Daddy Gaga

Anne-Françoise Moyson, journaliste © KAREL DUERINCKX

Il dit  » mon papa  » quand il parle de son père. Et lui, évoquant cette première rencontre à la maternité, enfile comme des perles les mots  » joie « ,  » fierté « ,  » petit bonhomme « . Ils ont ceci de particulier que leur complicité extraordinaire s’exprime en musique, dans une salle de concert de préférence, devant Lady Gaga ou Lana Del Rey. Ni Yoris, 26 ans, ni Patrick, 63 ans, ne sait déterminer d’où ça vient. Chez eux, c’est naturel. Peut-être est-ce né devant ces  » spaghettis bolo  » hebdomadaires qu’ils mangeaient en duo au Concordia, à Saint-Ghislain, entre deux cours à l’académie. Peut-être est-ce devenu plus intense à cause de ces échanges issus d’une même curiosité et d’un plaisir à anticiper le partage –  » Il y a peu, j’ai fait découvrir à mon papa Orville Peck, chanteur incroyable qui fait de la country, parfois aussi triste que les chansons les plus tristes de Dolly Parton.  » Tu as tapé dans le mille, m’a-t-il dit, j’adore « .  » Peut-être est-ce également puissant parce qu’ancré dans l’imaginaire que Yoris a en commun avec sa bande d’amis formée à l’adolescence. Patrick était devenu leur mascotte, car il n’hésitait pas à braver la nuit et le froid, pour aller les chercher à pas d’heure et, l’autoradio volume à fond, les reconduire  » sains et saufs « . Il n’a rien d’un papa gâteau, il a juste fait ce qu’il pensait  » devoir faire « , apprivoisé par son petit d’homme qui a pu s’identifier à lui, et son cercle de potes aussi. Comme il importe, le regard de l’enfant sur son père. Le mien, en un renversement des paradigmes, d’un mouvement souple qui me fascinait et m’enchantait, faisait le poirier puis marchait sur les mains.

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