Le  » nerd  » de la guerre

DELPHINE KINDERMANS © EMMANUEL LAURENT

Fin 2018, le bilan financier du géant LVMH affichait un chiffre d’affaires de 46,8 millions d’euros, soit une augmentation de 10 % en douze mois. Et a priori, vu la progression constante observée dans le secteur, la tendance ne devrait pas s’inverser cette année. Le moteur de ces performances insolentes, pour le conglomérat dirigé par Bernard Arnault comme pour ses concurrents ? La maroquinerie. Au-delà de la beauté et des parfums, davantage que le prêt-à-porter dont les défilés lui servent souvent de vitrine, c’est bien elle qui fait largement vivre le luxe. Assez logiquement, les maisons démultiplient donc les stratégies pour attirer une clientèle avide d’accessoires, notamment en jouant sur la frivolité intrinsèque de ceux-ci. On pense aux minaudières façon bouées de sauvetage de la ligne Croisière 19 de Chanel. Ou aux créations pleines d’ironie d’Alessandro Michele, qui ont converti Gucci en navire amiral du groupe Kering. Des partis pris audacieux rappelant les sacs nounours ou Lego proposés par Jean-Charles de Castelbajac dès les seventies. Et, avant lui, Elsa Schiaparelli et son chapeau-chaussure, conçu avec Salvador Dali en 1937 déjà. Sans aller jusque-là dans le surréalisme, le bon vieux bob revisité cet hiver par des griffes aussi chics que Christian Dior, Nina Ricci ou Valentino peut revendiquer une certaine filiation avec ces démarches iconoclastes.

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Outre le rêve et l’imaginaire, un autre ressort infaillible est à la disposition des entreprises. Il s’agit simplement de miser sur la connivence et la proximité avec le consommateur pour, du coup, capter son attention avec l’espoir de le séduire. Les efforts déployés depuis quelques temps par les marques pour coller aux préoccupations écologiques du moment s’inscrivent clairement dans cette philosophie. Mais l’étape suivante consiste à intégrer à leurs collections cette technologie dont plus personne ne sait – ou ne souhaite – se passer aujourd’hui. Ainsi, le Keepall, un des modèles-phares de Louis Vuitton, s’illumine-t-il désormais grâce à ses fibres optiques textiles. La gamme Infini-T de Lacoste, elle, comprend une pochette banane incluant une batterie solaire destinée à recharger un GSM. Et Balenciaga a doté les semelles de ses baskets Track de leds et de diodes électroluminescentes. Autant d’initiatives visant à faciliter nos existences  » par un nombre sans cesse croissant de fonctionnalités, ancrées dans une expérience globale et significative « , nous a expliqué Sandra Rothenberger, professeur de marketing à la Solvay Brussels School. Reste à voir si les fans de mode vont tous devenir des nerds passionnés de high-tech…

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