Oui, cette saison, Dries Van Noten a bien saupoudré sa collection de doré. Mais un doré unique. Un doré qui brille d’un tout autre éclat que celui des autres stylistes, un peu moins étincelant, un peu moins clinquant. La couleur argentée utilisée par Bruno Pieters, elle, tire sur le gris, ajoutant davantage une touche futuriste qu’un effet paillettes.

Une belgian touch qui rappelle le ciel gris de Bruxelles qu’Olivier Theyskens avait si bien poétisé lors de sa dernière partition pour la maison Rochas (automne-hiver 06-07) ? Une lumière du Nord qui, comme en peinture, transparaît à travers l’utilisation de couleurs minérales qui font de la mode belge un tableau en clair-obscur, à l’instar des défilés d’Haider Ackermann ou de Christian Wijnants. Une rigueur qui conduit Raf Simons pour Jil Sander à travailler la couleur acidulée, mais toujours de manière austère.

Ce minimalisme, cette précision clinique, ce souci d’aller à l’essentiel, propres au tempérament belge, sont au c£ur des collections. Une belgitude, un sens du concept que l’on nous envie à l’étranger, et qui ont même fait école à tel point que certains créateurs internationaux se réclament de la création belge, souvent comparée au style japonais ( lire notre article en pages 66, 68 et 70). Sans le vouloir et feignant même de ne pas le savoir, le Belge est à la mode.

Pour preuve, quand Martin Margiela défile à Paris, il est attendu par les spécialistes comme le messie. D’ailleurs, en bon prophète, cette saison, il a parsemé de grosses étoiles sa collection. Si le  » maître  » réintroduit les bodys, on s’extasie, et s’il accessoirise nos silhouettes de ceintures de sécurité, on crie au génie. Tel Dieu, personne ne connaît son visage, et dans les couloirs de son siège, situé dans une ancienne école du xie arrondissement de Paris, dès qu’on croise un inconnu, on s’interroge : serait-ce Lui ?

Complètement addicts, certains spécialistes vont même jusqu’à affirmer que s’il n’y avait pas les Belges à Paris, il manquerait quelque chose à la semaine des défilés. Les Belges apportent à la mode ce supplément d’âme, peut-être cette part d’ombre, contrepoint essentiel à la lumière aveuglante des catwalks. Fidèles à eux-mêmes, nos compatriotes, qui affichent un désintérêt apparent pour les tendances, sont pourtant ceux qui, commercialement, se portent le mieux et ne se démodent jamais. Donc, allons-y, une fois n’est pas coutume, même si c’est contraire aux us du pays, chantons, en mode, le cocorico belge.

Agnès Trémoulet

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