Durable, la joaillerie? Le point avec 3 créatrices belges engagées
Nos bijoux sont-ils écologiques et éthiques? A l’heure où le concept de durabilité secoue le milieu de la mode, la joaillerie, elle, demande encore sa part. Trois créatrices belges font le point.
Ces dernières années, le monde de la mode a essuyé de vives critiques concernant les conditions de travail précaires des ouvriers et l’empreinte écologique de l’industrie textile. Leur écho ne laisse place qu’à une évidence: les marques doivent impérativement changer leurs habitudes et adopter des pratiques plus durables. En comparaison, le milieu de la bijouterie semble remarquablement calme… Trois créatrices belges spécialisées dans la fabrication de bijoux se sont réunies autour de notre table pour considérer les défis de leur secteur.
La première, Elisabeth Leenknegt, vient de fêter les 20 ans de sa marque Elisa Lee. Cette archéologue de formation prône les diamants naturels et l’utilisation de l’or recyclé, et emploie cinq orfèvres à ses côtés. Issue d’une famille d’artistes verriers, Elisabeth a aujourd’hui des boutiques ) Gand, Ronse, Anvers, Knokke et Louvain.
Après douze ans dans l’industrie du diamant, Priyanka Mehta fonde, elle, son label, Nue, en 2019. Forte de son expérience, cette entrepreneuse née à Anvers, qui termine actuellement une formation de quatre ans en orfèvrerie et s’est fait connaître à l’international grâce à la série Netflix Emily in Paris, ne travaille plus qu’avec des diamants de synthèse. En collaboration avec un orfèvre anversois, elle crée des bijoux à partir d’or recyclé, acheté à l’étranger.
Après sa formation en orfèvrerie, Line Vanden Bogaerde se lance pour sa part dans la confection de ses propres bijoux en 2010 après avoir travaillé comme illustratrice et artiste plasticienne et enseigné à l’Académie des beaux-arts. Dans son atelier gantois, la designer crée des accessoires à partir de pierres naturelles et d’or éthique qu’elle commercialise sous son propre nom.
Plusieurs secteurs se sont lancés dans une révolution verte et sociale, mais l’industrie de la joaillerie semble à la traîne.
Priyanka Mehta: Les consommateurs sont de plus en plus attentifs à l’empreinte de leur consommation globale, mais notre industrie manque encore cruellement de transparence.
Line Vanden Bogaerde: C’est étonnant de constater l’ignorance qui entoure le bilan carbone de la joaillerie, même parmi les professionnels. Nous devons réellement attirer l’attention sur le coût environnemental de notre activité.
Priyanka Mehta: J’ai quand même l’impression que les consommateurs commencent à se soucier de la question. Je rencontre déjà des clients pour qui l’éthique est primordiale, bien que ce public reste encore assez restreint.
Elisabeth Leenknegt: En tant que labels, nous répondons d’un devoir d’information. Nous devons intensifier le dialogue sur la durabilité et renforcer la pression sur l’industrie. La mentalité de la clientèle avance déjà en ce sens depuis une vingtaine d’années. Malheureusement, dans un secteur où les enjeux financiers sont élevés, la transparence est rarement de mise.
Les orfèvres qui optent pour une fabrication durable peuvent choisir de travailler l’or extrait de manière équitable ou l’or recyclé. Quel a été votre choix?
L.V.B.: Notre production ne sera jamais réellement durable, car après tout, notre métier consiste à créer de nouvelles choses. Personnellement, je travaille l’or équitable, car c’est l’alternative qui me paraît être la plus intéressante en tant que joaillière.
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Qu’entendez-vous par là exactement?
L.V.B.: Les mineurs travaillent dans des conditions précaires. Ils sont exposés à des substances toxiques, comme le mercure qu’ils utilisent pour séparer l’or de la roche. Certaines mines emploient également des enfants non scolarisés, parfois contraints à porter de lourdes charges. L’extraction et les procédés nécessaires à la fabrication d’une alliance en or classique génèrent en moyenne 20 tonnes de déchets toxiques. Grâce au label Fairmined, vous pouvez vous assurer que votre bijou est le produit d’une extraction équitable. Personnellement, je m’approvisionne dans la mine d’Iquira en Colombie, car je sais que son activité répond à des normes exigeantes en matière de responsabilité sociale et environnementale. Alors oui, le métal coûte environ 25% plus cher, ce qui se répercute forcément sur mes marges, mais je ne m’imagine pas faire autrement.
