À Paris, la haute couture de Giambattista Valli, Iris Van Herpen et Dior

L’Italien Giambattista Valli a fêté ses dix ans de haute couture. Quelques heures après le défilé futuriste de la Néerlandaise Iris Van Herpen pour les 15 ans de sa maison. Tandis que Dior célébrait le retour à la vie avec des robes haute couture présentées dans une mise en scène imaginée par une artiste ukrainienne évoquant des paysages de son pays.

Giambattista Valli

Devant Anna Wintour, la papesse des rédactrices de mode, le chanteur Robbie Williams, l’humoriste Gad Elmaleh et l’homme d’affaires François-Henri Pinault, Giambattista Valli, 56 ans, a fait sensation lundi soir en présentant des robes brodées de perles, de cristaux et de plumes d’autruche pour des looks résolument glamour.

Une robe de bal en faille de soie chocolat, une mini-robe en dentelle ornée de pétales d’organza ou un ensemble composé d’un manteau brodé de sequins dorés sur un pantalon assorti ont été présentés devant un mur de 3.000 ballons argentés, d’où émergeaient d’autres baudruches colorées en forme de flamants roses ou de poissons aux traits enfantins.

Enfant chéri du showbiz dont les créations sont portées par Rihanna, Penelope Cruz et Natalie Portman, Valli a été adoubé par la Fédération française de la haute couture en 2011, cinq après ses débuts parisiens sous son propre nom.

Diplômé de la Saint Martin School of Arts de Londres, il a commencé sa carrière chez Roberto Capucci, avant de rejoindre Fendi comme designer.

Iris Van Herpen

Egalement prisée des stars sur les tapis rouges, la Néerlandaise Iris van Herpen est connue pour ses créations futuristes, à partir d’impression 3D.
Pour les 15 ans de sa maison, cette passionnée de science s’est inspirée des Metamorphoses d’Ovide pour créer 16 silhouettes spectaculaires. A l’heure du métavers, sa collection baptisée Meta Morphism, en référence aux nombreuses identités que l’on peut avoir dans le monde virtuel.

Son univers à elle mêle passé et présent, mythologies et visions futuristes, parures organiques et ultra-technologiques comme cette robe arachnéenne composé d’un bustier sur lequel sont fixés des fils blancs flottant et épousant le corps en mouvement.

Le mythe de Narcisse est revisité avec un long kimono blanc, sur lequel sont brodés des visages ou une majestueuse robe noire près du corps sur lesquels apparaissent les contours de visages de profil.

Juchées sur des chaussures à talons compensées, portant des bijoux sur le visage ou le haut du crâne semblables à des tiares, les mannequins ont défilé à l’Elysée Montmatre, une salle de spectacle, telles des déesses de leur propre mythologie, autour d’une robe plantée au milieu du podium.

Iris van Herpen, qui a débuté chez Alexander McQueen à Londres avant de présenter sa première collection en 2007, a commencé à défiler dans le calendrier de la haute couture à Paris en 2011.

Dior

Couleurs naturelles, matières mates, broderies sophistiquées et patchwork de dentelles: Maria Grazia Chiuri, directrice artistique des collections femme de Dior, a mis en avant la sobriété et le raffinement, célébrant le geste artisanal dans cette collection qu’elle veut « anti-bling bling ».

Une longue robe grège faussement simple plissée avec des smocks (fronces rebrodées sur l’endroit du tissu) dont la confection a demandé deux mois de travail est la quintessence de cette collection: « plus il y a de travail, plus c’est invisible ».

L’état d’esprit qui a guidé cette collection « est complexe: le Covid, ce n’est pas encore fini, il y a une guerre en Europe. Je suis sensible par rapport à tout ce qui nous arrive », déclare à l’AFP la créatrice italienne.  « C’est essentiel de rester positifs. A travers la difficulté, on renaît », souligne-t-elle, en rappelant que Christian Dior avait monté sa maison en 1947 après la Seconde Guerre mondiale.

Elle a invité pour créer le décor du défilé au musée Rodin Olesia Trofymenko, artiste ukrainienne de 39 ans, dont elle a vu des oeuvres à une exposition à Rome, après le début de l’invasion russe en Ukraine.

« J’ai été frappée par ses images à travers lesquelles on perçoit malgré la guerre le désir de renaître », souligne-t-elle.

Maria Grazia Chiuri voulait quelque chose de « vital », se souvient Olesia Trofymenko, interrogée par l’AFP avant le défilé sur fond d’un de panneaux géants colorés brodés, fait à partir d’une photo de la cour de la maison où elle s’est abritée pendant la guerre.

« Ma première réaction c’était « mais savent-ils ce qui se passe? » Mais au final, c’est correct de montrer la beauté de la culture ukrainienne face aux images des horreurs » de la guerre, estime-t-elle.

Pour l’artiste, « c’est irréel » de voir ses oeuvres décorer l’un des défilés les plus importants de la semaine de la haute couture. « C’est quand je rentrerai à Kiev que je comprendrai l’ampleur de l’évènement ».

L’arbre de vie, l’un de ses motifs préférés et symbole de célébration de vie et du renouveau dans plusieurs cultures dont celte et indienne, anime toute la collection, reproduit sur des robes et des manteaux.

Les quatre murs du pavillon où s’est déroulé le défilé sont recouverts d’une alternance de motifs brodés et de photomontages.

Les photos de différents endroits en Ukraine prises par Olesia Trofymenko sont rebrodés de couronnes de fleurs par l’atelier Chanakya à Bombay, une quatrième collaboration avec Dior de cette école indienne qui forme des brodeuses dans un pays où cet artisanat est traditionnellement réservé aux hommes.

Sur les vêtements, la broderie, qui incarne pour Maria Grazia Chiuri, le geste créatif et la transmission est omniprésente, avec des fils de coton, de soie, de corde ou avec du raphia.

La chemise brodée ukrainienne n’est pas directement citée, mais évoquée indirectement dans des motifs de chemises et constructions de silhouettes dont certaines rappellent ces vêtements folkloriques.  

Les robes arborent des patchworks de galons de dentelle, jusqu’à 22 types incrustés les uns dans les autres.  Les robes en mousseline de soie, longues et légères, épousent le corps dans un jeu de smocks.

La silhouette New look de Dior en sablier est revisitée avec de nouvelles techniques de couture comme des plis renversés dans du tweed pour créer du volume sur les hanches ou des fronces sur une jupe d’organza. La veste bar est ornée d’un tissu smocké verticalement.

Ces pièces haute couture nécessitent des heures de travail à la main, quasi-invisibles pour un oeil non expert.

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