Nos favoris de l’été: le pull marin, icône des plages bretonnes
Tricoté à l’origine par les femmes de matelots, le pull marin a vu sa popularité boostée par l’essor des congés payés. Ce souvenir de vacances bretonnes qui gratte au col a acquis le statut de basique stylé. Grâce aux personnalités, de James Dean à Gainsbourg en passant par Daho, qui l’ont enfilé.
Il n’y aurait pas de trop de la laine d’un mouton entier pour faire un pull marin. Soit une toison brute d’environ trois kilos, ramenée à un, une fois lavée, nettoyée et filée. Une masse brute qui vous tient chaud au coeur et qui vous réconforte une fois passé autour du cou ce fameux « col bateau » – agrémenté ou non de boutons – qui facilite l’enfilage. Même par des mains mouillées et engourdies de froid.
La vie de ce lainage qui squatte aujourd’hui tous les vestaires stylés démarre dans le paquetage des matelots bretons. Tricoté en maille serrée par les femmes de marins dans une laine brute non teintée ce qui lui donnait alors sa couleur écrue, il habille d’abord les « Terre-Neuvas », ces hommes qui chaque année partaient pour plusieurs mois pêcher la morue sur les grands bancs de Terre-Neuve, au large du Canada.
Entre deux saisons de pêche dans l’Atlantique Nord, les mêmes traversaient la Manche pour aller vendre de l’ail au Sud de l’Angleterre. Une fois la terre en vue, les pêcheurs signalaient leur présence en criant « marchands d’ail ». Par déformation linguistique, il en resta « chandail » pour qualifier le vêtement de travail qu’ils portaient.
Au 19ème siècle, l’avènement des filatures construites à proximité des élevages de « prés salés » automatise la production. La Marine Nationale française s’intéresse elle aussi à ce tricot résistant et chaud. Selon le grade de celui qui le porte, les couleurs et les styles diffèrent. D’uni, il devient rayé pour permettre de repérer plus aisément le marin tombé à l’eau.
Popularisé par les congés payés
Viennent ensuite les congés payés de 1936 qui amènent les travailleurs urbains et leur famille au bord des plages. Comme Coco Chanel quelques années plutôt, ils adoptent à leur tour le « style marin » que n’ont cessé de populariser depuis des marques comme Yves Saint Laurent, Jean Paul Gaultier bien sûr, Celine ou Balmain.
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Dans les années 60 déjà, avant de devenir le symbole de chic et de sophistication qu’il est aujourd’hui, le chandail se démocratise. En Bretagne et en Normandie, les marques historiques comme Saint James, Le Minor ou Armor Lux diversifient leur offre à toute la famille. Le pull marin omniprésent dans les boutiques de bord de mer devient alors le parfait souvenir de vacances.
James Dean, Serge Gainsbourg, Audrey Hepburn ou Jean Paul Belmondo l’enfilent à leur tour, renforçant ainsi son statut d’icône.
En 1964, le monde entier découvre Eric Tabarly. Ce jeune officier de marine, premier Français à gagner une transatlantique en solitaire, élégant jusqu’au bout des manches après 27 jours de navigation contribue à faire de son pull de laine ajusté un basique indétrônable du vestiaire masculin.
Toutes les strates de la mode s’en emparent
Jamais démodé, le pull marin est devenu en moins d’un siècle une pièce incontournable de tout dressing digne de ce nom. Toutes les marques en proposent, des géants de la fast fashion aux griffes qui défilent sur les catwalks. Il n’est pas rare que le cachemire remplace le mérinos. Et les prix s’envollent.
Les coupes changent aussi et de nouvelles couleurs viennent compléter l’assortiment bleu blanc rouge classsique. Ainsi, lorsque Avnier, la marque d’Orelsan s’associe à Saint James en 2019, la tirette remplace les boutons et l’orange donne le ton.
Le rappeur normand n’est d’ailleurs pas le seul à avoir associé son image à celle de l’entreprise dirigée depuis 2013 par Luc Lesénécal qui n’a de cesse de multiplier les collaborations avec des maisons françaises ou des artistes réputés pour leur sens du style.
Le pull après la marinière
Non content d’avoir popularisé comme personne la marinière sur la pochette de son album La notte, la notte, Etienne Daho vient aussi de remanier tous les fondamentaux de la maison à son image.
Du pull marin qu’il arbore lui-même il disait d’ailleurs dans une interview que « l’on a toujours envie d’en racheter un. Parce qu’il évoque cette sensation de chaud, de confort. Et puis, finalement, neuf, on trouve qu’il serre trop le cou, qu’il est trop long, qu’il pique… Résultat, on remet l’ancien qu’on a depuis vingt ans dans son armoire. Voilà ce que j’ai essayé de créer : des modèles déjà familiers, doux, qu’on porte tout le temps parce qu’ils nous vont parfaitement. » La parfaite définition d’un basique, assurément.
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