Nos favoris de l’été: la chaise en plastique, du banal à l’iconique
On a tous déjà posé notre postérieur sur une de ces chaises en plastique blanc. Ni vraiment élégant, ni profondément confortable, l’objet a traversé le temps et donné ses lettres de noblesse à l’art de la flânerie immobile. Oui mais comment?
C’est chaque fois le même rituel, ou presque. Trouver le bon angle pour éviter que les pieds de la chaise ne se plient. Ne pas trop se pencher pour ne pas basculer brusquement en arrière. Râler un peu parce que la peau colle ou que l’assise a laissé des marques rouges sur l’épiderme. Tenter de repousser au maximum ce moment fatidique où, en fin de soirée, malgré toute notre prudence, l’un des pieds finit quand même par se rompre.
Telle est la vie immuable de la «chaise en plastique blanc», qui fait tellement partie des meubles qu’on ne la regarde même plus. Elle a écrit notre histoire estivale et s’est imprimée dans notre mémoire collective. Interrogé sur le sujet, Arnaud Bozzini, directeur du Design Museum Brussels, confirme: «C’est une chaise qui s’est emparée du monde. Elle transcende les frontières, les générations et même les classes sociales.» Il faut dire que, dès sa création, elle part du bon pied. Et plus précisément sur une vision partagée par de nombreux designers: imaginer une chaise à partir d’une seule pièce de matériau.
Chaises à la chaîne
Ce n’est qu’à partir des années 50, grâce à l’évolution de la technologie, que les premières chaises «monobloc» sont conçues. En moulant ou en pressant le plastique pour lui donner la forme désirée, on est alors capable de produire ces objets en une seule étape de production. Une époque qui marque également le début de la construction de masse et à la chaîne. Parmi les premiers modèles produits en série selon ce procédé, citons la fameuse Panton Chair (1958-68) imaginée par le designer danois Verner Panton, la Bofinger Chair (1964-68) de l’architecte allemand Helmut Bätzner, ou encore la chaise Selene (1961-68), une création du designer italien Vico Magistretti.
Les origines précises de notre trône de plastique blanc, elle, sont un peu floues. Mais on sait qu’en 1972, c’est l’ingénieur français Henry Massonnet qui conçoit un objet qui va bientôt attirer tous les regards: le «fauteuil 300», considéré comme l’archétype même de la chaise en plastoc’ bon marché. Grâce à un processus de fabrication revu et corrigé, Massonnet est parvenu à un résultat spectaculaire: réduire la durée de l’ensemble du cycle de production à moins de deux minutes par pièce. Il n’en fallait pas plus pour que sa création prenne le galaxie d’assaut à une vitesse folle. Arnaud Bozzini confirme: «C’est le mobilier le plus vendu au monde! La chaise prend son essor dans les années 80, puis, sous la houlette de l’entreprise Grosfillex, elle ne va plus jamais cesser d’enrichir sa gamme…»
La fin d’une ère?
Les raisons du succès sont évidemment très claires: «C’est une chaise qui est à la fois peu coûteuse, légère et empilable. Cela la rend très pratique. Et puis, elle s’inscrit dans notre quotidien, elle est utile. Sans oublier qu’elle ne prend quasiment pas de ride!» Une gloire qui ne se dément pas au fil des étés… et qui profite à beaucoup de monde. «Aucun brevet n’a été déposé, poursuit notre interlocuteur. Elle a donc connu une énorme prolifération et une grande utilisation populaire, tandis que des artistes se la sont réappropriés.»
Bien sûr, aujourd’hui, on voit de nombreuse détracteurs bondir… de leur chaise. A l’heure où le septième continent de plastique grossit à vue d’œil, le «fauteuil 300» a tout de la catastrophe écologique. «C’est le mobilier de l’éphémère, se désole Arnaud Bozzini. On ne se transmet plus les choses, mais on suit la mode.» Et on continue d’en produire. Encore et encore. Une réflexion qui, néanmoins, a interpellé certains designers contemporains, qui ont créé de nouvelles interprétations du monobloc pour les rendre plus uniques ou leur apposer un message. Parmi les exemples les plus marquants: la Café Chair (2006) de Fernando et Humberto Campana, Respect Cheap Furniture (2009) de Martí Guixé et le Monothrone (2017) de Martino Gamper.
1/5
© Getty Images/iStockphoto
2/5
© National
3/5
© National
4/5
© Getty Images/iStockphoto
5/5
© Getty Images/iStockphoto
1/5
© Getty Images/iStockphoto
2/5
© National
3/5
© National
4/5
© Getty Images/iStockphoto
5/5
© Getty Images/iStockphoto
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici