Visite chez Carlo Beretta, où s’entrechoquent des souvenirs de Chine et d’Afrique

Chez Carlo Beretta, directeur au sein du groupe de luxe Kering, le style est délibérément éclectique. Une déco maximaliste qui fourmille de souvenirs de voyage, de trésors de famille, et qui raconte la vie de son propriétaire.
Carlo Beretta s’était déjà souvent rendu dans cet immeuble en briques rouges de neuf étages, plusieurs membres de sa famille y ayant élu domicile. Il n’a dès lors pas longtemps hésité à s’y installer lorsqu’un appartement s’est libéré. Le bâtiment, datant des années 1930, est l’oeuvre de l’architecte milanais Giovanni Muzio. Celui-ci était membre du groupe d’artistes Novecento Italiano, qui prônait un retour aux grands courants traditionnels latins, le Graal étant l’antiquité classique. Les sols étaient alors majoritairement en terrazzo – des fragments minéraux agglomérés dans du ciment – ou en marbre, tandis que les murs de certaines pièces arboraient de grands miroirs. » Comme les sols manquaient d’uniformité, j’ai choisi d’apposer une moquette pourpre sur quasi toute la surface du logement, ce qui renforce le style asiatique de l’endroit « , explique le propriétaire. Cette couleur est d’ailleurs le véritable fil… rouge du projet.
Un album de famille
Côté mobilier, le logis accueille beaucoup de collectors, datant de la période Art déco, qui est aussi celle de la création du building. Comme dans le hall d’entrée, où un cabinet en verre des années 1930 déborde de vases, chandeliers et autres animaux stylisés. L’aménagement s’est ainsi fait en osmose avec le passé du lieu, même pour la cuisine et la salle de bains qui sont neuves mais semblent d’origine. » La pièce d’eau était en marbre, mais complètement désuète, et la baignoire sur pieds devait être enlevée. J’ai donc décidé de rénover entièrement l’espace en installant une douche, en marbre également, qui fait par ailleurs office de bain et s’harmonise parfaitement avec les carreaux originels, que j’ai conservés « , note l’habitant.
Mais ce qui frappe immédiatement les visiteurs lorsqu’ils pénètrent dans ce cadre atypique, c’est l’amoncellement de bibelots et oeuvres disparates qui couvrent les meubles, les murs et même le plancher. Beaucoup de ces trésors proviennent des grands-parents de Carlo Beretta, à l’instar des trophées de chasse africains. Une passion pour le continent noir qui se traduit notamment par un plaid panthère et des coussins disposés dans le canapé du salon… ou un pied d’éléphant qui trône près de celui-ci, vestige d’un temps où cela n’indignait personne. » Toutes ces choses font référence à des périodes importantes pour ma famille ou pour moi-même « , insiste celui qui est très tôt devenu collectionneur, comme son aïeul. » J’adore chiner sur des brocantes ou dans des boutiques d’antiquités. J’aime ça depuis l’enfance et un de mes designers favoris est Piero Fornasetti. Quand j’étais petit, je passais chaque matin devant sa boutique avec ma mère, en me rendant à l’école. Je possède des meubles, des assiettes et d’autres créations en porcelaine de ce concepteur, comme ce chat que j’adore. » Pour l’anecdote, le jeune Carlo souhaitait avoir un animal de compagnie mais ses parents avaient toujours refusé. Sa mère pensa qu’il serait heureux de recevoir ce félin immobile en guise de cadeau de Noël. Mais sa déception fut totale à l’ouverture du paquet !
L’Asie baroque
Responsable durant plusieurs années du marché asiatique pour la griffe pour hommes Ermenegildo Zegna – avant de devenir récemment directeur marketing et de la relation client du groupe de luxe Kering -, l’homme fut amené à voyager régulièrement à travers le continent, et plus particulièrement en Chine, un pays qui l’a beaucoup inspiré pour imaginer son intérieur. » Je me trouvais par chance à Shanghai lorsqu’une société de production de films a fermé ses portes et a vendu tout ses biens aux enchères, dans les années 1970. Le paravent laqué mais aussi de nombreuses photos et lampes viennent de là. » Le directeur commercial avoue d’ailleurs passer ces moments libres à chiner, lorsqu’il se rend dans cette partie du monde. Et ce pour recréer dans son domicile une ambiance à la fois baroque et orientale, comme dans sa chambre où les parois sont couvertes de peintures d’artistes de là-bas tandis qu’une table à thé a pris place près de la fenêtre, le tout dominé par la teinte rouge, une fois de plus.
C’est donc ainsi que Carlo Beretta se sent bien, entouré des statuettes, cadres et pièces insolites qui racontent sa vie. Avec possibilité de s’évader, une fois dans son dressing aux cloisons couvertes de papier peint fleuri… Le maximalisme en plein.
Par Sisters Agency
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