuffle la paix dans la maison, confie l’habitante. Mes petits-enfants l’adorent, ils peuvent la regarder des heures. La jeunesse apprécie beaucoup l’art numérique. Avec mon mari, nous collectionnons ça depuis des années. Nous possédons des œuvres de 1962 à aujourd’hui, y compris des pièces signées Miguel Chevalier, qui est un pionnier dans ce domaine. Il crée des œuvres interactives gigantesques parfaites pour sublimer les grands espaces.»

L’œuvre numérique Mosaic Virus d’Anna Ridler qui crée un effet apaisant dans le coin salon.
L’œuvre numérique Mosaic Virus d’Anna Ridler qui crée un effet apaisant dans le coin salon. © MARTHE HOET

Un peu plus loin trône une installation d’Arne Quinze projetant une belle ombre sur le mur. «Arne en avait fait don aux enchères au profit de ma Fondation Mimi, qui me tient à cœur», explique l’habitante dont la fondation s’engage depuis des années en faveur des patientes atteintes du cancer du sein, Myriam en ayant malheureusement fait partie. «J’ai tellement aimé l’œuvre que je l’ai achetée moi-même. C’est un grand bonheur de pouvoir vivre entourés d’art. Nous collectionnons tout cela par amour, pas par soif de posséder. Parfois, nous vendons des pièces pour en accueillir d’autres. Nous sommes toujours très attachés aux premières pièces mais nous collectionnons désormais d’autres styles. Le monde évolue, tout comme l’art et son impact.»

Une œuvre d’Arne Quinze acquise au profit de la Fondation Mimi.
Une œuvre d’Arne Quinze acquise au profit de la Fondation Mimi. © MARTHE HOET

Ode à la lenteur

Si l’architecture est élégante, l’intérieur, lui, se veut chaleureux et accueillant, avec de beaux parquets et des couleurs douces, valorisant tant l’art moderne que les objets anciens. Sur la table basse, des statues chinoises en terre cuite, vieilles de plusieurs centaines d’années, côtoient des piles de livres d’art et d’autres décorations. Dans la salle à manger se trouvent deux armoires du XVIIe siècle provenant de Hong Kong. Elles se marient à merveille avec la grande table à manger signée Ado Chale et les chaises Pamplona d’Augusto Savini pour Pozzi.

Marc Corbiau joue avec la lumière et a créé une belle interaction entre l’intérieur et l’extérieur. La table est d’Ado Chale, les chaises Pamplona sont signées Augusto Savini pour Pozzi, recouvertes d’un tissu Pierre Frey. L’œuvre d’art Dessiner les oiseaux chanter est de Michel Paysant. © MARTHE HOET

«L’aménagement de cette maison a pris vie lentement. J’ai par exemple cherché la bonne table à manger pendant des années. Je voulais qu’elle soit assez grande pour notre vaste famille d’une part, mais aussi assortie aux armoires chinoises. J’adore le travail du designer belge Ado Chale. Nous avons finalement trouvé ce modèle des années 70 à Los Angeles dans un magasin vintage spécialisé. Aucun élément de la déco n’est ici par hasard. Chaque pièce a une histoire ou nous rappelle un voyage.» Cette affirmation vaut également pour la Maison Ullens, qui s’inspire des voyages et de l’art et constitue un excellent exemple de slow fashion.

La grande table basse accueille des livres d’art, d’anciennes sculptures chinoises en terre cuite et des objets de différentes époques et continents. Le plafond de la salle à manger a été spécialement relevé pour laisser place à des armoires du XVIIe siècle provenant de Hong Kong.
La grande table basse accueille des livres d’art, d’anciennes sculptures chinoises en terre cuite et des objets de différentes époques et continents. Le plafond de la salle à manger a été spécialement relevé pour laisser place à des armoires du XVIIe siècle provenant de Hong Kong. © MARTHE HOET
La cuisine spacieuse avec cheminée est le cœur de la maison.
La cuisine spacieuse avec cheminée est le cœur de la maison. © MARTHE HOET

Myriam Ullens de Schooten


– Elle voit le jour en Allemagne, en 1952, sous le nom de Myriam Lechien.
– Elle débute dans l’entrepreneuriat à 24 ans. Elle a notamment fondé la société Sweetly, spécialisée dans la pâtisserie.
– En 1999, elle épouse Guy Ullens de Schooten.
– En 2004, elle initie la Fondation Mimi, qui offre un soutien psychologique et des soins esthétiques aux patients atteints de cancer dans les hôpitaux.
– Trois ans plus tard, elle crée le Ullens Center for Contemporary Art (UCCA) avec son mari à Pékin, un musée d’art contemporain chinois.
– Sa propre collection de vêtements, MUS, voit le jour en 2010. Elle est rebaptisée Maison Ullens en 2012. Cette collection est née d’une quête personnelle de tenues élégantes et confortables qui sortent sans un pli d’une valise en voyage.
– Depuis, elle a inauguré des boutiques Maison Ullens à Paris, New York et Aspen. L’ouverture d’un pop-up à Anvers est prévue pour l’été prochain.
maisonullens.com

Myriam Ullens de Schooten

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