Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Jamie Oliver débarque à la BBC… et le (bon) tour est joué. Avec sa gouaille, il renouvelle l’image du chef. Sans toque mais avec coeur, il devient le héros d’un feuilleton gourmand qui inspirera bien d’autres émissions culinaires gentiment déjantées, en Europe et aux Etats-Unis.

L’arrivée de Jamie Oliver a été un choc pour tous ceux qui croyaient ferme que la Grande-Bretagne en était encore à l’ère des chairs bouillies à la menthe et du fish & chips trop gras. Né en 1976, ce jeune surdoué d’origine modeste est le premier à avoir transformé la cuisine en une scène rock et glamour… chérie par la télévision. Simple chef à la base, Jamie Oliver a acquis le statut de superstar. Ses armes ? Une belle petite gueule d’ange, une crinière blonde ébouriffée, un cheveu sur la langue, une vraie gouaille et une incroyable aptitude à décontracter la gastronomie. Avec lui, elle se découvre à la portée de toutes et de tous. En peu de temps, The Naked Chef – un surnom qui lui vient du fait qu’il travaille sans toque – est devenu une véritable poule aux oeufs d’or médiatique. C’est au River Café de Londres, où il officie en tant que second, qu’une équipe de la BBC repère cet incorrigible bavard qui charme tout le monde en donnant du  » darling  » aux quatre coins de l’assistance. Un déclic se produit dans la tête du producteur présent sur place : l’heure est venue de faire des émissions de cuisine en phase avec l’époque. Ni une, ni deux, le genre est repensé de fond en comble pour servir la personnalité de ce trublion de la gastronomie qui semble à l’aise dans toutes les situations. Exit les habituels plans fixes sur un marmiton officiant derrière ses casseroles, Jamie Oliver devient le héros d’une sorte de feuilleton gourmand. Un programme devenu culte, qu’on ne manque sous aucun prétexte et dont chaque chapitre est l’occasion d’une improvisation : un petit plat entre amis, un dessert pour une tante, un dîner en tête-à-tête. La mise en scène est très visuelle. Dans les rues de Londres, on suit Jamie sur son scooter à la recherche d’ingrédients pour composer dans l’urgence un menu selon l’humeur du jour. Les prises de vues caméra à l’épaule, un montage très rythmé, une musique bien tapée, tout concourt à en faire un programme vitaminé qui fait succomber le coeur des adolescents mais également celui des vieilles Anglaises. Assortissant le succès de ses émissions à une incroyable diffusion éditoriale, Jamie Oliver ne s’arrête pas en si bon chemin : il crée un  » restaurant d’insertion « , le Fifteen, avec une brigade de jeunes en difficulté. Une belle aventure qui sera elle aussi filmée en mode télé-réalité. Ce nouveau ton télévisuel va allumer le feu. Aux Etats-Unis et en Europe, les producteurs comprennent que l’on peut désormais faire de l’audimat avec la cuisine. Les émissions se multiplient, parfois même en copiant le style Jamie Olivier à la lettre – ainsi de Cyril Lignac en France qui doit énormément à l’auteur de Rock’n’roll cuisine. Dans cette brèche ouverte vont s’engouffrer une foule de programmes : Un dîner presque parfait, Fourchette et sac à dos, Top Chef, Masterchef, Les Escapades de Petitrenaud, M.I.A.M. Mon invitation à manger, Côté Cuisine, Comme chez moi, Comme un chef… plus ou moins alléchants.

MICHEL VERLINDEN

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