Dans ses grands rêves de recyclage, l’homme n’avait pas encore pensé à son propre corps. L’oubli sera bientôt réparé avec les premières obsèques végétales à base d’engrais humain 100 % bio !

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

 » Petit, tu vois le pommier, là-bas, sur la colline ? Eh bien, c’est ton grand-père. Et le poirier juste à côté, c’est ta grand-mère. Alors, fais-moi une promesse : quand je mourrai, tu planteras un cerisier avec mon corps. Pas très loin d’eux. Ce n’est pas mal, un cerisier… Et tu viendras te promener ici, de temps en temps, avec tes enfants.  » Surréaliste, ce dialogue imaginaire pourrait bien ne plus l’être dans quelques années, voire dans quelques décennies. Car lorsque le dernier tabou de la mort sera tombé et que les mentalités auront évolué, nous aurons probablement tous droit à des funérailles écologiques, garanties anti-pollution. Ce qui n’est toujours pas le cas aujourd’hui. Que l’on choisisse l’enterrement classique ou la crémation, il y a toujours, en effet, un risque pour l’environnement : un corps qui se décompose peut menacer û en théorie û la qualité d’une eau souterraine, tandis qu’une dépouille qui part en fumée ajoute du dioxyde dans l’air (voire même du mercure quand les dents sont garnies de plombages). C’est précisément ce constat pas très reluisant pour la nature qui a poussé une scientifique suédoise à repenser totalement le concept des obsèques traditionnelles. Biologiste de formation, Suzanne Wiigh-Mäzak a remis tout à plat et s’est appliquée à trouver la formule idéale pour nos pauvres dépouilles. Sa solution ? Sans entrer dans les détails techniques, l’idée consiste à déshydrater le corps avec du nitrogène pour le transformer ensuite en une espèce de poudre organique. Dans ce schéma inédit, un cadavre de corpulence moyenne livre plus ou moins 25 kilos d’une substance indéfinissable qui se révèle être, contre toute attente, un engrais formidable pour les arbres et les plantes ! Loin d’être une illuminée, Suzanne Wiigh-Mäzak a déjà testé son procédé sur des mammifères et s’apprête à organiser les premières funérailles  » vertes  » au monde, dès qu’un candidat à ces obsèques bio aura rendu son dernier souffle. Le gouvernement suédois lui a déjà donné son feu vert et un pasteur protestant est d’ailleurs dans les starting-blocks. Il faut dire que la scientifique a mené son travail avec le plus grand sérieux et que ses arguments sont franchement pertinents (on les retrouve sur son site Internet www.promessa.se). Geste déplacé ? Pas vraiment. Car la surpopulation pose, à terme, un réel problème environnemental. Alors, après avoir décidé de recycler le verre, le papier, le plastique et d’autres matières parfois dangereuses, il n’y a rien de choquant à ce que l’homme prenne enfin son propre destin en main et s’intéresse au futur de sa propre dépouille. Et puis, au-delà de l’aspect purement technique, il y a une véritable dimension poétique dans cette nouvelle façon d’aborder la mort. Un engrais qui fait pousser une plante en guise de repos éternel, c’est plutôt positif, non ? Plus fort : à l’avenir, on ne devra même plus hésiter entre un cercueil en sapin ou en chêne, on pourra carrément choisir de fertiliser l’un de ces deux arbres pour seul destin post-mortem ! Toujours pas convaincu ? Réfléchissez une minute : un verger comme cimetière, c’est tout de même plus joli qu’un alignement de tombes. Et surtout, cela plombe nettement moins le moral !  » Finalement, j’hésite : un cerisier, c’est sympa, mais un oranger, ce n’est pas mal non plus. Bon d’accord, il faut beaucoup plus de soleil. Eh bien, dans ce cas, vous me planterez en Espagne ! Cela me fera des vacances. Et à vous aussi d’ailleurs, ma chère descendance…  »

Frédéric Brébant

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content