Pourquoi avoir un coach perso est devenu un luxe que (presque) tout le monde s’offre

© Jonathan Bex
Mare Hotterbeekx Journaliste Knack Weekend

Le coaching sportif a la cote. De plus en plus de sportifs amateurs font appel aux service de l’un ou l’autre coach perso qui se concentre sur leurs besoins et souhaits spécifiques. Comment expliquer ce succès croissant et comment choisir son mentor? Décryptage.

«Encore cinq fois! Allez, encore quatre, vous y êtes presque. Et encore quatre…» Alors que l’on s’apprête à enchaîner quatre squats supplémentaires, on en vient à soupçonner notre coach d’être dyscalculique. Une suspicion qui semble se confirmer un peu plus tard, car notre comptage de «russian twists» est quelque peu différent du sien. «J’ai vu que vous aviez encore un peu de marge», ponctue-t-elle d’un clin d’œil, alors que nous nous effondrons sur notre tapis. Nous tentons d’esquisser un sourire, mais nous sentons bien que les muscles du visage auront du mal à se détendre pendant un certain temps.

L’été dernier, lors de la prise de résolution de faire plus de sport, le recours à un coach perso s’est imposé, car nous ne savions pas comment nous y prendre. Et puis, dans le cas où nous voudrions annuler un cours, il faudrait rendre des comptes à quelqu’un. «Le sens de la responsabilité est une des raisons principales pour lesquelles les gens font appel à un coach sportif», précise en souriant Babette Somers, personal trainer agréée de la Physical Coaching Academy.

Il y a deux ans, son frère jumeau et elle ont fondé Pep-Up Gym à Anvers, où sont proposés des cours en groupe et des séances d’entraînement personnel. «Si vous allez à la salle de fitness sans accompagnement, il est plus facile de reporter une session, dit-elle. Mais si vous avez rendez-vous avec un entraîneur, ce n’est pas possible. De très nombreux clients avouent qu’ils ne feraient pas de sport s’ils n’avaient pas ce petit coup de pied au derrière. Et pourtant, la plupart des gens sont très contents au moment de l’effort.»

Sport sur prescription

Ces dernières années, le nombre de coachs personnels est en hausse constante. D’après les dernières statistiques de l’Observatoire européen sur le sport et l’emploi, entre 2011 et 2019, le nombre de personnes actives dans le domaine sportif a enregistré une croissance de 30% en Belgique, passant de 18 932 à 21 034… Et il ne s’agirait là que de la partie visible de l’iceberg, puisque la quantité de spécialisations qu’implique la profession fait qu’il est difficile de quantifier ceux qui l’exercent de manière précise. Reste que la filière a le vent en poupe: sur Google, une recherche des mots «coach sportif Belgique» livre pas moins de 3,5 millions de résultats.

Depuis la pandémie de Covid-19 en particulier, les professionnels constatent que la demande s’est largement intensifiée, ajoute Babette Somers.

« Sur le plan mental, c’était une période difficile. Il ressort des entretiens préliminaires que je mène avec mes nouveaux clients que le coaching est souvent une manière de sortir, voire de faire quelque chose rien que pour soi, par exemple après une rupture amoureuse. De plus, depuis la crise sanitaire, nous avons compris que la santé s’entretient ».

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Le secteur médical enfonce aussi le clou en encourageant la pratique régulière d’un sport. «Aujourd’hui, les médecins, mais surtout les kinésithérapeutes, ont tendance à recommander de se tourner vers un coach personnel, affirme Romain Casciani, personal trainer au club sportif L’Usine à Saint-Gilles. Après une blessure ou à la suite d’une prescription médicale, l’aide extérieure permet de se mouvoir correctement et résout souvent la moitié du problème. Cela peut vraiment soulager la douleur, voire inciter à changer de mode de vie.»

Coach perso ou psy?

Se mettre au fitness sans accompagnement n’est par ailleurs pas aussi simple qu’il y paraît. «Il peut s’avérer intimidant, tant pour les hommes que pour les femmes, de s’aventurer pour la première fois dans cette jungle, où tout le monde a l’air de savoir ce qu’il fait, explique Babette Somers. Mais à côté de ça, beaucoup de gens ont aussi besoin de ce moment exclusif au cours duquel ils reçoivent toute l’attention nécessaire. Nous menons des vies très remplies qui nous laissent peu de temps pour nous-mêmes. Avoir un coach personnel revient à aller chez le psychologue: on paie cette personne pour qu’elle nous consacre une heure. Après quelques sessions, je connais la vie de mes clients, leurs sources d’énergie et leurs difficultés.» Il s’agit dès lors de trouver un coach qui nous convient.

«C’est comme chez le psy: il faut que le courant passe. Si on n’accroche pas, on n’y retournera pas. Et puis, chaque entraîneur a sa propre méthode. Certains se focalisent sur la force, d’autres sur l’entraînement fonctionnel. L’approche doit plaire, elle aussi. Il m’est déjà arrivé de renvoyer des clients vers quelqu’un d’autre parce qu’ils souhaitaient un type d’entraînement qui ne me correspondait pas».

Babette Somers

«On cherche toujours ce qui est indiqué pour la personne, sur la base du feed-back d’un kinésithérapeute ou de ses souhaits personnels, ajoute Romain Casciani. De plus, avant de commencer des exercices de renforcement musculaire, nous nous basons sur la mobilité, la stabilité et le développement des facultés cardiovasculaires. La santé passe avant tout le reste.»

Éviter les blessures

Autre point qui a toute son importance: vérifier si votre coach dispose d’un bagage suffisant. Seuls 44% des entraîneurs seraient en effet qualifiés en la matière. «J’hallucine qu’on ne m’ait jamais demandé lors d’un entretien préliminaire quelle est ma formation, confie Babette Somers. Et pourtant, on fait face à un engagement de taille. Beaucoup de coachs n’ont pas la formation adéquate et, bien qu’on puisse déjà aller loin sur la base de l’expérience, il est important de se former de manière appropriée. On peut souffrir beaucoup, voire se blesser en faisant des exercices en mauvaise position. Un coach aide à bouger correctement. A la salle de fitness, je vois des tas de gens qui ne sont pas suivis comme il se doit et qui ne tirent pas le profit maximal de leur session.»

Avec des tarifs qui tournent souvent autour de 60 à 100 euros par séance, il est parfois difficile de franchir le pas de faire appel à un personal trainer. «Et pourtant, le jeu en vaut la chandelle, argumente Romain Casciani. On investit dans son corps. C’est exactement comme avec le tennis: on commence par suivre quelques leçons pour apprendre les bases avant de poursuivre de manière autonome. Pour certains, c’est suffisant pour se lancer seuls par la suite, alors que d’autres apprécient d’être accompagnés lors de chaque session. Après tout, l’objectif est le même: prendre soin de soi tout en éprouvant du plaisir, en toute sécurité.»

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