Jeux de gemmes

Nébuleux vaillant au repos par Léon de Wailly, 1811. © .AQUARELLE SUR VÉLIN. MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE, PARIS, COLLECTION DES VÉLINS. MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE /

Depuis la nuit des temps, les artistes n’ont jamais rechigné à choisir leurs plus beaux modèles dans ce que leur offrait la nature, là sous leurs yeux ébahis. Surtout au XIXe siècle qui plongea toutes affaires cessantes dans un naturalisme prolifique, fortement épaulé par l’engouement pour les cabinets de curiosités et autres collections de naturalia. Le romantisme, la soif de découvertes, l’appétence pour les voyages et les sciences, le début de la formalisation des grands musées, tout favorisa l’époque à nourrir un penchant pour les oiseaux – la joaillerie ne sera pas en reste. Boostés par les connaissances qui se répandent à la faveur des traités d’ornithologies fabuleusement illustrés, les artisans s’y engouffrèrent, avec leur regard averti, leur sens du détail et leur passion pour le mimétisme. Car le bijou permet l’aventure stylistique, sans rien annihiler de l’allure et de la beauté propre à l’animal. Lequel se prête d’ailleurs à merveille aux jeux de gemmes, aux éclats de couleurs et à la grâce d’un envol sertie de mille feux. Répondant au nom vernaculaire de nébuleux vaillant, lophophore resplendissant, oiseau-mouche, hirondelle, paon ou colibri, il se mue alors en broche et parure, invoquant un certain éden sur terre. Cette  » créature délicate, vive et pure, qui fait le lien entre le ciel et la terre  » a les honneurs d’une exposition mise en scène par l’Ecole des Arts Joailliers à Paris. Y dialoguent des oeuvres patrimoniales prêtées par le Muséum national d’histoire naturelle, le musée des Arts Décoratifs, le Musée national de céramique de Sèvres et celles issues des collections privées et des fonds patrimoniaux de la Maison Van Cleef & Arpels. Dessins, gravures, peinture, porcelaine et broches d’oiseaux griffées Baugrand, Cartier, Mauboussin, Sterlé ou Van Cleef & Arpels se répondent ainsi en une réjouissante émulation. Car ce parcours au Paradis d’oiseaux entend mettre en lumière  » le travail de l’artiste au service de la représentation du corps, du plumage et du mouvement de l’oiseau, entre naturalisme et stylisation, entre fidélité à la nature et audace formelle, entre réalisme et symbole « . Rien de volatile.

Broche Paon, Cartier, 1947.
Broche Paon, Cartier, 1947.© COLLECTION PRIVÉE

Paradis d’oiseaux, Ecole des Arts Joailliers, 31, rue Danielle Casanova, à 75001 Paris. Du 15 mai au 13 juillet prochain. www.lecolevancleefarpels.com

Tête de femme aux oiseaux, par Maurice Marinot 1919.
Tête de femme aux oiseaux, par Maurice Marinot 1919.© ENCRE SUR PAPIER BEIGE MAD, PARIS

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