Bye-bye Dubaï, bonjour le Qatar, nouvel eldorado des touristes et des expats

Depuis quelques mois déjà, les posts d’expats déçus expliquant pourquoi ils quittent Dubaï se multiplient aussi rapidement que les vues qu’ils engrangent. Ce qui ne veut pas dire que la péninsule arabique est has-been, pour autant, le Qatar faisant désormais office de nouvel eldorado pour les Occidentaux.
« Je regrette d’avoir quitté la Grande-Bretagne pour Dubaï, et je suis revenue aussitôt que j’ai pu ». Le témoignage, partagé sur le média en ligne iPaper, fait partie d’un nombre grandissant de récits similaires, qui laissent à penser que l’émirat, qui a longtemps fait office de terre promise pour les influenceurs et les expatriés en quête d’une vie meilleure au soleil, n’a plus la cote.
Ou du moins, plus autant qu’avant, car le fait est que cet oasis en plein désert ne manque pas de mirages. Parmi les arguments qui convainquent les néo-immigrés, on dénombre notamment la qualité de vie, les salaires non-taxés, les nombreuses attractions ainsi que la propreté et la sécurité. Ces dernières années, toujours plus de célébrités ont ainsi fait le choix de poser leurs valises à Dubaï, du boxeur britannique Amir Khan, expatrié après avoir été braqué en plein coeur de Londres, à l’actrice Lindsay Lohan, qui y a trouvé une forme d’apaisement après des années de traque par les paparazzi aux Etats-Unis. Des résidents célèbres qui contribuent aussi à l’attrait de l’émirat, même si sur place, tout n’est pas aussi idyllique que certains posts pourraient le laisser penser.
En déséquilibre
Dans une vidéo likée par plus de 2.500 personnes sur TikTok, l’Irlandaise Sinead Clifford a ainsi confié avoir décidé de quitter Dubaï après plus de deux ans sur place, une décision qu’elle aurait pu prendre plus tôt, ayant toujours rêvé « d’habiter dans de nombreuses villes différentes », mais selon elle « ce n’est pas simple de partir d’ici après un an seulement ».
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Sur Instagram, sa compatriote Aoife Clifford assure adorer sa vie aux Emirats Arabes Unis, mais avoir néanmoins ressenti le besoin d’en partir. En cause, « j’étais fatiguée, fatiguée de la routine, fatiguée de l’inconstance de Dubaï, fatiguée du rythme de travail effréné ». Car si les salaires ne sont pas taxés sur place, et que beaucoup y voient une manière de devenir (très) riches (très) vite, dans le désert comme ailleurs, l’argent ne tombe pas du ciel.
Dans une capsule intitulée « La face sombre de Dubaï dont personne ne parle, ou pourquoi les gens quittent en masse l’émirat », la consultante spécialisée dans les déménagements à l’étranger Sarika Dubey (dont la soeur habite d’ailleurs sur place) pointe ainsi que si l’absence d’impôt sur les revenus permet à certaines personnes de vivre comme des rois avec leur salaire, le rapport vie professionnelle-vie privée n’est pas du tout le même sur place.
Le fameux « 9 to 5 » n’y est en effet la plupart du temps pas respecté, et les heures supplémentaires sont monnaie courante. Et gare à celles et ceux qui ne se plient pas au rythme: s’il est possible d’obtenir un visa pour travailler sur place, l’émirat ne propose pas de procédure de domiciliation permanente (ni de naturalisation). Autrement dit, qui perd son job est également susceptible de perdre son droit de séjour dans la foulée, ce qui ne contribue pas à assainir le rapport au travail.
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Ajoutez à ça une interprétation des libertés individuelles très différente de celle qui est la norme en Occident, des températures qui frisent régulièrement les 60° Celsius et une approche « tout à la voiture » pour le moins déroutante pour les personnes qui n’aiment rien tant que de se déplacer à pied et de se balader dans la verdure, et vous obtenez un bon panorama des raisons qui font que la période de lune de miel entre Dubaï et les expats semble toucher à sa fin.
Eldorado, oui, mais…
Ce qui ne veut pas dire qu’ils tournent définitivement le dos à la péninsule arabique pour autant.
Leur nouvel eldorado? Le Qatar tout proche, décor d’un nombre croissant de publications louant les avantages d’y habiter en tant qu’expatrié. Une liste qui n’est pas sans rappeler celle qui a longtemps servi de carte de visite à Dubaï, entre sentiment de sécurité accru, propreté des espaces publics, impôts sur le revenu virtuellement inexistants et un coût de la vie qui permet d’appartenir à la classe moyenne mais de s’offrir tout de même les services de chauffeurs et personnel de maison sur place.
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Attention, toutefois: à Doha non plus, tout n’est pas rose. Si aller au restaurant ou faire les boutiques est comparativement meilleur marché que sur le Vieux continent, au moment de remplir son frigo, ce n’est pas toujours vrai, certains fruits et légumes ayant des prix exorbitants sur place. En outre, comme à Dubaï, il s’agit d’être paré à faire face à des températures qui font passer nos canicules belges pour des vagues de fraîcheur, avec un thermomètre qui dépasse régulièrement les 40 degrés.
Et c’est sans parler d’un bilan plutôt concernant en ce qui concerne les droits humains.
Un pays de cocagne chimérique
Dans son dernier rapport, Amnesty International épinglait ainsi le fait que « les femmes continuent de subir des discriminations dans la législation et dans la pratique », et qu’elles n’étaient en outre « pas suffisamment protégées contre les violences au sein de la famille ». Dans le pays, où la peine de mort est maintenue, il faut également craindre des condamnations pour des motifs tels que le blasphème (avec une peine maximale de sept ans d’emprisonnement) ou des « relations sexuelles illicites », c’est-à-dire hors-mariage. Et Amnesty de noter que « vingt et une personnes au moins, des étrangers pour la plupart, ont été condamnées à des peines comprises entre 30 et 100 coups de fouet pour « relations sexuelles illicites » ou consommation d’alcool ».
Pour sa part, le Ministère des Affaires étrangères belge recommande aux visiteurs de se tenir à l’écart des rassemblements de foule inhabituels ainsi que d’éventuelles manifestations. En effet, « le Qatar se situe dans une région instable, au carrefour de nombreuses tensions régionales. Les tensions au Moyen-Orient peuvent rapidement s’exacerber, entrainant une instabilité et une détérioration des conditions de sécurité. Elles peuvent également avoir une répercussion sur l’opinion publique ».
Et si les néo-Qataris louent tous le sentiment de sécurité qu’ils ressentent sur place, celui-ci ne s’applique visiblement pas à tous les habitants. Et le SPF Affaires étrangères de recommander « aux femmes voyageant seules, surtout le soir, d’être prudentes. Bien que cela soit rare, les femmes voyageant seules peuvent être victimes de certaines formes de harcèlement, de violence verbale ou, plus rarement, d’agressions physiques. Quelques cas isolés d’agressions sur des femmes circulant seules en taxi la nuit ont été rapportés ».
Dans le Larousse, l’eldorado est défini comme un « pays chimérique où l’on a tout en abondance, où la vie est facile », et ces chimères peuvent décidément être parfois bien éloignées de la réalité.
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