Gloire aux héroïnes

Il lui fallait un alter ego, elle a trouvé le Minotaure,  » animal, hybride et masculin « . Depuis, dans son oeuvre, Hélène Barrier, artiste plasticienne (1972, vit et travaille à Paris), s’incarne avec récurrence dans cette figure parfaitement sexuée, ce n’est pas qu’un pied de nez. Et c’est suffisamment puissant pour qu’elle s’inscrive dans la programmation de NOVA_XX, ainsi en a décidé Stéphanie Pécourt, directrice du centre Wallonie-Bruxelles à Paris, qui a l’art de mettre au grand jour des sujets  » engagés et polysémiques « , elle ne s’en cache pas. La première édition parisienne de cette biennale, créée par elle à Bruxelles, enfonce le clou :  » Le NOVA_XX ambitionne la mise en exergue d’oeuvres d’artistes femmes qui questionnent autant qu’elles attestent, critiquent et incorporent des innovations scientifiques et technologiques.  » Avec Haro sur les héros, le titre de cette version 2019, l’assise est radicale, et vitale, car il s’agit surtout de  » valoriser des artistes femmes dans des champs encore considérés comme des exclusives masculines et constitués majoritairement par des hommes le plus souvent blancs et hétérosexuels « . Dans la rue Saint-Martin, à portée de main du Centre Pompidou, le pied-à-terre belge francophone dans la Ville lumière expose donc des talents au féminin, des artistes bruxelloises, et étrangères – la marginalisation n’a désormais plus cours, qu’on se le dise. Bien entendu, il sera question d’innovation et de disruption, de dépassement des frontières de genres et de corporations pour  » favoriser un monde résolument trans, hybride, connecté et inclusif « . Expositions, performances et rencontres constituent dès lors un programme dense, étalé sur plus d’un mois, du 29 novembre au 5 janvier prochain, où l’on croise notamment les noms d’Hélène Barrier, Naziha Mestaoui, Marie-Eve Levasseur, Myriam Bleau, Anne-Marie Schleiner et Katerina Undo. Avec, en guise de profession de foi, cette saillie de la philosophe, biologiste et cyberféministe Donna Haraway :  » Je préfère être cyborg que déesse.  » Comment ne pas y souscrire ?