Elle a pour elle d’être fascinée par les coïncidences banales, surtout si elles se trouvent dans un ailleurs qu’elle affectionne. De son oeil de photographe, Eva Donckers (1991) les regarde, en réalité, elle voit ce que beaucoup d’autres ne voient pas. Puis à la lumière naturelle de préférence, elle fait jouer les mécanismes, s’entrechoquer les êtres humains et les objets, quittant subrepticement son poste d’observation pour ajouter en majesté ce lien qui l’unit à ceux qu’elle fait ainsi poser. Pour le coup, elle a paré la véranda et son modèle d’un top en satin fluo signé Natan. C’était sa mission, celle que lui avait confiée Edouard Vermeulen. Car le couturier des reines, basé à Bruxelles, file un coup de pouce à des talents émergents, en les invitant à exposer leur travail dans sa boutique de la rue de Namur. Ce Natan Collective, troisième édition, entend donc » mettre de la vie partout où on peut, faire découvrir des jeunes et les soutenir. Je leur ai proposé un shoot avec une pièce du printemps-été, un top oversize, volontairement reconnaissable qui serve littéralement de fil rouge, ils avaient totale liberté. » Eva Donckers, Lennert Madou, Victor Pattyn, Elien Jansen, Tiny Geeroms, Damon De Backer et Yaqine Hamzaoui se sont donc acquittés de la tâche en prenant visiblement leur pied, sans s’interdire de désacraliser cette maison de couture qui plonge ses racines dans la Belgique de 1930. On y sent les influences propres à la génération des pas trentenaires, une décontraction des corps et des injonctions, les ressacs du streetstyle, une tentative de documenter une époque, de la critiquer et le désir impétueux d’en être partie prenante. Edouard Vermeulen n’en attendait pas moins – il leur avait donné carte blanche, il ne se serait dédit pour rien au monde.
Natan Collective, à la boutique Natan, 78, rue de Namur, à 1000 Bruxelles. Du 27 février au 27 mars prochain.