Jean Angelats, designer (J&J Ateliers): « Je viens d’une famille d’agriculteurs »

Jean Angelats J&J
Anne-Françoise Moyson

Jean Angelats est cofondateur de J&J Ateliers. Ce Français installé en Belgique allie métal et bois et réinvente chaises, tables… et désormais des modules de terrasses légers. Un mobilier qui fait les beaux jours de l’horeca à Bruxelles, mais aussi Lyon et bientôt Paris-Montparnasse. Dans son shop-galerie saint-gillois, il répond à notre interview sur le vif.

La question qu’on vous pose le plus souvent?

«Quel est ton parcours scolaire?» Et je réponds que je ne suis pas allé à l’école ou très peu et que c’est en faisant qu’on apprend.

Le sport que vous pratiquez… en pensée?

Les arts martiaux. Pas pour la bagarre, je m’en fous, mais pour cette éducation au respect.

L’endroit dont vous n’êtes jamais revenu?

Cerbère (Pyrénées-Orientales) et son Belvédère du Rayon Vert. C’est un hôtel qui date de 1905, entre la mer et la voie ferrée. Il n’a été opérationnel que trois ou quatre ans puis laissé à l’abandon. J’y vais quasi tous les ans depuis vingt ans, j’avais 18 ans la première fois. Il possède une âme particulière. Cerbère, ce n’est pas très chou, mais tout me plaît, son architecture, son emplacement, la nature.

Qui vous influence le plus?

Jean Prouvé. Je ne dirais pas que ce n’est pas ce que je préfère en termes de design et d’esthétique mais bien en pensée. Il fait partie de ces rares gars qui estiment que le design ne devrait pas être destiné qu’à l’élite. Il réfléchissait de manière ultracomplexe pour penser une architecture pour les gens qui avaient peu d’argent. C’est dommage qu’on ne le fasse plus, quand on regarde tous ces logements sociaux à chier, on n’est pas obligé de fabriquer des bâtiments merdiques pour ceux qui n’ont pas de sous.

Le plat qui vous ramène en enfance?

Le pain tomate − on frotte la croûte du pain avec de l’ail, on écrase la tomate, on met de l’huile d’olive, un peu de sel et du poivre, une tranche de jambon ibérique, c’est parfait.

La chose la plus folle que vous ayez faite?

Beaucoup, mais ai-je envie de les raconter? J’ai eu une vie atypique avant de commencer mon projet… J’ai beaucoup voyagé dans les Balkans et j’ai failli mourir en Bulgarie, je me suis fait courser par des gipsys avec des flingues, ils pensaient que je leur volais du métal…

Un métier que vous auriez pu exercer?

Agriculteur, maraîcher. Je viens d’une famille d’agriculteurs. Tout enfant, je travaillais à côté de mon père, cela me plaisait et en même temps, cela faisait partie du cursus familial. En France, il y a plus de flics que d’agriculteurs. Il y a plus de gens qui nous surveillent que de gens qui font à bouffer pour les autres.

Ce qui vous saoule vraiment?

J’aime le whisky et la picole en général… Sinon, ce qui me saoule vraiment, c’est le manque de respect pour cette terre qui n’est pas à nous.

Un (seul) mot pour vous décrire?

Têtu, jamais trop satisfait, passionné.

Votre achat le plus bizarre?

Je n’ai jamais été matérialiste. Chez moi, il y a un lit, une étagère et mes vêtements, cela se résume à deux sacs. Là où je dépense le plus, c’est dans la bouffe, je suis fasciné par ceux qui transforment les aliments, je suis comme un gamin devant la recherche culinaire.

Une idée concrète pour un monde meilleur?

Changer le système scolaire. Un enfant, ça a besoin d’être dehors, de toucher, de se faire mal, de goûter. Et pour les profs, s’occuper de trente gamins cinq jours par semaine, huit heures par jour, ce n’est pas un métier, c’est une corvée.

Ce que vous aimeriez faire, là, tout de suite?

Continuer à faire ce que je fais tous les jours. Quand je suis dans mon atelier, je suis content.

Ateliers J&J, 110, chaussée d’Alsemberg, à 1060 Bruxelles, ateliersjetj.com

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