Le bikini fête ses 70 ans… et fait toujours l’effet d’une bombe

En juillet 1946, un Français fait scandale avec un maillot de bain jugé impudique: 70 ans plus tard, une exposition à Lyon (centre-est) retrace l’histoire du bikini au travers de pièces mythiques, du premier en lamé or à celui d’Ursula Andress dans « James Bond ».

« En bikini, elle fait l’effet d’une bombe », proclamait la première publicité pour « le plus petit maillot de bain du monde ». Et la bombe était atomique: son créateur Louis Réard s’était inspiré pour le baptiser du nom d’un atoll des îles Marshall, théâtre des essais nucléaires américains.

Chamignon atomique à large de l'atoll de Bikini
Chamignon atomique à large de l’atoll de Bikini© DR / Département de la Défense des USA

Si le maillot deux pièces existe depuis longtemps déjà, c’est la culotte taille haute, montant sur le ventre qui est encore préférée par les dames dans l’immédiat après-guerre. Mais là, scandale, le bikini dévoile le nombril.

Le bikini fête ses 70 ans... et fait toujours l'effet d'une bombe
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C’est une danseuse de charme du Casino de Paris, Micheline Bernardini, qui portera le premier bikini de l’histoire, le 5 juillet 1946, pour l’élection de la plus jolie baigneuse, à la piscine Molitor, haut lieu du Tout-Paris des années 30. « On lit souvent qu’aucun mannequin n’avait osé le porter. C’est faux », expliquent à l’AFP Ghislaine Rayer et Patrice Gaulupeau, qui ont puisé pour l’exposition dans leur collection privée, riche de 5.000 pièces de lingerie et bain. « Réard faisait toujours appel à des vedettes ou des starlettes pour ses défilés ».

Le créateur français n’hésitait pas non plus à travestir la vérité, avec des étiquettes bidons « made in USA » ou « Reard of California »…. « Il avait tout compris du marketing et de la pub ! », s’exclame le scénographe, Thierry Virvaire.

Il faudra attendre les années 50 pour que le sulfureux bikini, interdit sur certaines plages notamment en Espagne, Italie ou Belgique, soit adopté par des stars de cinéma.

Brigitte Bardot, sur la plage de St Tropez
Brigitte Bardot, sur la plage de St Tropez© BELGAIMAGE

L’actrice française Brigitte Bardot déclenche ainsi l’hystérie lors du festival de cinéma à Cannes (sud) en 1953, en posant en bikini blanc à fleurs sur la plage. Le public pourra admirer de sublimes photos de « BB », Marilyn Monroe ou Ava Gardner en maillot de bain sexy.

« C’est BB ou Marilyn qui ont fait du bikini une pièce emblématique », relève Ghislaine Rayer qui dévoile aussi de rares « costumes de bain » de 1880 ou de somptueux maillots New Look, dans cette exposition gratuite ouverte jusqu’au 24 juillet à Lyon, avant New York en septembre, Miami en décembre et l’ouverture d’un musée du bikini en Allemagne en 2017.

‘Itsy bitsy ‘

On découvre également à Lyon un bikini Réard en lamé or et une copie du mythique deux-pièces porté par la sculpturale Ursula Andress en 1962 dans « James Bond contre Dr No ». « Le vrai maillot du film a été vendu chez Christies 55.000 euros. Il avait d’ailleurs été fait à la va-vite par un petit tailleur indien », confie la collectionneuse.

Unrsula Andres, Jamles Bond girl et icône bikini
Unrsula Andres, Jamles Bond girl et icône bikini© DR

Un maillot noir et blanc très graphique, oeuvre d’Oleg Cassini, le couturier de Jackie Kennedy, attire l’oeil. Sont aussi exposés plusieurs maillots vintage, prêtés par les deux collectionneurs pour le film « OSS 117 ».

En 1960, le bikini devient même le héros d’un tube mondial, « Itsy bitsy petit bikini », titre américain au succès mondial repris notamment en français par Dalida et Richard Anthony, qui raconte l’histoire d’une jeune fille n’osant pas s’afficher en bikini sur la plage.

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Mais c’est 1968, année de manifestations de la jeunesse et d’ouvriers contre une société jugée trop conservatrice, qui marque sa véritable démocratisation en France. Adopté par les jeunes, « il symbolise la rupture avec la génération précédente », relève Mme Rayer.

Puis la plupart des femmes plébisciteront le deux-pièces pour bronzer le plus possible. Aujourd’hui, le deux-pièces ne fait plus scandale et près de quinze millions de pièces sont vendues chaque année en France, premier marché d’Europe.

L’exposition est organisée par le salon Mode City qui se tient à Lyon, en collaboration avec les deux collectionneurs qui racontent aussi dans « Rétrospective du bikini », livre illustré d’archives inédites, les dessous de son histoire.

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