En termes d’image positive, la mode noire-jaune-rouge n’est sûrement pas à plaindre, même si l’on ferait mieux ici de parler de création belge. Rares sont en effet les marques, même établies au point de pouvoir répercuter leur renommée dans leur chiffre d’affaires, à produire à grande échelle dans notre pays.  » C’est une bataille que nous ne pouvons plus gagner, assure-t-on chez Creamoda, l’association professionnelle regroupant tous les acteurs du textile belge. En ce qui concerne les coûts salariaux, la Belgique est devenue l’un des pays les plus chers au monde. Or la motivation première du consommateur, à moins qu’il ne s’agisse d’un idéaliste, reste le prix de vente du produit.  » Plus du tout rentable ici, la mise en oeuvre des grandes séries s’est délocalisée. Seules les collections plus niches ou les prototypes sont encore fabriqués chez nous, chez Celesta notamment, ou dans des ateliers de confection à vocation sociale comme Mulieris, en Région bruxelloise. C’est de là que sort par exemple la ligne Mosaert, lancée par le chanteur Stromae.  » Nos charges ne sont pas les mêmes que celles d’une entreprise « classique » car nous employons et formons des personnes mises à disposition par une dizaine de CPAS, détaille Rachida Lazrak, coordinatrice du projet initié par la commune d’Anderlecht. A l’inverse, nous ne pouvons exiger le même rendement de personnes en insertion professionnelle. Ceux qui travaillent avec nous doivent accepter les contraintes de l’économie sociale.  » Beaucoup de jeunes créateurs réalisent ici, à leurs frais, les premières collections qu’ils se contentent bien souvent de mettre en dépôt dans quelques points de vente. Pour bon nombre d’entre eux, confronter le modèle idéal qu’ils avaient en tête à la dure réalité des prix de revient – et donc de vente – reste un véritable challenge.  » Au niveau européen, nous sommes en train de mettre en place une base de données reprenant une liste de fabricants qui acceptent de produire en petite quantité « , pointe Elke Timmerman. Visant directement la génération Y qui composera, dès 2025, 75 % de la main-d’oeuvre, la nouvelle plate-forme Young Patterns propose des stages dans plusieurs entreprises textiles belges, destinés aux jeunes stylistes : forcés de passer par tous les départements, ils devront se frotter rapidement à la réalité économique de ce que sera leur futur métier. A titre indicatif, on estime aujourd’hui qu’entre le prix de revient brut et celui affiché en boutique, le facteur multiplicatif sera de 4,6…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content