Christian Kieckens

Christian Kieckens © KAREL DUERINCKX

La Génération 74 a été pour l’architecture belge ce que les Six d’Anvers ont été pour la mode belge. Cette génération est nommée d’après l’année où cinq architectes importants ont été diplômés de Sint-Lucas, à Gand: Paul Robbrecht, Hilde Daem, Marie-José Van Hee, Marc Dubois et Christian Kieckens. Les trois premiers se sont fait un nom avec leur propre cabinet, Dubois en tant que critique d’architecture. « Quant à Christian Kieckens, il se situait quelque part à mi-chemin. Il était omniprésent », raconte Lisa De Visscher, rédactrice en chef de la revue d’architecture A+. Il a travaillé comme architecte et concepteur de livres et de magazines, a enseigné en Belgique et à l’étranger, a créé des scénographies pour des expositions… Au début des années 80, il a créé avec Marc Dubois la fondation Stichting Architektuurmuseum à Gand, le précurseur de toutes les initiatives actuelles en matière d’art de bâtir dans notre pays. Une plate-forme permettant à d’autres de s’épanouir. « Il a récemment été nommé « père fondateur » de la culture architecturale en Belgique. Et c’est bien justifié. Car le réduire à son seul travail d’architecte ne lui rendrait pas justice », conclut Lisa De Visscher.

1--Imprimerie Sanderus, à Audenarde (1998)
1–Imprimerie Sanderus, à Audenarde (1998)© IMAGES AVEC LA PERMISSION DU VLAAMS ARCHITECTUUR INSTITUUT

Sélection

1–L’imprimerie Salto, à Rekkem (1996), et l’imprimerie Sanderus, à Audenarde (1998)

Lisa De Visscher: « Durant des décennies, les bâtiments industriels n’étaient rien d’autre que des boîtes à chaussures impersonnelles alignées le long d’une route. Ils n’avaient qu’une fonction pratique. Leur qualité en tant que lieu de travail pour les ouvriers n’était guère prise en compte. Avec ces imprimeries, il a entamé une réflexion architecturale nouvelle sur le bâtiment industriel en tant que typologie. Il a alors prouvé que les éléments constitutifs typiques de l’architecture n’étaient pas réservés aux seules maisons individuelles, mais qu’ils pouvaient également être appliqués aux lieux de travail. »

2–Le crématorium Daelhof, à Zemst (2015)

Marc Dubois: « Il a cherché à concevoir dans une zone industrielle un bâtiment offrant une grande intimité. La zone de parking est située sous le bâtiment. Au centre se trouve une vaste salle de rencontre surmontée d’une grande lucarne: sa version du Panthéon de Rome. Il s’agit d’une métaphore, car il n’y a pas de vie sans lumière. »

Lisa De Visscher: « Avec ce crématorium, il a, à mon sens, créé un précédent. Il n’est pas le premier à avoir réussi à donner forme au sacré, mais il a su générer un lieu d’introspection unique. »

3–La place de la gare, à Alost (2003)

Marc Dubois: « Christian a longtemps été conseiller pour le site de la gare d’Alost. Il a également conçu la place de la gare qui se distingue par sa sobriété. Dans le revêtement de sol, des bandes d’acier ont été intégrées formant les lettres AALSTAALSTAALST, et dans lesquelles on peut lire soit Aalst (Alost), soit Staal (acier), en référence au chemin de fer. »

4–La maison Van Hover-De Pus, à Baardegem (1995)

Lisa De Visscher: « Lorsque, dans les années 90, les lotissements se sont multipliés à toute vitesse et que les fermettes ou les maisons clé-sur-porte ont poussé comme des champignons, Christian Kieckens a construit cette habitation, qui a fait l’objet de nombreuses publications et discussions. Par ce projet, il a voulu prouver qu’une autre approche était possible. L’architecte n’est pas seulement un bâtisseur de maisons, estimait-il, mais quelqu’un qui donne forme au cadre de vie. »

En bref – Christian kieckens

Il est né en 1951 à Alost, où ses parents étaient disquaires.

Il remporte en 1981 le prix Godecharle qui lui permet d’aller étudier l’architecture baroque à Rome et à Prague.

Dix ans plus tard, pendant la Biennale d’architecture de Venise, il organise avec Marc Dubois – avec qui il fonde par ailleurs la Stichting Architektuurmuseum – l’expo Architetti della Fiandra. Le coup d’envoi d’un grand intérêt international pour l’architecture flamande et plus largement belge.

Dans les années 90, il crée son propre studio d’où il déploie ses activités en Belgique et aux Pays-Bas.

Il enseigne au Sint-Lucasinstituut à Gand, à l’université d’Anvers, à l’AA à Londres, à la Technische Universiteit à Eindhoven et à l’académie de Maastricht.

En 2014 et 2015, il est rédacteur en chef par intérim de la revue d’architecture A+.

1--Imprimerie Salto, à Rekkem (1996)
1–Imprimerie Salto, à Rekkem (1996)© IMAGES AVEC LA PERMISSION DU VLAAMS ARCHITECTUUR INSTITUUT
2--Crématorium Daelhof, à Zemst (2015)
2–Crématorium Daelhof, à Zemst (2015)© NIELS DONCKERS
3--Place de la gare, à Alost (2003)
3–Place de la gare, à Alost (2003)
3--Place de la gare, à Alost (2003)
3–Place de la gare, à Alost (2003)
4--Maison Van Hover-De Pus, à Baardegem (1995)
4–Maison Van Hover-De Pus, à Baardegem (1995)© IMAGES AVEC LA PERMISSION DU VLAAMS ARCHITECTUUR INSTITUUT

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