Retour vers le futur

© KAREL DUERINCKX

Quinze ans déjà qu’avec leurs divers partenaires (dont la Biennale Interieur de Courtrai), Le Vif Weekend et Knack Weekend décernent le prix du Designer de l’année: cela méritait bien une petite rétrospective, ne fût-ce que pour saluer le talent des créateurs belges – ou présents sur notre territoire depuis suffisamment longtemps pour être assimilés comme tels. Et parce qu’on s’en voudrait d’être coincés dans le passé, si glorieux soit-il, nous avons également décidé de mettre un coup de projecteur sur la nouvelle garde du design noir-jaune-rouge, avec une série consacrée aux noms à retenir pour les années à venir. Pile au milieu des deux, notre lauréat 2020, Sep Verboom. Pas de chance pour lui, les festivités relatives à son sacre se résumeront malheureusement au minimum, suite au report de la Biennale Interieur courtraisienne.

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Plus largement, c’est tout le secteur qui, comme tant d’autres, a vécu des mois compliqués. Et nombreux sont ceux qui craignent de voir ressurgir des dommages collatéraux semblables à ceux de la crise de 2008: une grande frilosité des entreprises encore debout, le gel de l’innovation, le refus de toute prise de risque et une obsession décuplée pour la rentabilité. Plutôt prévisible dans une industrie où le développement de projets demande énormément de temps et d’argent, ces effets attendus, à défaut d’être désirés, tomberont comme une très mauvaise nouvelle pour les jeunes designers d’ici comme d’ailleurs, à qui les éditeurs préféreront souvent des aînés plus bankable ou plus chevronnés.

Alors, que faire? Eh bien, comme tout le monde: se réinventer. Ça tombe bien, la planète design tout entière ne tourne plus toujours très rond, et l’on se dit qu’elle aurait bien intérêt à se trouver une nouvelle orbite. Pour un certain nombre de raisons, il est devenu compliqué d’envisager ce métier comme il y a encore cinq ou dix ans. Qu’il s’agisse des enjeux environnementaux, liés à l’impact de la surconsommation et de la surproduction industrielle, d’un calendrier annuel braqué sur le Salone de Milan, qui rythme les échéances et dicte les dates de sortie, ou encore du principe de rémunération par royalties, et des difficultés qu’il entraîne pour les créateurs qui tentent d’en vivre, les ratés manifestes du système actuel ne manquent pas.

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des personnalités dont on peut s’inspirer pour se sortir de l’ornière, et Sep Verboom en fait indéniablement partie. Acteur d’une autre mondialisation, partisan de l’échange et de la collaboration plutôt que de l’appropriation, apôtre de la récup’ et défenseur de la cohésion sociale, il appartient à une génération qu’un contexte défavorable a parfois malmenée, mais désormais consciente du besoin de revoir en profondeur tant l’organisation du travail que sa finalité. « Certains trouveront que mes idées ont un côté très hippie, mais quand on ne croit pas au changement, on se condamne à piétiner », déclare-t-il, amusé, feignant d’ignorer que ses concepts, valeurs et préoccupations, loin d’être l’apanage des babas cool d’antan, sont d’une absolue modernité.

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