E.L.: J’ai également opté pour cette option au début, mais aujourd’hui, nous travaillons principalement l’or de seconde main que nous recyclons dans notre atelier. Nos clients nous rapportent régulièrement leurs vieux bijoux. Il y a quatre ans environ, le stock accumulé nous a permis de sauter le pas et de nous lancer dans notre propre recyclage. C’est sûrement mon côté archéologue qui parle, mais je pense que nous devrions veiller davantage à la préservation de nos réserves naturelles. Nous avons déjà remonté tant d’or à la surface, pourquoi ne réutilisons-nous pas celui-ci dans un premier temps?
P.M.: Malheureusement, tout l’or du monde n’est pas exploitable. Pour cause, les banques conservent plus de 60% du métal jaune, bien au chaud, dans leurs coffres.
Vous avez également choisi de travailler l’or recyclé…
P.M.: A mes débuts, je me fournissais en matériaux certifiés Fairmined ou Single Mine Origin (NDLR: label attribué aux mines qui respectent des normes sociales et environnementales strictes). Je suis enthousiaste à l’idée que certains se battent pour réformer le système et créent de nouvelles initiatives en ce sens, même si pour moi, le recyclage reste la meilleure des options. Tous les bijoutiers transforment les bijoux rapportés par leurs clients pour en créer de nouveaux, autrement dit, nous pratiquons déjà tous l’upcycling. Cette approche circulaire reste l’option la plus durable. Je n’ai plus acheté d’or recyclé depuis 2021. A l’époque, je me fournissais encore par l’intermédiaire d’Umicore, une société qui filtre l’or, notamment dans les déchets électroniques. Entre notre réserve et ce que les clients continuent de déposer, nous n’avons plus de souci à nous faire.
L.V.B.: Lorsque nous recyclons un métal, nous ignorons généralement tout des conditions dans lesquelles celui-ci a été extrait à l’origine. Fairmined offre des réponses que vous n’obtiendrez jamais avec de l’or recyclé.
Ne devrions-nous pas favoriser la préservation de nos réserves naturelles?
L.V.B.: Le problème réside dans notre incapacité à déterminer l’origine de l’or recyclé. En l’absence d’un système de traçabilité, nous ignorons tout de sa provenance. Une portion de l’or recyclé vendu sur le marché européen serait en réalité le fruit de l’orpaillage illégal, et ce phénomène gagne de l’ampleur à mesure que la demande augmente. Quoi qu’il en soit, on continue d’extraire de l’or pour satisfaire une demande croissante. L’or recyclé ne représente que 23% du marché. Je préfère donc apporter ma pierre à l’édifice en ne travaillant qu’avec de l’or issu de l’extraction équitable. Au moins, l’or que nous recyclerons dans le futur aura été extrait de manière éthique.
E.L.: Mais cette pratique épuise nos sols et requiert une quantité d’énergie colossale…
L.V.B.: Pas plus que le recyclage. On dit souvent que l’or recyclé consomme moins d’énergie que l’or conventionnel. Mais ça, c’est sans compter le coût énergétique du raffinement.
E.L.: C’est vrai si la fusion a lieu dans une raffinerie, mais dans mon atelier j’utilise un creuset.
L.V.B.: Je refonds l’or qu’on m’apporte, mais seulement en quantité nécessaire pour recréer une pièce spécifique. Pour moi, l’idéal serait d’utiliser de l’or recyclé extrait de manière équitable.
La société ne réalise pas à quel point les bijoutiers doivent suivre l’actualité géopolitique…
L.V.B.: Plus on en sait, plus on se sent responsable, mais chacun est libre d’agir en conséquence ou non.
P.M.: Et malheureusement, beaucoup n’assument pas cette responsabilité. Pour certains, le profit passe avant tout.
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Un autre sujet d’actualité brûlant est l’augmentation du prix de l’or…
E.L.: Cette hausse est positive pour l’environnement. Nous, bijoutiers, sommes pleinement conscients de la valeur de notre métal. C’est pourquoi nous récupérons tous les restes d’or, de la limaille aux particules fixées sur notre papier de verre. L’or gagne en valeur et nous sommes encore loin d’imaginer l’étendue de ses applications futures, dans l’aérospatiale comme en médecine.
P.M.: L’or est un actif stable. C’est pourquoi il est préférable d’investir dans des bijoux en or brut plutôt que dans du plaqué ou d’autres métaux précieux. Nous sommes forcés d’observer une corrélation entre valeur, qualité et durabilité.
Qu’en est-il de l’argent?
E.L.: Les clients sont prêts à payer le prix fort pour se parer d’or et de pierres fines. Pour l’argent, c’est une autre histoire. Son recyclage s’avère également nettement moins rentable. Je ne dénigre pas l’argent, mais il n’est pas intéressant pour nous de le travailler. Nous avons choisi de devenir une marque haut de gamme spécialisée dans l’or et les pierres fines.
