Écrire l’histoire

© KAREL DUERINCKX

Elle a des bagues à (presque) chaque doigt, une frange qui effleure son horizon lumineux et un curriculum vitae extraordinairement long pour une comédienne et réalisatrice belgo-américaine à peine trentenaire. Bérangère Mc Neese est passée derrière la caméra un peu par impatience et beaucoup par désir de filmer des personnages féminins au plus près, dans toutes leurs facettes tues, indicibles, inmontrables parfois. Avec elle, il est question du sommeil des Amazones, de coeurs purs et de matriochkas, de colère légitime dont se nourrissent ses héroïnes, de nuques délicates, fortes cependant, où l’on voit palpiter la vie même et surtout quand elle devient chienne. Et quand il s’agit de prendre la pose en total look mode belge, pour nous, tout simplement, elle joue le jeu avec une joie enfantine – ce serait l’histoire d’une jeune fille dans une brasserie vide qui attendrait quelqu’un qui ne viendrait pas. Il lui a suffi d’enfiler ce costume-là pour donner à voir la beauté des nuances. Comme en écho à ce que les créateurs de notre plat pays ont façonné pour ce printemps-été fragile qui appelle le soleil et la douceur. Comme en miroir de ce qu’ils ont défriché depuis des décennies, marquant l’histoire et les vêtements de leur empreinte, de Martin Margiela en chef de file à Nicolas Di Felice en directeur artistique nouvellement nommé chez Courrèges. Et puisque ce numéro Mode c’est Belge tombe presque pile-poil en même temps que le 8 mars, officiellement décrété Journée internationale des Femmes en 1921, il n’est pas inutile de rappeler que le combat contre les inégalités systémiques, la déconstruction des stéréotypes, tous les stéréotypes, et l’entreprise de dégenrage doivent aussi passer par la mode et son industrie. Sans opportunisme marketé, de grâce. « Féministe, tant qu’il le faudra. »

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