Sur son minuscule territoire, le Costa Rica décline l’étonnante mosaïque de ses paysages. Richesse de la faune, exubérance de la flore, la nature se découvre, sauvage et épanouie, sur les chemins ou dans les nombreux parcs nationaux.

Le Costa Rica pourrait être le centre du monde, car il est une langue de terre entre deux océans, une sorte de pont entre deux continents. Mais, surtout, ce petit Etat d’à peine 51 000 kilomètres carrés est un éden renfermant une nature souveraine. Baptisé  » la Suisse de l’Amérique centrale  » pour la stabilité de son climat politique, le pays de la pura vida, la vie pure, est un véritable sanctuaire naturel, un musée vivant abritant plus de 5% de toutes les espèces végétales et animales de la planète.

Volcans aux cratères fumants, plages paradisiaques de sable blanc ou noir, forêts alpines et tropicales : inutile de parcourir de longues distances pour découvrir l’incroyable mosaïque de paysages qui aurait pu constituer le décor naturel de Jurassic Park. Les Costaricains ont d’ailleurs bien compris qu’il fallait protéger et promouvoir cet or vert. L’écotourisme est ainsi élevé, depuis une dizaine d’années, au rang de priorité nationale et le Costa Rica sauvegarde, grâce à une multitude de parcs nationaux et de réserves privées, plus du quart de son territoire. Ces espaces sont, en grande partie, ouverts au public, qui peut y pratiquer la randonnée sous toutes ses formes.

Après avoir quitté San José, la capitale, sans autre intérêt culturel que son musée de l’Or, on se rend dans le parc national de Tortuguero, à l’est. On ne visite ce paradis zoologique, prétendent les riverains, que par amour de la nature et pour y cultiver l’humilité qu’impose un tel spectacle. Jour et nuit, à Tortuguero, il se passe quelque chose, dans les cathédrales de verdure, animées par les singes, et à fleur d’eau des nombreux canaux, où les martins-pêcheurs à collier, les hérons gardes-boeufs et les spatules roses composent un ballet multicolore. Bordé par une plage, un des derniers lieux de reproduction des tortues vertes, qui étaient en voie de disparition, le parc offre son plus beau spectacle la nuit. Obligatoirement accompagné d’un guide, on peut assister à la ponte de ces reptiles mesurant plus de 1,20 mètre et qui pèsent souvent plus de 1 quintal. Unique est ce moment où, après une migration de plusieurs milliers de kilomètres, ils reviennent sur le lieu même de leur naissance pour déposer une centaine d’oeufs gros comme des balles de golf. Ce sont des instants à conserver en mémoire, car la prise de photos est rigoureusement interdite : le moindre flash perturberait la ponte.

Habité à plus de 93% par une population blanche, le Costa Rica compte également 3% de Noirs (il y a aussi une communauté d’origine asiatique), concentrés, pour la plupart, au sud, près de la frontière panaméenne, sur la côte Atlantique, entre Puerto Limon et Puerto Viejo. Majoritairement d’origine jamaïquaine et antillaise ces Ticos (surnom des habitants du Costa Rica) sont venus vers 1825, non comme esclaves, mais en tant que travailleurs volontaires pour participer à la récolte du cacao, des bananes ou encore à la construction du chemin de fer. Leur présence donne un goût de paradis des Caraïbes à la région, tant dans la gastronomie, grâce aux spécialités locales à base de lait de coco, que dans la musique, puisque salsa et cumbia côtoient un reggae qui n’a rien à envier à celui des grands frères de la Jamaïque. C’est aussi dans cette région, aux alentours de Puerto Viejo, que l’on trouve des plages de rêve bordées de cocotiers où se perpétue le mythe de Robinson Crusoé.

Mais l’aventure, au Costa Rica, se vit surtout à l’intérieur des terres, au sein, par exemple, du parc national de Braulio Carrillo, dans le centre du pays. On y visite la forêt humide dont l’intérêt se situe à plusieurs dizaines de mètres du sol, sur la canopée, où l’on admire la formidable capacité d’adaptation de la nature. A bord d’un téléphérique, accompagné d’un guide naturaliste, on découvre qu’un seul arbre constitue une terre d’accueil pour une multitude d’espèces végétales en quête de lumière salvatrice. On apprend aussi avec étonnement que 60% de la vie d’une forêt humide s’épanouit à 40 mètres de hauteur.

Dans d’autres parcs nationaux, comme à Monteverde ou à Rincon de la Vieja, plus au nord, de nombreux canopy tours et autres sky treks permettent également d’associer exploration des cimes et sensations fortes. La découverte pédagogique de la biodiversité costaricaine s’associe le plus souvent au ludisme, puisque le visiteur se déplace accroché à un câble placé parfois à plus de 300 mètres de hauteur ou arpente de longs ponts suspendus au milieu de la forêt. Avec, dans cette luxuriance, la sensation de se rapprocher de l’essence même de la planète, de faire un bond en arrière de plusieurs millions d’années. D’ailleurs, comme au temps des dinosaures, le volcan Poas émet des fumerolles tandis que l’Arsenal crache sa lave : difficile de rester indifférent devant cette vision originelle d’une planète qui a su conserver, ici, une partie de son histoire et de sa faune.

Menacés par des décennies de déforestation sauvage, les félins du Costa Rica refont progressivement surface et ont même, dans le parc national de Monteverde, leurs protecteurs. Immigrés voilà quarante ans, les Hagnauer, septuagénaires suisses, vouent en effet un amour sans bornes à une dizaine de jaguars, d’ocelots et de cougouars, qu’ils ont sauvés d’une mort certaine et qui coulent des jours heureux dans un minizoo, dont l’accès est gratuit, lieu d’étude privilégié pour des étudiants en biologie.

La plupart des Costaricains nourrissent une passion pour l’environnement. Ils forment un véritable vivier de spécialistes de la biodiversité. Non content de conserver son patrimoine, le pays a fait depuis une vingtaine d’années le pari d’en vivre. Outre les nombreuses écoles de guides naturalistes, le Costa Rica a lancé une opération de rencensement systématique de ses espèces végétales et animales, notamment grâce à l’Institut national de la biodiversité. C’est cette volonté de tirer profit de la protection de l’environnement qui fait aujourd’hui de ce pays un paradis pour les admirateurs de la nature, un résumé de la planète, un concentré de sites, de lumières, de parfums et de saveurs jalousement préservés. Comme s’il s’agissait d’un sanctuaire. Ou d’un jardin du monde.

Jean-Claude Gérez. Reportage photographique: B. Pueyo.

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