Le vrai du faux

anne.francoise.moyson@levif.be © KAREL DUERINCKX

A quoi devine-t-on avec certitude que l’on a basculé dans une autre ère? A la résistance patente que certains opposent, sans même le savoir, s’échinant à croire qu’ils font toujours la pluie et le beau temps, d’un claquement de doigts, alors qu’ils ne sont plus que des « boomers » pathétiques se réappropriant quelques mantras au goût du jour.

A quoi voit-on, sans doute aucun, que l’on a changé de monde? A la croyance puissamment ancrée et vindicativement revendiquée que l’on est le/la premier/ère à avoir inventé la poudre et que le passé n’a jamais existé, ou si peu, nul besoin de faire table rase.

A quoi repère-t-on que le cynisme et la vénalité en ont profité pour survivre lâchement aux révolutions? Aux mots d’amour guimauve, déversés et entourés d’émojis, coeur, smiley ; à l’indigence des narrations sans racines, sans ancrages ; à tous les washing en cours, du green au pink ; aux discours inclusifs qui ne le sont plus à force d’être marketés ; aux castings très Spice Girls qui cochent effrontément toutes les cases, taille XXXXL comprise, façon arbre qui cache la forêt.

Sachez-le, je ne balancerai pas de noms, je m’arrête fort heureusement à temps et voilà que je me ressaisis, me rappelant opportunément que la lassitude et les constats désabusés ainsi étalés vous filent toujours des rides, il vaut mieux les fuir à toutes jambes. Certes, cet inventaire désillusionné n’est pas faux, je le sais, mais pas tout à fait vrai non plus car ces travers repérés peuvent être compensés, à la manière de l’empreinte carbone.

Il suffit de s’ébrouer, de regarder ailleurs, autrement, d’écouter toutes ces voix qui disent avec justesse leurs droits, leurs envies, leurs goûts, leurs devoirs, leurs luttes. Et il en est dans le monde de la mode, je les ai rencontrés. Qui avancent, dignes et entêtés, pour changer cette industrie, la rendre plus verte, plus propre, plus respectueuse, plus égalitaire, véritablement inclusive, aux prises avec le réel et les imaginaires, pleine d’intelligence créative.

Ne vous méprenez pas, il ne faut pas faire partie du cénacle pour les croiser, les entendre, parfois les questionner et puis peut-être adopter leurs propositions vestimentaires qui vous colleraient à la peau. A l’heure de la digitalisation, tout contact, dans le strict respect des mesures sanitaires, est possible, voire encouragé – ça crée du lien. Voilà pourquoi les maisons de mode ont à coeur d’expliquer leur cheminement, leurs engagements et leur démarche, selon leur taille et leur poids, par échanges de mails sympathiques, par le truchement de films hollywoodiens, de tables rondes entre amies, de visio-conversations entre quatre yeux.

Aussi n’hésitez pas, si l’envie vous prend, à suivre par écrans interposés la Fashion Week parisienne qui débute le 1er mars par le show digital des étudiants en Master of Arts à l’Institut Français de la Mode, une première, qui souligne à titre exemplatif la vitalité des écoles de mode et l’engouement qu’elles suscitent encore et toujours auprès d’une génération qui ne s’interdira pas de faire bouger les lignes.

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