Cet appartement situé dans le détroit de Sund manquait au départ d’originalité. Lors de sa rénovation, Line et Lasse y ont insufflé leur personnalité pour en faire un logement à la fois chic et chaleureux, moderne et intemporel, où il fait bon vivre en famille.

« Quand on s’est mis en quête d’une nouvelle demeure pour notre famille, on avait en tête trois critères-clés. On voulait un jardin sympa pour les enfants, où Björk irait jouer, tout en restant près de la ville. Il fallait aussi que l’on puisse s’approprier l’endroit, mais que l’espace conserve sa personnalité et les détails de son architecture. Coup de bol, nous avons trouvé la perle rare avec, en bonus, une vue sur l’église de Notre-Sauveur et les feux d’artifices du Tivoli « , explique Line, avec un coup d’oeil sur la flèche en spirale du splendide édifice baroque. Directrice artistique de l’éditeur de design scandinave Vipp, Line Øhlenschlæger et les siens se sont donc installés dans un lumineux appartement captant le soleil du haut de son quatrième étage, sur l’île d’Amager, à seulement deux kilomètres du centre de la capitale danoise. Chez elle, le style classique du vieux Copenhague rencontre un mélange d’objets usuels, créant une ambiance censée inspirer  » convivialité et créativité  » sur 120 m2. Le logement, avec ses quatre chambres, ses moulures en stuc et ses planchers en pin d’origine, est sis dans un immeuble appelé le Hollænderhuset, soit la  » Maison hollandaise « . Un nom qui fait référence à une période de l’histoire locale : au début du XVIe siècle, le roi danois Christian II invita deux cents citoyens néerlandais, leur promettant un toit contre leur travail dans les champs de la famille royale. Zone agricole et ouvrière, l’île est aujourd’hui desservie par le métro et très prisée par les étudiants et les jeunes ménages.

PRO ET PRIVÉ, FINN JUHL ET IKEA

Ayant précédemment vécu à différents endroits de la ville, Line et son mari Lasse n’ont jamais été obsédés par un style.  » Chaque lieu avait sa propre identité, car nos envies et nos besoins ont changé au fil des années. Nous voulions aussi que leur feeling et leur fonctionnalité correspondent aux caractéristiques originales du bâtiment.  » Quand ils dégotent finalement ce dernier appartement, ils le retrouvent en mauvais état.  » Il n’avait pas grand-chose de spécial : les sols étaient abîmés, la cuisine vieillotte et les murs juste blancs « , se rappelle la directrice artistique. Poursuivant son idée de baser l’aménagement sur les éléments existants de l’architecture, le couple ravive alors les planchers, installe une nouvelle cuisine et habille les volumes au moyen d’une palette de couleurs douces.  » On souhaitait rendre hommage aux composants classiques, comme le stuc des plafonds et les larges fenêtres, alors on a placé des lambris, pour donner un petit côté plus ancien. Le recours à des teintes poudrées apporte un contraste dans les chambres et offre une jolie toile à notre sélection de mobilier et d’objets aux lignes claires et graphiques, réalisés en matériaux naturels.  »

C’est ainsi que se côtoient chez eux des rééditions du designer et architecte danois Finn Juhl, des trésors vintage ou encore du mobilier Ikea. Moins préoccupés par les dernières tendances que par l’ambiance de leur foyer, les habitants ont opté pour un mix d’ancien et de nouveau, d’héritages et d’acquisitions.  » J’aime m’entourer de chose auxquelles je tiens ; qu’elles soient liées à mon boulot, à des périodes antérieures de ma vie, à des moments privilégiés à se remémorer ou à une transmission familiale « , dit la maîtresse des lieux. Désignant la composition sur le mur du salon en exemple, elle précise :  » C’est un petit puzzle qui mêle mondes professionnel et privé. La première photo, celle du toboggan, provient d’un recueil d’archives et de visuels Vipp, tandis que la seconde remonte à l’époque où Björk était encore bébé. La plume est une impression naturelle de mon amie et ancienne collègue Pernille Folcarelli et le cadre avec la typo, homemade.  »

UN SOUPCON D’INVENTIVITÉ

Bien que leur 120 m2 s’avère plus vaste que la plupart des flats de Copenhague, le couple a dû faire preuve d’ingéniosité. Comme souvent dans les environs, la cuisine n’est pas grande, ce qui leur demanda un soupçon d’inventivité. Et alors que l’option la plus convenue aurait été d’installer des meubles blancs, Line et Lasse ont joué la carte du contraste en misant sur un modèle Vipp en acier poudré noir.  » Ce choix était assez évident, reconnaît Line, surtout que j’avais pu en apprécier l’utilisation sur mon lieu de travail. Ce meuble est pratique, robuste, facile d’entretien et surtout modulaire, ce qui nous a permis de l’adapter à nos dimensions.  » Un pan de mur entier est recouvert de peinture à tableau noir, ce qui laisse pas mal d’espace pour les notes et dessins qui apportent un peu de vie.

Curieusement adjacente à la cuisine – enfin, pas tant que ça puisqu’elle hébergeait autrefois la domestique -, la chambre de Björk se révèle plutôt exiguë.  » Bien qu’elle dispose de suffisamment de largeur pour une chambre d’enfant, nous préférions éviter l’effet  » tunnel  » et donner à notre fille un terrain de jeu – au moyen de papier peint, d’étagères murales où placer ses jouets et tout un tas de petits détails colorés.  » Malgré ses dimensions spacieuses, la chambre parentale, elle, ne disposait pas de placards. Le couple a donc décidé de la séparer en deux et d’aménager ainsi un coin dressing pour toute la famille.

Derrière une lampe que Lasse a fabriquée pour elle, Line a placé une image brutaliste qu’elle affectionne particulièrement.  » L’auteur de ce cliché s’appelle Anders Hviid, il a été le photographe attitré de Vipp pendant plus d’une décennie. Ce tirage fait partie d’une série limitée sur un silo à gaz aux limites de la ville, et je pense que c’est une expression architecturale des plus intéressantes. A première vue, vous ne savez pas trop ce que vous regardez, ce que j’aime beaucoup. Le site a été démoli à peine quelques semaines après le shooting.  »

Quoique modeste, la salle de bains répond à tous les besoins du ménage. Aucune rénovation majeure n’y a été entreprise, mais le remplacement de l’évier, du miroir et du robinet, additionnés d’une touche de déco, lui ont conféré ce qu’il fallait de personnalité pour intégrer l’ensemble sans détoner.

Ultime transformation à signaler, les plafonds du hall ont été rehaussés jusqu’à leur hauteur d’origine et tous les rangements dissimulés, afin d’alléger l’entrée des lieux. Elégance scandinave oblige, l’activité professionnelle de la propriétaire se reflète clairement dans la sobriété environnante, et comme dans ses projets créatifs, les petites choses s’affinent progressivement, évoluant à coups d’essais et erreurs. Sans trop de surprise, la propriétaire a fini par maîtriser l’exercice de fort belle manière, inspirée par son parcours et par la chance assez paradoxale de pouvoir  » ramener du boulot à la maison « . Une grande partie de son job consiste en effet  » à imaginer comment les produits peuvent être présentés dans une scénographie domestique « . Alors elle rapporte régulièrement des pièces chez elle.  » Pour m’amuser à faire des essais, résume-t-elle. Parfois, elles finissent par rester ici.  »

PAR MATHIEU NGUYEN / PHOTOS : BRIGITTA WOLFGANG

 » J’AIME M’ENTOURER DES CHOSES AUXQUELLES JE TIENS.  »

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