Le masque donne-t-il mauvaise haleine?

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Le masque nous offre souvent un tête-à-tête avec notre haleine. Une proximité pas toujours heureuse puisqu’il arrive que l’on fronce les narines devant les effluves qui s’en dégagent. Est-ce que le masque exacerbe notre mauvaise haleine ? Ou ne sert-il que de révélateur d’une haleine pas très fraiche? Le point.

Est-ce que mauvaise haleine et masque sont liés ? Le fait est que de nombreux dentistes constatent une hausse des plaintes de mauvaise haleine auprès de leur patient. Pourtant le masque n’est pas directement responsable de la mauvaise haleine, puisque, rappelons-le, celle-ci est causée par des problèmes dentaires, des problèmes gastriques ou tout simplement une mauvaise hygiène buccale. Mais, indirectement, le port du masque pourrait tout de même avoir une incidence.

« Mask mouth » : bouche masquée, bouche faisandée ?

Le masque pourrait ainsi surcontaminer ceux qui souffrent d’inflammations de la bouche. Notamment en asséchant celle-ci. En effet, l’être humain produit entre 0,5l et 1,5l de salive par jour et chaque millilitre de ce liquide est indispensable à l’hygiène buccale et dentaire.

Avec un masque, on boit moins et on aurait tendance à plus respirer par la bouche. Deux choses qui font que l’on a une bouche plus sèche. Or la salive a un pouvoir autonettoyant et antifongique. Avec moins de salive, la bouche parvient plus difficilement à évacuer les bactéries, elles-mêmes responsables de la mauvaise haleine et des caries.

Pas d’intoxication au CO2

La théorie selon laquelle le port d’un masque pendant une longue période contribuerait à augmenter la concentration de CO2 et à réduire la concentration d’oxygène dans le sang est cependant invalidée par l’OMS. Les masques buccaux sont désagréables et certaines personnes ressentent une sensation proche de la claustrophobie, mais ils ne sont pas assez serrés au visage pour provoquer une accumulation de CO2 dans le sang.

On sent plus vite son haleine

Un autre aspect est que tout simplement on y est davantage confronté. En effet, on respire directement l’air que l’on vient d’expirer. Sous notre masque, l’air que l’on expire par notre bouche reste plus longtemps en contact avec nos narines. Il passe donc directement de la bouche au nez, en faisant éclater au passage les petits composés sulfurés volatils (CSV) responsables des odeurs. Et nous voilà, bien malgré nous, forcés à une proximité de mauvais aloi avec notre odeur buccale. Ou pour le dire autrement, on sent donc beaucoup plus vite sa mauvaise haleine. Une proximité encore plus pénible chez ceux qui fument ou boivent beaucoup de café. Enfin, il est judicieux de ne pas porter un masque trop serré et hermétique, comme le FFP2, si on ne veut pas trop sentir son haleine.

Un masque retient les odeurs

Un autre problème est la propreté du masque. Celui-ci a tendance à retenir les odeurs comme le ferait un vêtement avec la transpiration. En plus de l’odeur, il peut aussi être un nid à bactéries. Les quelques études disponibles montrent que l’utilisation prolongée et abusive des masques en coton, en particulier, est désastreuse. Nous les mettons dans nos poches, en touchant constamment nos mains, nous les portons trop longtemps et nous les lavons trop peu et pas assez soigneusement. Et c’est ainsi qu’ils deviennent des lieux de reproduction pour les bactéries.

Le masque donne-t-il mauvaise haleine?
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C’est également ce que montrent les recherches récentes du laboratoire de microbiologie appliquée et de biotechnologie de l’Université d’Anvers (UAntwerpen). L’équipe de recherche de la professeure Sarah Lebeer a découvert que les masques en tissu contiennent 10 à 20 fois plus de bactéries que les masques chirurgicaux après les avoir portés pendant quatre heures, en raison de la teneur en humidité plus élevée du matériau utilisé dans les masques en tissu.

« L’humidité et les restes de nourriture dans la salive stimulent la propagation des microorganismes, ce qui permet aux bactéries et aux champignons de se multiplier sur le masque », explique Lebeer. La règle générale est donc la suivante : plus vous le portez longtemps, plus vous devez être prudent. » Car il n’est pas impossible que les microorganismes présents sur les masques vous rendent malades. Par exemple, à travers des staphylocoques responsables de sinusites aiguës et d’infections cutanées comme l’acné. Les staphylocoques sont en effet généralement supprimés dans le nez et la bouche par toutes les autres bactéries ou par votre système immunitaire. Ce n’est pas le cas sur un masque buccal. »

On n’oubliera donc pas de laver son masque à 60° après chaque utilisation.

Un problème largement répandu

Huit personnes sur dix souffriraient en effet d’halitose (mauvaise haleine). Et dans l’immense majorité des cas – soit plus de 95% des cas – ce problème trouve son origine dans la cavité buccale. Ce sont les bactéries présentes dans la plaque dentaire qui produisent ces composés.

Pour y remédier, il n’y a que deux seuls conseils qui vaillent:

  • Le premier est de se laver avec soin deux fois par jour les dents et d’utiliser du fil dentaire
  • Le second est de boire beaucoup d’eau durant la journée. Cela permet de garder la bouche propre en éliminant les particules alimentaires.

Vous pouvez aussi mâcher de temps en temps un chewing-gum, mais sans excès. Ces derniers sont souvent fabriqués à base polymère du pétrole, aussi utilisé dans les pneus.

Enfin, dernier conseil : même si vous vivotez dans une odeur d’égouts, on évitera surtout de ne pas porter de masque.

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