Dès son percement au xixe siècle, la rue de la Paix a pour vocation, par décret, de devenir l'une des plus belles artères de Paris. © getty images

La rue de la Paix

Ce n’est pas seulement la case la plus chère du traditionnel Monopoly né en 1935, c’est aussi le fief des joailliers, avec la place Vendôme attenante. Contrairement à l’avenue Montaigne, elle a, dès le début, l’ambition d’être la plus belle avenue de Paris. C’est en tout cas ce que précise le décret pour son percement en 1806. Baptisée rue Napoléon à l’origine, elle est très vite renommée, en 1814, pour célébrer la paix nouvelle négociée entre Louis xviii et les coalisés qui occupaient Paris, après l’exil de Bonaparte. Pour la petite histoire, la voie est percée sur l’emplacement de l’ancien couvent des Capucines, où ont été inhumés des personnalités comme la marquise de Pompadour. Et même si certains ossements ont été transférés dans les catacombes de Paris, d’autres gisent encore sous terre. Dès le départ, l’exception de l’endroit est cultivée, et c’est encore le cas en 1829 lorsque l’artère devient la première éclairée au gaz. Dès lors, point de surprise d’y voir s’installer l’orfèvre Louis Aucoc en 1821 – c’est lui qui forma René Lalique -, le joaillier Gustave Baugrand en 1826, le pâtissier des cours royales d’Europe Marie-Antoine (dit Antonin) Carême, le couturier Charles Frederick Worth au n°7, en 1858 – c’est le père de la haute couture – ou encore la maison Paquin au n°3 de 1891 à 1956. Aujourd’hui, griffes anciennes et plus récentes s’y côtoient – comme Repetto depuis 1959 par exemple – mais c’est indéniablement Cartier, installé au n°13 depuis 1899, qui en a fait son repaire.

L’avenue Montaigne

En 1672, on parle d’un chemin mal famé qui mène aux cabanes des jardiniers du marais des gourdes. Deux cents ans plus tard, l’urbanisation aidant, ce sentier descendant en pente douce vers les Champs-Elysées se mue en avenue Montaigne – en 1850 exactement – et les hôtels particuliers et beaux immeubles poussent sur ses 615 mètres de longueur. Ce qui en fait un point d’attrait ? Un snobisme heureux. En 1855, le Palais des beaux-arts est construit sur l’avenue par l’architecte Hector-Martin Lefuel pour l’Expo universelle de Paris. Mais les tableaux de Gustave Courbet y sont refusés et, furieux, le peintre fait ériger à ses frais un bâtiment provisoire au n°7 pour exposer une quarantaine de ses oeuvres. Il n’en faut pas plus pour que la polémique attire son petit monde et transforme l’axe en nouveau quartier chic. Son histoire n’a d’ailleurs de cesse d’être liée à l’essor culturel de Paris. En 1913, le Plaza Athénée y est créé pour loger les spectateurs du Théâtre des Champs-Elysées, venus du monde entier. Et c’est ce même Plaza qui incite Christian Dior à prendre ses quartiers au n°30, en 1946, dans l’idée d’attirer la riche clientèle américaine. On raconte même qu’il passe un marché avec le palace : ses mannequins y mangent gratuitement et, en échange, il crée des modèles au nom du Plaza Athénée. Autant dire que le développement de la marque va booster l’essor de l’avenue et les lier ad vitam.

C’est à sa suite qu’arrivent d’autres noms fastueux au point que l’artère se dessine comme l’un des côtés du triangle d’or parisien, avec les avenues des Champs-Elysées et George v. Le prestigieux rendez-vous des fashionistas aligne désormais Prada, Ferragamo, Fendi, Jil Sander, Saint Laurent, Chanel, Versace, Valentino, Gucci ou encore Nina Ricci, compte LVMH parmi ses plus gros propriétaires – le siège de l’entreprise y est installé – et figure chaque année au classement des rues les plus chères du globe. Un Comité Montaigne a été créé en 1971 pour cultiver cette image prestigieuse. Il est jumelé depuis 2014 avec l’avenue Louise, à Bruxelles, qui organise ses Vendanges Louise sur le modèle de l’événement parisien, lancé en 1989.

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