L.V.B.: C’est plus difficile pour moi. J’aime concevoir des objets imposants, et l’or, à la fois lourd et coûteux, ne me le permet pas vraiment. J’aimerais donc continuer à travailler l’argent, mais je dois l’admettre: ce n’est pas le matériau le plus rentable qui soit.
E.L.: Il est important de rappeler que les métaux précieux que nous utilisons ont un prix. Si un bijou est bon marché, il y a sûrement anguille sous roche. Le prix est généralement gage de durabilité, surtout pour les produits faits d’or ou d’argent.
Le client ne semble pas toujours conscient du coût réel de ce qu’il acquiert.
L.V.B.: En effet, même si cette théorie ne s’applique pas tout à fait à nos clients. J’observe que leur choix est souvent très réfléchi. Pour eux, cette acquisition est la concrétisation tant attendue de longs mois d’économie. Le durable, ce n’est pas un achat compulsif, mais l’acquisition réfléchie d’un produit conçu pour tenir.
Dans beaucoup de secteurs, des entreprises opportunistes pratiquent le greenwashing. Dans la joaillerie aussi?
P.M.: Certainement, je le vois déjà avec les pierres synthétiques. Les bijoux contenant des diamants cultivés en labo sont souvent présentés comme durables – à tort. Les bijoutiers ne devraient pas utiliser ce terme sans contexte, car la production de masse de diamants cultivés dans les labos chinois ou indiens s’avère tout sauf durable. Les émissions de CO2 des usines qui les produisent sont colossales. Même les plus grandes marques se lancent consciemment dans le greenwashing. Je vois défiler les annonces qui font la publicité de «diamants durables».
L.V.B.: Je suis ravie que nous nous rejoignons sur ce point. J’ai lu quelque part que le coût énergétique d’un diamant de laboratoire était trois fois plus élevé et plus polluant que celui d’un diamant naturel.
P.M.: En réalité, ce coût varie d’un labo à l’autre. Comme partout, certaines entreprises font plus d’efforts que d’autres.
E.L.: Aujourd’hui, de nombreux consommateurs mordent à l’hameçon et se laissent séduire par le diamant de synthèse durable. Cette tendance n’a rien de surprenant au vu de la quantité de publicités. Mais nous ignorons encore tout des pratiques de ces usines. Quelle quantité d’énergie utilise-t-elle pour fabriquer et refroidir leurs pierres? Récupère-t-elle l’eau?
Nous connaissons le poids environnemental que représente l’industrie du diamant synthétique. Quelles ont été vos démarches pour trouver un fournisseur, Priyanka?
P.M.: Les diamants ont toujours fait partie de mon quotidien. C’est un univers que je maîtrise, des usines indiennes à côté desquelles j’ai grandi, au fameux quartier d’Anvers dans lequel je travaille. S’il y a bien une chose qui m’a toujours frappée, c’est le manque de transparence entourant l’origine, la production et les traitements employés dans cette industrie. Avec les diamants de synthèse, ce problème est moindre. J’ai fait le choix de ne m’approvisionner qu’auprès d’un labo suisse qui me fournit des informations détaillées sur les coûts en énergie et les émissions produites par leur activité. Je peux même connaître la rémunération de leurs ouvriers. Chaque année, ils réalisent des audits écologiques et publient leurs rapports conformément aux normes européennes.
E.L.: Pour moi, une question subsiste: pourquoi investir autant d’énergie dans un matériau produit en masse qui n’a en réalité aucune valeur de revente? Une pierre naturelle, elle, restera à jamais précieuse.
L.V.B.: Si vous n’avez pas le moyen de vous offrir une grosse pierre, il est toujours possible d’en sélectionner une plus petite, non? Le saphir blanc est une bonne alternative pour les budgets serrés.
Vos visions sont visiblement différentes. Pourquoi avez-vous choisi de travailler avec des diamants naturels, Elisabeth?
E.L.: La pierre naturelle fait partie de l’ADN de ma marque. En tant qu’historienne, j’aime me pencher sur les moments charnières de notre existence. Les pierres naturelles sont le fruit de 3.000 années d’histoire passées aux mains de Mère Nature. Il s’agit d’objets finis, contrairement aux diamants synthétiques qui peuvent être raffinés tout au long de leur fabrication. Quelle est la valeur réelle d’un produit qui peut être fabriqué rapidement et à tout moment? Nous ne soumettons cette option qu’aux clients dont le budget est le plus restreint, mais je n’en suis pas très fière. Ces objets ne sont pas destinés à être transmis de génération en génération comme les diamants naturels.
En tant qu’archéologue, la déplétion des ressources, notamment celle de l’or, est un phénomène qui vous préoccupe particulièrement. Les diamants naturels sont-ils menacés?
