La sortie du nouveau film de Polanski bouleversée par les accusations de viols contre le réalisateur

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« J’accuse », la reconstitution de l’affaire Dreyfus par Roman Polanski, sort en salles mercredi sur fond d’une nouvelle affaire de viol qui vise le réalisateur et embarrasse le cinéma français.

La promotion du film, récompensé par le Grand Prix du jury à Venise, a été ébranlée, les acteurs Jean Dujardin et Emmanuelle Seigner ayant annulé des interviews télévisées tandis que des émissions enregistrées avec Louis Garrell n’ont pas été diffusées ces derniers jours.

Quelques dizaines de féministes ont bloqué mardi soir une avant-première dans un cinéma parisien en scandant « Polanski violeur, cinémas coupables » et en brandissant des pancartes sur lesquelles est écrit « Polanski persécute les femmes ».

A la principale avant-première, aux Champs-Elysées, beaucoup d’invités ont dit « dissocier l’homme du réalisateur ». « Je viens voir le travail de l’homme, du réalisateur; je ne sais pas si ce dont on l’accuse est vrai ou pas vrai », a affirmé à l’AFP Seny Carette, estimant que les acteurs du film « n’ont rien fait pour qu’on pénalise leur travail ».

Une autre invitée, Sophie Lemarrec, a souligné qu’elle allait « regarder le film en partie par rapport (aux accusations), avec du recul ».

Cette avant-première se tenait en présence d’acteurs comme Vincent Perez, Michaël Youn et Pierre Richard, des journalistes comme Anne Sinclair ou Guillaume Durand et des personnalités comme Jean Veil, fils de Simone Veil.

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.© AFP

« Persécuté »

Vendredi, le quotidien Le Parisien a publié le témoignage de la photographe Valentine Monnier qui dit avoir été « rouée de coups » et violée par le réalisateur franco-polonais en 1975 à l’âge de dix-huit ans, alors qu’elle était venue skier en Suisse avec une amie. Une accusation réfutée par l’avocat du cinéaste.

L’ARP, qui réunit plus de 200 cinéastes dont Roman Polanski, réfléchit à d’éventuelles sanctions à l’encontre de ses membres mis en cause dans des affaires de violences sexuelles, une décision qui pourrait concerner le réalisateur.

La nouvelle affaire Polanski, poursuivi par la justice américaine dans une procédure pour détournement de mineure lancée en 1977, arrive sur les écrans à l’heure où le mouvement #MeToo est revenu à la une en France après les déclarations d’Adèle Haenel qui a accusé le réalisateur Christophe Ruggia d' »attouchements » et de « harcèlement » alors qu’elle était adolescente.

Adèle Haenel, l’une des actrices françaises les plus prisées, a été l’une des rares voix du cinéma français à exprimer son soutien à Valentine Monnier.

Thriller sur fond d’espionnage, « J’accuse », raconte ce scandale majeur de la IIIe République qui a duré douze ans (1894-1906), du point de vue du lieutenant-colonel Georges Picquart, chef des services de renseignement.

Jean Dujardin campe le rôle du lieutenant-colonel, Emmanuelle Seigner (épouse de M. Polanski) celui de sa maîtresse, tandis que Louis Garrell incarne le capitaine Dreyfus.

La polémique avait rattrapé Roman Polanski à Venise quand des féministes avaient regretté la sélection en compétition du réalisateur multi-récompensé, qui a déjà été visé ces dernières années par trois autres accusations de viols, qu’il a réfutées. « J’accuse » a été récompensé du Grand Prix du jury à la Mostra, mais il a aussi suscité des réserves, notamment parce que Roman Polanski avait dit à plusieurs reprises qu’il voyait dans cette affaire un écho à sa propre histoire, s’estimant « persécuté ».

D’éventuelles sanctions contre Roman Polanski débattues par ses pairs

La Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs (ARP), organisation comprenant plus de 200 cinéastes majoritairement français et européens, examinera lundi la problématique soulevée par le réalisateur franco-polonais Roman Polanski, qui fait face à une nouvelle accusation de viol remontant à 1975.

L’ARP, basée en France, va réunir son conseil d’administration lundi et proposer « que, désormais, tout membre condamné par la justice pour infraction de nature sexuelle soit exclu et que tout membre mis en examen (inculpé, ndlr) pour la même raison soit suspendu », a-t-elle annoncé mardi dans un communiqué, qui ne cite pas nommément M. Polanski.

Si le conseil d’administration, rassemblant une vingtaine de personnes, valide cette proposition, elle ouvrirait la voie à une suspension pour une autre affaire de Roman Polanski, qui a fui les Etats-Unis en 1978 et est toujours sous le coup de poursuites dans ce pays pour relations sexuelles illégales avec une mineure.

Le réalisateur multi-récompensé et membre de l’ARP ne serait pas exclu mais « suspendu » de l’association car la procédure le concernant aux Etats-Unis est « en cours », a précisé à l’AFP son président Pierre Jolivet.

« On considère que c’est un moment assez grave pour que notre conseil d’administration s’exprime pleinement », a-t-il ajouté alors que le cinéma français a été également secoué la semaine dernière par les accusations d' »attouchements » et de « harcèlement sexuel » de l’actrice Adèle Haenel à l’encontre du réalisateur Christophe Ruggia, concernant des faits survenus alors qu’elle avait entre 12 et 15 ans.

L’ARP « se doit de prendre en compte que nos métiers, par le pouvoir qu’ils confèrent, peuvent ouvrir la porte à des excès répréhensibles. Ceux-ci ne peuvent en aucun cas être justifiés ni tolérés », indique-t-elle dans son communiqué.

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