La collection de Madame

© Paris, archives helena Rubinstein, L'Oréal

Une collection dresse toujours en creux le portrait de celui qui l’édifie – voire de celle qui l’édifie. Prenez Helena Rubinstein (Cracovie, 1872 – New-York, 1965), qui bâtit un empire dédié à la cosmétique, Jean Cocteau l’avait affublée de ce surnom déférent,  » l’impératrice de la beauté « , qui disait la puissance de son caractère et son acuité. Elle ne fut pourtant pas seulement la reine du mascara waterproof : Madame, c’est ainsi qu’on l’appelait, collectionnait. Avec curiosité, audace et avant-gardisme. C’est à elle et à ses précieux reliquaires kota ou fang, à ses pièces exceptionnelles baoulé, bamana ou senoufo et à son intuition très sûre que le musée parisien du quai Branly ouvre les portes, en grand. Il a fallu deux ans d’enquête à la commissaire Hélène Joubert pour assembler le puzzle de cet ensemble de pièces d’arts extra-occidentaux devenues majeures aux yeux de la postérité et dispersées, en 1966, lors de ventes qui marquèrent l’histoire. Voici ici réunies 65 de ses oeuvres provenant d’Afrique et d’Océanie, d’Insulinde et d’Amériques, que Madame avait choisies en pionnière et qu’elle faisait voisiner dans ses appartements de Paris, Londres ou New York avec les toiles et les sculptures de Chagall, Braque, Modigliani, Brancusi, Picasso et Miro. Faut-il rappeler qu’elle fut ainsi l’une des rares à faire bouger les lignes et à féminiser le cercle des amateurs des arts  » lointains  » à l’époque où il ne comptait guère de femmes. Révérence.

La collection de Madame
© Hughes Dubois

Helena Rubinstein, La collection de Madame, musée du quai Branly – Jacques Chirac, à 75007 Paris, www.quaibranly.fr

Du 19 novembre au 28 juin prochain.

La collection de Madame
© sotheby's art digital studio

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