Garder la banane

Fanny Bouvry, rédactrice en chef adjointe © KAREL DUERINCKX

Dans une autre vie, je pratique la natation synchronisée, et depuis le plus jeune âge, mes entraîneurs me le répètent: « Continue à sourire, surtout en fin de chorégraphie, quand tu es au bout de tes forces. » Cette injonction à garder le rictus Pepsodent qui caractérise les naïades que nous sommes peut, pour les observateurs, paraître folklorique, voire un peu ridicule. Mais elle se révèle en réalité un conseil précieux, au jour le jour, et même en dehors des bassins…

« La joie est souvent la source du sourire. Mais parfois c’est le sourire qui est la source de la joie », a écrit le moine bouddhiste Thich Nhat Hanh. En effet, lorsque le visage se fend d’une banane, quinze muscles se mobilisent et l’impact décontractant et régénérant sur le mental est indéniable, y compris dans les moments difficiles. Le sage vietnamien encourage ceux qui recherchent la sérénité à pratiquer ce qu’il appelle le « demi-sourire », en faisant remonter la commissure des lèvres volontairement, et en tentant de percevoir l’effet positif de détente provoqué au plus profond de soi. Une manière simple de se préserver et de se motiver à positiver, même quand le ciel est gris et les perspectives de joyeusetés réduites à peau de chagrin.

C’est d’ailleurs ce que font aujourd’hui, dans leur domaine, les experts en architecture et design que nous avons interrogés sur la vision de leur métier après la pandémie. « J’en appelle à une esthétique lumineuse, optimiste, colorée et forte, où la circularité et la durabilité seront des valeurs centrales », martèle, dans nos pages, Nora Fehlbaum, CEO de Vitra. Comme elle, on tentera donc d’aspirer à la bonne humeur, de se préparer à un avenir rayonnant, et de garder le sourire, même derrière nos masques…

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