E.L.: Oui, et c’est pourquoi nous encourageons nos clients à nous rapporter leurs vieux bijoux. Dans notre atelier, nous offrons un nouveau visage aux diamants pre-loved. La démarche la plus écologique reste de travailler avec de la matière déjà extraite, car après tout, le mal est fait. Lorsqu’il s’agit de produire du neuf, nous optons pour l’alternative naturelle.
L.V.B.: J’intègre souvent des diamants issus de la revente dans de nouvelles créations. Pour moi, les pierres naturelles sont bien plus précieuses que les synthétiques fabriquées en masse. Avons-nous vraiment besoin d’en produire davantage? La plupart de nos clients s’offrent du diamant à l’occasion de leurs fiançailles. C’est un achat qu’on ne fait qu’une fois dans sa vie.
E.L.: C’est vrai pour les diamants, mais pas seulement. Je n’ai jamais acheté de pierres synthétiques, je les ai toujours trouvées trop plates. Peut-être peuvent-elles égaler les pierres naturelles en termes de résistance, mais pas en termes d’éclat. C’est un peu comme comparer une banquise et le givre de votre congélateur.
P.M.: C’est peut-être vrai pour les pierres précieuses colorées comme l’émeraude ou le rubis, mais pas pour les diamants. Même les pros les plus expérimentés ne savent pas différencier le naturel du synthétique sans scanner. Le rendu est identique, mais l’acheteur devrait avoir conscience de la valeur intrinsèque de son acquisition.
Le processus de Kimberley est un système de certification créé dans le but de garantir l’origine éthique des diamants bruts et d’empêcher la vente des «diamants de sang». Quid aujourd’hui?
P.M.: Ce forum de négociation a été créé en 2003 en réponse aux guerres civiles d’Afrique. Il visait à garantir au consommateur que les diamants qu’il achetait ne soutenaient pas le trafic d’armes. Mais que savons-nous réellement du transport et des conditions de travail dans les mines, par exemple? Aujourd’hui, les diamants russes continuent de circuler, malgré le boycott. Ils entrent à Anvers par le biais d’usines indiennes qui traitent 95% du marché. Les diamants sont triés en fonction de leur couleur, de leur taille et de leur qualité, mais jamais en fonction de leur origine. Conclusion: aujourd’hui, rien ne garantit que vous ne financiez pas une guerre.
E.L.: Il s’agit en effet d’un sérieux problème qui concerne surtout la vente des petits diamants déjà taillés. Pour les plus gros, on peut faire appel à un fournisseur et acheter des pierres extraites dans des mines contrôlées. Je suis convaincue qu’il n’y a pas de piège, mais je n’en dirais pas autant des diamants de laboratoire.
L.V.B.: Mon diamantaire possède toute une série de gemmes entièrement traçables et dont il connaît exactement la provenance. Il s’occupe de les tailler lui-même dans son atelier anversois. Les mines dans lesquelles il s’approvisionne font l’objet de plusieurs initiatives visant à restaurer la nature environnante et à soutenir les communautés locales en améliorant leurs conditions de travail et l’accès à l’éducation.
Quels certificats vous le garantissent?
L.V.B.: Le processus de Kimberley, le Responsible Jewellery Council et la World Federation of Diamond Bourses en sont les garants. Malheureusement, ces certificats ne sont pas encore aussi transparents que Fairmined ou Fairtrade.
E.L.: Mon diamantaire aussi achète et taille une grande partie de ses diamants à Anvers. Ainsi, je ne passe que par un intermédiaire, dont je connais la rigueur.
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En l’absence de consensus, que peuvent faire les consommateurs s’ils veulent des bijoux durables?
P.M.: Questionner son bijoutier sur la provenance de ses matériaux et les traitements auxquels ils ont été soumis. Choisir un modèle, un fabricant et une marque en accord avec ses valeurs.
E.L.: Pour ce qui est des matériaux, si vous voulez porter un bijou toute votre vie, préférez l’or massif à l’argent ou à l’argent plaqué or.
L.V.B.: Tout dépend du mode de vie du client. Les professions manuelles et les bagues en argent font rarement bon ménage. Mais c’est lié à la robustesse du bijou. Il s’agit surtout de se demander si le matériau est massif ou pas.
E.L.: Les Américains travaillent souvent de l’or 9 carats. La norme européenne de 18 carats reste la meilleure pour garantir la confection d’un objet solide et résistant qui pourra être transmis de génération en génération.
P.M.: En outre, il est toujours possible de retravailler un bijou de famille pour l’adapter à ses goûts personnels. Pour moi, la beauté de ces bijoux réside dans le fait de pouvoir sans cesse les transformer.
Portraits des créatrices pris par Joris Casaer.
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