Trois leçons que le design devra tirer dans la vie d’après

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Devenus nos seuls cadres de vie, nos intérieurs, et tout ce qui les meuble, vont certainement évoluer dans les prochaines années. Aperçu.

1. Création participative

Depuis le début de la crise, Materialise, le spécialiste belge en impression 3D, a mis à disposition de tous son concept d’ouvre-porte main-libre. En Italie, la société d’ingénierie Isinnova a fait pareil en proposant les fichiers nécessaires à l’impression d’une valve indispensable pour relier les masques à oxygène aux appareils respiratoires. Entre-temps, des groupes de travail et plate-formes comme Project Open Air ou Coronavirus Tech Handbook ont vu le jour pour trouver collectivement des solutions face aux pénuries du secteur de la santé. Le design est donc mis au profit de la société en devenant une « oeuvre commune ». Giovanna Massoni, directrice artistique du festival de design Reciprocity, à Liège, prévoit un futur de partage et de cocréation à son domaine. « Grâce au design open source, les designers peuvent développer une idée à plusieurs, tout en l’adaptant aux exigences et besoins de leur territoire, et en la produisant localement », explique-t-elle. En fabriquant des masques sur la base de modèles mis à disposition de tous, la population est inconsciemment entrée dans ce système.

2. Ergonomie à domicile

Selon notre Institut pour la sécurité routière Vias, 22% des salariés belges ont, l’année dernière, télétravaillé minimum un jour par semaine. Mais ces derniers temps, l’espace bureau de notre domicile a été mis à plus rude épreuve. « Le mobilier existant pour bosser à la maison était jusqu’à présent plutôt multifonctionnel, son intégration dans nos milieux de vie étant privilégiée, avec entre autres des systèmes à rabattre sur le mur, observe Leen Van Aken de la haute école Thomas More, réputée pour sa section design. Cela suffit si vous travaillez là occasionnellement, mais pas plus longtemps, avec la famille autour. Les designers seront sans doute plus attentifs à cette fonction maintenant. » Cela ne concerne pas que la chaise de bureau, mais aussi l’espace, qui doit offrir une liberté de mouvement, la lumière, la qualité de l’air ou l’acoustique. « Avant, cette réflexion se limitait aux entreprises. Désormais, notre sphère privée pourrait intégrer des meubles pro, des plafonds et cloisons insonorisants et un éclairage mieux adapté, à des prix plus accessibles. »

3. Sain et propre

Depuis quelques années, les technologies « main-libre » intègrent nos vies, avec en ligne de mire une meilleure hygiène des mains: payement sans contact, robinetterie avec capteurs sensoriels, serrure et thermostat fonctionnant à distance ou encore système de reconnaissance faciale dans les aéroports… Des matériaux autonettoyants apparaissent également, du verre au plastique en passant par les textiles. Le design « propre et sain » se fait une place dans notre quotidien et cela va certainement se confirmer. « Je ne pense pas que nos intérieurs vont fondamentalement changer, mais cette crise nous rappelle que notre priorité est notre santé, souligne Quentin de Coster, designer industriel belge installé à LA. Celle-ci, ainsi que l’hygiène, étant jusqu’ici des domaines plutôt délaissés par les designers, on remarque que certains commencent à y réfléchir. Ainsi, la santé est en train de se digitaliser. A cause du Covid-19, de nombreux médecins consultent à distance. Plus tard, ceux-ci risquent d’être remplacés par des algorithmes capables d’identifier une maladie chez un patient. La smartwach est déjà un bel exemple en matière de collectes de données du genre. La purification de l’air est aussi un secteur d’avenir. Des start-up en Californie ont levé des millions et demain, ces technologies pourraient détecter la présence de virus et même les neutraliser. »

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