Fashion week Paris, le 9e et dernier jour avec Louis Vuitton et Hermès

Traditionnellement, le dernier jour de la fashion week parisienne est dévolu aux grandes maisons qui ont le luxe en commun. Louis Vuitton invite ses hôtes dans un lieu tout neuf, pas encore ouvert au public – le privilège des invités du malletier, dans cette Fondation maison architecturée par Franck Gehry, qui s’élève derrière le jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne, avenue du Mahatma Gandhi. Une nappe d’eau dévale les escaliers sous les voilures de ce bâtiment qui rappellent les machines volantes que Léonardo da Vinci se plaisait à inventer.

Les dames en Louis Vuitton automne-hiver 2014, bottées et en robe de cuir, suivent prudemment le même chemin avant de pénétrer dans une forêt de piliers tendus de jaune et de miroirs, installation signée Oliafur Oliasson, pour aboutir dans l’espace rhabillé pour le show : une boîte noire, tendue elle aussi de tissu miroir, avec rais de lumières qui quadrillent l’espace. Des visages de jeunes femmes, réelles celles-ci contrairement à l’avatar de Kenzo, apparaissent sur les murs écrans. Une voix robotique invite à « un voyage dans l’univers » et précise qu’il ne sera pas nécessaire de bouger, on est bien assis, Simon and Garfunkel se mettent à chanter Hello darkness my old friend, déboule la première silhouette pensée par Nicolas Ghesquière pour ce printemps-été Louis Vuitton, la deuxième saison de sa carrière.

On reconnaît d’emblée la fascination du créateur pour les recherches de matières, impressionnantes. Ses réminiscences années 70 collent aux corps : des pantalons légèrement évasé en velours, avec zip, des blouses fluides au col montant, un romantisme un peu bourgeois mais détourné, qui fait penser à l’univers de Chabrol. Ses effets de manche discrets se juchent dans le jeans allure couture, un tailleur pantalon affûté, les volants, les basques, les sequins qui imitent le pelage des fauves, les boots dorés et bleues, la féminité faussement androgyne de ces filles qui osent parader sans make-up ou alors en surdose de mascara et de khôl jusqu’à se faire un regard à la Twiggy, voire Orange mécanique. Et les sacs ? Il y en a, rassurez-vous. Mais le propos ne semble plus être là. Louis Vuitton, avec l’aura, le travail et le talent d’un Nicolas Ghesquière, est désormais entré dans la catégorie maison de mode.

Dans le Jardin du Luxembourg, l’Orangerie Férou est délicatement ensablée, quelle jolie couleur, ce safran qui pare le sol et les voiles tendus au bout du catwalk, même le soleil couchant s’est mis au diapason. C’est que Christophe Lemaire présente sa dernière saison pour Hermès, avant de poursuivre sa route, sous son nom et de céder la place à Nadège Vanhee-Cybulski, c’est pour demain… A cet instant précis, pourtant, il ne s’agit de rien d’autre que de montrer un printemps-été abouti, qui fait la part belle au savoir-faire maison, à sa tradition de sellier et aux penchants du créateur pour le vêtement simplement posé sur les épaules, ceinturé souvent et qui ne lésine pas sur le métrage des tissus.

Son classicisme prend sa source dans les kimonos et les caftans, il ne s’interdit pas pour autant quelques détours du côté du trench poids plume, de la chemise volumineuse dans le dos, de la jupe plissée asymétrique, du cuir ajouré, du poncho ou de la jupe portefeuille. Comme des éclairs d’élégance, les accessoires ponctuent ces silhouettes sereines – bagues sur trois doigts, bracelets à grosses mailles, sacs portés à pleine main, avec ou sans print, spartiates plates ou compensées racées. Chez Hermès, on sait que Dieu est dans les détails. Et cela se goûte durant ce genre de défilé, conçu par Villa Eugénie, et donc Etienne Russo, loin de tout barnum, pour quelques invités seulement, dans la douceur de cet étonnant été indien parisien.

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