Cruise combat

Anne-Françoise Moyson Journaliste © EMMANUEL LAURENT

Il y a tant de bonnes raisons de partir en croisière. La première, la plus dikke nek, consisterait à honorer les chiffres qui se pavanent, ceux du marché du luxe, qui se porte bien. Car, d’après le classement Global Powers of Luxury Goods réalisé par Deloitte en mai dernier,  » les 100 plus grandes entreprises mondiales du luxe ont généré un chiffre d’affaires total cumulé de 247 milliards de dollars, soit une croissance des ventes composites de 10,8 % « . Dans le top 10 des leaders, on trouve trois acteurs français, LVMH, Kering et L’Oréal Luxe. Le premier, dirigé par Bernard Arnault, culmine avec des ventes de presque 28 milliards de dollars, en croissance de 17,2 %. Le second, aux mains de François-Henri Pinault, atteint les 12 milliards, mais a le chic pour performer avec une croissance de 27,5 %, grâce aux magasins – pour les marques Gucci, Saint Laurent et Balenciaga -, au développement de l’online, en croissance de plus de 70 %, et aux ventes  » fulgurantes  » dans les marchés émergents.

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Ce qui nous amène à la deuxième bonne raison de partir en croisière. Car nul mieux qu’un défilé Cruise hors les murs n’a le pouvoir de créer du rêve sur mesure couleur locale. Que la maison Chloé parte à l’assaut de Shanghai, République Populaire de Chine, n’étonnera donc personne. En tout cas pas ceux qui se souviennent de l’analyse prospective qui annonce que d’ici 2025, les acheteurs chinois représenteront 45 % du marché mondial du luxe. Natacha Ramsay-Levi, sa directrice artistique, a donc nourri son imaginaire en arpentant la ville  » où se superposent toutes les strates de l’histoire, la Belle époque, l’Art déco et l’époque communiste « . Et si elle a visionné tout le cinéma du cru, de Jia Zhangke, à Hou Hsiao-hsien, en passant par Zhang Yimou et Lou Ye, c’est sans doute pour éviter le piège de l’appropriation culturelle.

Ce qui nous conduit à la troisième bonne raison, qui veut qu’un show Cruise contienne en lui un chapelet de messages subliminaux avec écho viral. Prenez Louis Vuitton et Nicolas Ghesquière installés dans le terminal TWA de l’aéroport JFK à New York, ce chef-d’oeuvre futuriste livré en 1962 par Eero Saarinen, incarnant les utopies d’alors en un progrès salvateur qui donnerait droit au bonheur. Prenez Gucci et Alessandro Michele qui, dans les musées du Capitole, laissent leurs invités assis dans l’obscurité éclairer les mannequins de leur seule lampe torche pour découvrir presque par inadvertance, sur une veste et sous des cheveux longs, cette date, 22.05.1978, celle de la loi italienne 194, qui autorise l’IVG, et qui ne cesse de perdre du terrain face aux ultraconservateurs et à la Divine Providence – chacun son camp.

anne.francoise.moyson@levif.be

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