Quarante mètres carrés pour un incroyable remue-ménage. À Bordeaux, sur le site étonnant d’un ancien chai, un minuscule duplex enfoui dans les feuillages pratique le indoor-outdoor. tout en témoignant d’une sacrée audace dans sa verticalité architecturale et dans le choix de son mobilier design.

A Bordeaux, dans le quartier historique des Chartrons, là où se succédaient autrefois entrepôts portuaires et propriétés de négociants en vins, se cache un étonnant domaine. Tapi derrière un épais mur en pierre, un chai du xixe siècle et trois anciens hangars reconvertis en habitations sont ingénieusement reliés par des terrasses et des coursives métalliques à l’étage tandis qu’un réservoir en Inox, amarré en hauteur, fait office de piscine suspendue. Un extravagant duplex émerge, lui, d’un bosquet de troènes : un module de quatre mètres de hauteur, quarante mètres carrés au total avec une porte vitrée et de nombreuses percées pour faire entrer généreusement la lumière.

Les propriétaires – l’architecte Patrick Hernandez, réputé pour son esprit expérimental, et la décoratrice et antiquaire Florence Lopez, spécialiste des pièces rares ou uniques du xxe siècle – ne sont jamais en manque d’idées. Fondue à la fois dans la verticalité des arbres et l’entrelacs des branchages, la structure de cette mini-maison trouve son équilibre dans l’articulation modulaire des pleins et des vides, dont on a volontairement cassé tout effet de précision. Les doubles vitrages sont simplement vissés de l’extérieur sur le boisà du pin Douglas, tellement chargé en résine qu’il s’autoprotège naturellement en vieillissant.

Le jeu de la couleur

 » Dans cette enclave protégée des regards, il était possible de s’approprier le concept d’une maison sommaire, pas tout à fait finie, ouverte aux possibles, toujours perfectible « , explique l’architecte. L’intérieur, conçu sur deux niveaux, séduit par la pureté brute des poutrelles métalliques de la mezzanine, la musicalité des couleurs franches qui soulignent aussi les jeux de la façade telle une £uvre de Piet Mondrian ou de Paul Klee. Le mobilier est insolite lui aussi. Dans le séjour, on pointe : un fauteuil jaune signé Gerrit Rietveld, une petite table en bois laqué d’Alvar Aalto, un canapé en bois chevillé main dessiné par Patrick Hernandez, des projecteurs Arsac en tôle créés par Florence Lopez, une loupe surdimensionnée du xixe siècle et des céramiques de Georges Jouve, Roger Capron et Pol Chambost. Au mur : une peinture de Miró des années 50, hommage à José Luis Sert. Situé à l’arrière, la cuisine graphique, blanche et noire, avec quelques rappels de tons vifs, accueille une table en bois clair astucieusement prolongée par une banquette tournée vers le séjour.

Relié au rez-de-chaussée par un escalier fiché dans le mur comme une sculpture minimaliste, le niveau supérieur réunit des pièces aussi étonnantes que fonctionnelles. De la banquette-lit en porte-à-faux, qui sert aussi de garde-fou, il suffit de tendre le bras pour atteindre la bibliothèque fixée en suspension sur le mur d’en face. Il y a aussi deux fauteuils, perles singulières du Bauhaus, derrière lesquels court à même le sol un radiateur cylindrique en fer galvanisé. Sur l’étagère : un origami de métal attribué à César.

La chambre-boîte bicolore est séparée de la salle de bains noire par un épais rideau de lin. Eclairée par une lampe Architecte en pin et fonte éditée par Florence Lopez, elle est agrémentée d’une vue du port de Bordeaux des années 50. Au-dessus de la mezzanine, côtoyant le toit en cuivre d’une autre habitation, une passerelle plantée d’arbustes offre un jardin privé à l’étage. En dessous, un patio envahi de nature où, entre le vieux banc public qui a gardé tels quels ses pieds en fonte vert-de-gris et un jeu de croquet xixe siècle, on prend le pouls d’un autre tempsà avant de retraverser la cour pavée de bois de cet incroyable site réhabilité par Patrick Hernandez.

Carnet d’adresses en page 120.

Par Luxproductions.com

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